Chirurgie esthétique : La confusion des genres conduit au drame

Le Congrès annuel de l'Association marocaine de dermatologie chirurgicale, médecine esthétique, cosmétologie et médecine anti-âge «Dermastic» s'est déroulé dernièrement  à Marrakech. Près de 200 participants ont fait ainsi le déplacement dans la ville ocre pour participer à ces échanges internationaux articulés cette année autour de la médecine anti-âge et plus précisément des techniques de prévention et de guérison du vieillissement cutané, notamment au niveau du visage.
 A cet égard, bon nombre de spécialistes nationaux et internationaux (principalement européens) ont dispensé leur savoir-faire en matière de soins antirides et anti-âges au cours d'ateliers pratiques entrant dans le cadre de la formation médicale continue.
Au programme également : techniques de greffes de cheveux, traitement de la pigmentation de la peau, utilisation du laser pour l'épilation, contre les varices, et pour enlever les tatouages.
Contacté par Libé, le Docteur Ahmed Bourra, président de l'Association Dermastic a affirmé qu'actuellement : «Le Maroc n'avait rien à envier aux pays développés en matière de sciences, de connaissances et de médecine». Concernant la dermatologie, celui-ci souligne que la discipline a connu «un bel essor» mais que sa vulgarisation reste en deçà du niveau souhaité». Principale cause de ce développement en demi-teinte : une méconnaissance relative de toutes les caractéristiques de cette médecine et surtout une couverture médicale insuffisante en termes de prise en charge des frais occasionnés par les soins.
Actuellement, le Royaume semble s'être engagé dans la même voie que son voisin tunisien et tend à se penser en tant que destination pour le « tourisme médical». Ceci n'est pas réellement une nouveauté car dans les années 60 et 70, les transsexuels du monde entier venaient se faire opérer pour changer de sexe et subir des interventions esthétiques dans la clinique du Docteur Burou.
L'esthétique tend, de nouveau, à devenir de plus en plus en vogue dans le Royaume. En témoigne la croissance exponentielle des cliniques privées dans les quartiers huppés de Casablanca. «Cela peut être une bonne chose car cela augmente l'offre de soins», explique le Docteur Bourra. Cependant, «le problème du savoir-faire reste posé, et le respect de la règlementation en vigueur est indispensable pour éviter tout dérapage et toute complication médicale», souligne-t-il. En la matière, un certain « flou artistique » règne. Il s'agit de ne pas confondre les pratiques liées à la chirurgie esthétique et celles de la dermatologie esthétique. La première discipline est une spécialité chirurgicale, et les opérations sont par exemple le lifting, la rhinoplastie (chirurgie du nez) ou encore la liposuccion. Quant aux pratiques de la dermatologie esthétique, elles relèvent du soin médical : injection de toxine botulique (Botox), utilisation du laser et de la lumière pulsée pour les cicatrices, etc.
«Mieux vaut prévenir que guérir», dit le dicton. Si les interventions esthétiques tendent à se banaliser de plus en plus, gare au mélange des genres. Quelle soit l'opération, elle relève d'une spécialisation qu'il est indispensable de vérifier, car en médecine le risque zéro n'existe jamais. A preuve, les nombreux drames qui se sont produits à la suite d'opérations de chirurgie esthétique présentées comme faciles et sans dangers par certains praticiens peu scrupuleux.