Bolton, un va-t-en-guerre finalement incompatible avec le trumpisme

Bolton et Trump n'avaient pas un semblant de vision commune concernant les affaires internationales


Mercredi 18 Septembre 2019

John Bolton, qui vient d'être renvoyé sans ménagement de son poste de conseiller à la sécurité nationale par Donald Trump, était un néoconservateur connu pour ses positions très dures sur l'Iran ou l'Afghanistan, voire va-t-en-guerre contre la Corée du Nord. Trop dures, pour le président américain qui l'a congédié récemment d'un tweet.
Dès la nomination en mars 2018 de cet avocat de formation de 69 ans, aux fines lunettes et à l'épaisse moustache blanches, la question était de savoir si ce "faucon" allait pouvoir s'entendre avec le milliardaire républicain, qui veut négocier avec Pyongyang et mettre fin à la guerre en Afghanistan, n'hésitant pas à rencontrer les pires ennemis historiques de l'Amérique.
John Bolton fut l'un des architectes de l'invasion de l'Irak en 2003. Il est partisan des guerres préventives, lorsque Donald Trump estime que l'Amérique ne peut être le gendarme du monde et, dans de nombreuses situations, doit se désengager.
Selon les médias américains, John Bolton était ainsi résolument opposé à la venue des talibans à Camp David, un temps souhaitée par Donald Trump avant d'être finalement annulée avec fracas la semaine dernière.
"J'étais en désaccord avec nombre de ses suggestions", a expliqué Donald Trump mardi en annonçant le limogeage de son troisième conseiller à la sécurité nationale après Michael Flynn et H.R. McMaster.
Donald Trump ne cachait pas ces derniers mois qu'il pouvait y avoir plus que des nuances entre lui et son conseiller pour les affaires internationales.
"Il a des avis appuyés sur plein de sujets mais c'est OK. En fait, je le calme, ce qui est vraiment incroyable", ironisait-il en mai dernier.
Comme le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, John Bolton faisait partie de ceux qui plaidaient pour "sortir de l'accord iranien" signé en 2015 par les grandes puissances avec Téhéran pour l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire.
Mais il ne cachait pas son scepticisme quant aux négociations sur le nucléaire avec Pyongyang, telles que souhaitées et menées Donald Trump et qui avaient été engagées avant sa nomination à la Maison Blanche.
"Il est parfaitement légitime pour les Etats-Unis de répondre" à "la menace" représentée par une Corée du Nord nucléaire "en frappant les premiers", avait-il écrit dans le Wall Street Journal avant de rejoindre le président républicain.
John Bolton était aussi un des promoteurs de la ligne dure sur le Venezuela. Il a mené la charge américaine pour faire partir le président socialiste Nicolas Maduro en assurant l'opposant Juan Guaido du plein soutien de Washington. Des pressions qui ont jusqu'ici échoué, Nicolas Maduro étant toujours au pouvoir à Caracas.
 Concernant la Russie et Vladimir Poutine, John Bolton, partisan de sanctions beaucoup plus larges que celles, symboliques, annoncées par l'administration américaine, n'était pas non plus sur la même longueur d'onde que le président, plus rarement enclin à critiquer Moscou.
"Il paraissait évident que Bolton et Trump n'avaient pas un semblant de vision commune concernant les affaires internationales", a réagi mardi Harry J. Kazianis, directeur au Center for the National Interest à Washington.
Bolton avait acquis la notoriété lors de la présidence de George W. Bush, effectuant un passage mouvementé de 18 mois comme ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies en 2005-2006.
Profitant plus récemment de la tribune que lui offrait son poste de chroniqueur sur la chaîne Fox News prisée des conservateurs, il distillait régulièrement ses avis sur les affaires du monde. Et son nom avait été cité pour devenir secrétaire d'Etat ou conseiller à la sécurité nationale -- déjà -- aux débuts de la présidence Trump.
"L'ambassadeur Bolton représente le pire de l'aventurisme américain en politique étrangère", avait réagi après sa nomination Diplomacy Works, un centre de réflexion d'anciens de l'administration démocrate de Barack Obama, dénonçant son goût pour "l'interventionnisme militaire".
Avant sa nomination à l'ONU, il avait occupé différents postes gouvernementaux sous les présidences républicaines de Ronald Reagan et de George Bush père.


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