Le bilan social 2010 rendu public le 16 novembre par une centrale syndicale qui a pignon sur rue à Rabat fait froid dans le dos : seuls 20 % des salariés du secteur privé bénéficient de la retraite, quelque deux millions et demi d'emplois informels sont en train de sombrer dans la très grande précarité, plus de 60 % des jeunes de moins de 25 ans sont aujourd'hui au chômage, neuf millions de personnes vivent au dessus de seuil de pauvreté, 30 % de la population seulement bénéficie d'une couverture médicale universelle, 11% des enfants de 7 à 14 ans travaillent, plus de 50 entreprises ont fermé définitivement leurs portes au cours de cette année entrainant la perte de milliers de postes de travail et le reste à l'encan... Autant de données qui ne manqueront pas de traduire peu ou prou par une augmentation du taux de pauvreté et par l'aggravation du problème de chômage.
Dans les secteurs du textile, du tourisme et de l'agriculture, des réductions du temps du travail, le blocage des salaires, le chômage partiel, l'augmentation du nombre de départs volontaires et de licenciements font désormais partie du quotidien de milliers de salariés et de leurs familles. Tout est-il noir, pour autant ? La réalité est plus subtile. Elle use de couleurs autres que le noir et blanc. Si crise il y a, il y a aussi réformes structurelles, évolution du pays et mutation du marché de l'emploi. Une mutation qui fait certes la part belle aux services et à la précarité au détriment de l'industrie et des emplois stables, mais qui, la crise internationale aidant, induit une détérioration de l'environnement économique qui se lit aussi sur le marché du travail. La situation risque de s'exacerber en 2011 vu qu'il n'y aura que fort peu de création de postes d'emplois au sein de l'administration publique et des différents démembrements de l'Etat. Il faudra donc attendre plus tard et, surtout, espérer voir s'élever de bons vents à même de mieux faire tourner la machine économique nationale. Tout n'est donc finalement que question de temps.