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Le permanent
Pour Abdelmalek Saloui, enseignant- chercheur à l’Université Hassan II de Casablanca et président de l’Association marocaine de climatologie (AMC), les pluies sont toujours les bienvenues même pendant la période estivale, même si l’idéal reste, selon lui, que le ciel pleut en hiver. Mais, il précise que nous sommes toujours dans une zone rouge marquée par une consommation d’eau estimée à 1.000 m3 par h/an alors que la disponibilité en eau n'exède pas les 700 à 800 m3. « Ce qui veut dire que nous sommes en permanence dans une situation de stress hydrique, affirme-t-il. Une situation qui est appelée à s’aggraver davantage avec la croissance démographique ainsi qu’avec l’amélioration des conditions de vie des Marocains et l’émergence de nouvelles variétés agricoles sans oublier l’industrie et l’agriculture ».
Cependant, notre interlocuteur estime que, scientifiquement, il n’est pas établi que l’eau manque au Maroc ni les pluies, mais c’est la répartition de ces précipitations qui a changé. « En effet, le volume des pluies n’a pas changé, mais ce qui a changé le plus, ce sont les besoins des citoyens et les politiques de l’eau qui se succèdent et disparaissent sans évaluation ou reddition des comptes », observe-t-il.
A ce propos, il nous a expliqué que les décideurs politiques sont souvent dans « le réactif » et non dans « le proactif ». « Pour eux, il faut toujours attendre pour réagir. Or, le changement climatique a toujours été là et nous devons être prêts. Et ce ne sont pas une semaine ou deux de pluies qui vont changer grand-chose, nous sommes dans le permanent et non dans le conjoncturel», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Les dernières mesures prises par certains gouverneurs concernant l’économie de l’eau ne sont que provisoires».
Que propose donc le président de l’AMC ? « Il faut du permanent. En effet, la question de l’eau mérite un traitement structurel et transversal», note Abdelmalek Saloui. Et de poursuivre : « Ce sujet nécessite la bonne gouvernance, la sérénité, la sagesse et la recherche scientifique. Ce dossier ne date pas d’aujourd’hui. Il faut rester vigilant afin de garantir notre sécurité hydrique. A ce propos, il faut développer une recherche scientifique encourageant l’économie de l’eau d’irrigation, le choix des meilleures variétés agricoles non consommatrices d’eau et la valorisation des produits agricoles sans oublier un débat public franc et transparent sur le sujet».
Rescousse
De son côté, Issam Bouaich, docteur chercheur en climatologie, estime que les précipitations du week-end dernier, et malgré le fait qu’elles soient arrivées en retard, restent bénéfiques au niveau des ressources hydriques d’autant qu’elles ont permis le remplissage à 100% des barrages du Nord. « Même ceux du centre du pays ont bénéficié de ces pluies, dépassant ainsi les seuils critiques des mois de décembre, janvier et février derniers », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Ces pluies peuvent aussi être bénéfiques pour les cultures printanières sachant qu’elles ont concerné l’ensemble du territoire national, notamment la zone nord-ouest du pays ».
Pour notre interlocuteur, les dernières pluies ont sauvé la saison même d’une façon tardive. « Nous pouvons dire que l’année 2024 a été sauvée évitant ainsi de faire partie des années récurrentes de sécheresse. En effet, et malgré le fait que les précipitations sont arrivées en retard, elles ont permis de bénéficier d’une quantité raisonnable de ressources destinées à l’eau potable et à l’agriculture pour les saisons prochaines. Mais cela concerne uniquement les zones humides. Puisque dans les zones semi-humides, il peut y avoir une hausse de la température pouvant provoquer une évaporation qui impactera sûrement ces ressources et c’est pourquoi il faut des barrages partout ».
Hassan Bentaleb
La sécheresse est-elle terminée puisqu’il a plu durant ce printemps ? Pas vraiment… Cette réflexion que l’on lit très souvent sur les réseaux sociaux est bien trop simpliste. Il est primordial de différencier la sécheresse agricole (ou sécheresse de surface) de la sécheresse des nappes, car les deux ne sont pas liées aussi directement comme on peut le penser. Il ne suffit pas qu’il pleuve pour que les nappes phréatiques se remplissent immédiatement.
Mais alors, pourquoi l’amélioration est-elle si lente au niveau des nappes ? Lorsqu’il pleut, le sol est immédiatement humidifié en surface. En revanche, le chemin de l’eau de pluie vers les nappes peut être long car l’eau doit traverser des roches plus ou moins poreuses. Cela peut parfois prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois, en fonction de la composition du sol. Si certaines nappes réagissent assez rapidement aux pluies, d’autres prennent beaucoup de temps. Il est donc important de comprendre que l’alimentation en eau de pluie des nappes phréatiques est soumise à une forte inertie.
Il existe également un autre facteur clé qui accentue la différence entre l’humidité des sols en surface et le niveau des nappes souterraines : la saisonnalité. En effet, c’est principalement en automne et en hiver que les nappes phréatiques se rechargent. La raison ? Une fois le printemps arrivé, la végétation se réveille et voit ses besoins en eau exploser. Ainsi, une grande partie de l’eau de pluie est puisée par les racines et ne peut s’infiltrer en profondeur vers les nappes. De plus, la hausse des températures vient favoriser l’évaporation de l’eau en surface.
Source : Météo express