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Ne perdant pas de vue cet objectif, les Ittihadies et Ittihadis devaient d’abord se parler, échanger, reconnaître leurs divergences somme toutes naturelles, voire polémiquer, pour sortir, comme l’a si bien dit le Premier secrétaire Abdelouahed Radi, en début de colloque, de cet «état d’exception» et entrer de plain-pied dans celui de la «normalité». En bon sociologue, Abdelouahed Radi a d’abord tenté de dissiper les craintes et remonter le moral des troupes. Il a mis les militantes et militants dans une ambiance de confiance en les assurant de l’absence de lignes rouges dans le débat, à condition que ce même débat se déroule dans un climat de confiance réciproque et de quiétude indispensable à cet exercice de fertilisation des idées. «Ce sur quoi nous allons nous mettre d’accord devrait engager tout le monde, nous devrons respecter nos décisions car il y irait du respect de nous-mêmes», a-t-il dit, en introduction à un débat qui allait se révéler un exercice de démocratie réel et peut-être inédit, du moins de ce côté de la pratique partisane internationale.
Changement de cap. Passé ce moment, le Premier secrétaire passe la parole à la Commission préparatoire du Colloque national sur l’organisation, à l’origine de l’excellent projet de Plateforme de débat qui sera soumis à l’appréciation de l’ensemble des militantes et militants du parti. «Ce projet de plateforme s’articule, d’une part, autour de l’organisation interne du parti et, de l’autre, s’intéresse à la réorganisation des relations du parti avec la société», a expliqué Jalil Tolaimate, rapporteur de la Commission préparatoire du Colloque et du Conseil national de l’USFP.
S’agissant d’organisation interne du parti, un constat majeur a été relevé : la non-clarté des attributions des différentes instances du parti. « Ces instances étaient créées sans que des fonctions précises leur soient attribuées, ce qui explique cette interférence dans les prérogatives, au point qu’on ne sait plus qui dans le parti décide de la ministrabilité ou des candidatures à des postes de responsabilité, que ce soit au sein du parti ou dans les institutions de l’Etat», a certifié à «Libé » le rapporteur du Conseil national, Jalil Tolaimate. Le même constat est relevé concernant les postes vacants du parti. «Cela fait deux ans que le poste de responsable du secteur féminin est vacant», fait remarquer M. Tolaimate, qui pointe «une absence de procédure clarifiant la manière avec laquelle ce poste vacant pourrait être comblé».
«Le règlement de ce genre de questions passerait sans doute par la mise en place d’une procédure avec des clauses claires adoptées de commun accord par les militantes et les militants», exhorte un intervenant, estimant que seule cette procédure serait capable d’instituer cette égalité des chances entre tous les Ittihadis et favoriser une concurrence sur la base du mérité, de la compétence et de la contribution que tout un chacun pourrait apporter au parti et au pays plus généralement.
Par ailleurs, la redynamisation des sections du parti a été mise en exergue. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de mettre à la disposition de ces sections les moyens nécessaires à leur fonctionnement, partant de la question d’amélioration des structures d’accueil. «Les sections permettent au parti de garder contact avec la population dans les différentes régions du Royaume, il est donc vital pour le parti d’aider ces sections à accomplir leur travail de proximité avec les citoyens. C’est le seul moyen pour le parti de rester en prise avec le peuple», fait valoir un militant de la région Souss-Massa-Draâ, estimant que l’obligation de résultat dépend en grande partie de l’obligation des moyens.
Pour ce qui concerne la question du mode de scrutin, un vif débat a été soulevé. Faut-il adopter le scrutin de liste ou celui uninominal? Les avis étaient partagés. Mais la tendance générale est au scrutin de liste puisque, en dehors des personnes, ce système mettrait en compétition des idées et des programmes dont le parti a grand besoin aujourd’hui. « La proposition phare de ce colloque a été le choix du scrutin de liste qui permettra de gérer nos différences tout en renforçant notre unité », pense Ali Elyazghi, secrétaire général de la Jeunesse Ittihadie.
En ce qui concerne la problématique de la gestion des différences au sein du parti, les participants ont été nombreux à souligner que la question de création de courants est encore prématurée. « Les conditions d’institutionnalisation des courants ne sont pas encore réunies, elle reste tributaire du mûrissement des conditions politiques et organisationnelles à l’intérieur du parti », confirme le rapporteur du Conseil national, Jalil Tolaimate. Une chose, cela étant, est sûre : les avis sont contraires quoique disproportionnés. D’aucuns militants étaient allés jusqu’à dire que « les courants n’existent pas au sein de l’USFP» et «qu’il existe seulement des divergences de points de vue» sur la manière de conduire le parti. D’autres estiment que la question des courants ne devrait pas faire l’effet d’un épouvantail, citant en référence d’autres partis socialistes qui ont adopté, sans problème aucun, l’existence de courants, à la faveur du débat d’idées, cité comme un facteur de progrès et de développement.
Autre point fondamental à avoir été souligné, celui de la nécessité de redynamiser le travail des secteurs du parti : Chabiba, secteur féminin, culture, enseignement, action syndicale, etc. Un redéploiement de l’USFP au niveau de ces secteurs clés est souhaité, au gré de ce projet d’élargissement de la base populaire de l’USFP. Sur ce point précis, un appel a été lancé pour l’ouverture de l’USFP sur de nouvelles catégories socio-professionnelles, en l’occurrence les jeunes entrepreneurs, les acteurs des professions libérales … Une ouverture de l’USFP à gauche a également été soulignée, l’USFP étant le parti satellite autour duquel gravitent plusieurs partis se revendiquant des idéaux de gauche.
Voilà en gros les axes principaux du débat organisé par l’USFP en fin de semaine dernière, et sur lesquels un accord de principe a été obtenu, au gré de ce que les Usfpéistes ont appelé, à juste titre, «un nouveau départ» pour leur parti.