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Tout est venu du discours d’Abdelilah Benkirane prononcé à l’ouverture du 11ème congrès du MP, vendredi 11 juin, au complexe Moulay Abdallah, à Rabat. Du haut de la tribune, Benkirane a tenu un discours fidèle aux orientations de sa famille politique. En fait, Abdelilah Benkirane a fait du Abdelilah Benkirane en déclarant face au Premier ministre Abbas El Fassi, aux leaders des partis de la scène politique et aux 2000 congressistes harakis que les partis forts, authentiques et démocratiques seraient l’Istiqlal, l’USFP, le PJD et le MP. Rien de bien palpitant et pas de quoi émouvoir un militant…
Pourtant de cette petite phrase est née une vraie polémique qui aura même réussi à faire passer en second plan la réélection de Mohand Laenser au poste de Secrétaire général du MP. Une première réaction sous forme de salve a été rendue publique dimanche 13 juin et elle est signée de Mohand Laenser fraîchement élu patron des Harakis. Dans un communiqué longuement relayé par l’agence officielle, Maghreb arabe presse, le leader et ministre d’Etat sans portefeuille exprime ses « sincères regrets si certains propos inappropriés tenus lors de la séance d’ouverture du Congrès ont débordé le cadre festif et amical de cette grande fête harakie pour tenir un discours anti-démocratique qui ne saurait entacher le pluralisme politique auquel le Mouvement populaire est fermement attaché ». Laenser va encore plus loin et n’hésite pas à dénoncer « les tentations d’exclusion de l’Autre et de retour aux visions hégémoniques révolues. Le leader du MP, d’habitude si réservé, sort les crocs et mord du PJD… sans jamais le nommer. Un Haraki, membre du Bureau politique sortant, a du mal à cacher sa surprise. « Nous n’étions même pas au courant que Mohand Laenser avait fait un communiqué pour dénoncer le PJD. De plus Benkirane n’a pas fait une déclaration qui vaille un tel remue-ménage », confie notre interlocuteur sous le sceau de l’anonymat.
Abbas Al Fassi sommé de réagir
Quelques heures plus tard, ce même dimanche, c’est au tour du Parti Authenticité et Modernité, PAM, d’enfoncer le clou en appelant un chat, un chat et un islamiste un islamiste. La riposte du bureau national du PAM, parti qui s’est senti largement visé par les propos d’Abdelilah Benkirane, est aussi virulente qu’accusatrice. Les prises de positions rétrogrades des islamistes, les circonstances de création de leur parti après avoir opéré une OPA sur le MPDC de Dr El Khattib, sa tendance à la victimisation, sa lutte pour le pouvoir et même son « alliance tacite et déclarée avec des forces situées hors de la légalité », c’est un véritable procès à charge qui est instruit par le PAM à l’encontre des islamistes du Parti Justice et Développement. Les dirigeants du parti de Mohamed Cheikh Biadillah tirent à boulets rouges sur « le projet exclusiviste du PJD, son instrumentalisation de la démocratie et son soutien, maintes fois réitérés, de choix dérogeant au consensus de la classe politique, à commencer par sa propension à monopoliser la religion et son exploitation pour ses propres desseins, les positions qu’il adopte hors de l’unanimité sur des questions nationales cruciales, sa surenchère sur des questions où les Marocains avaient fait montre de positions audacieuses et inédites ».
Ses flèches décochées à la famille politique de Benkirane, le PAM ne s’arrête pas en si bon chemin. Abbas El Fassi est sommé d’assumer ses responsabilités. Les propos de Benkirane « menaçant l’expérience démocratique marocaine » ont été tenus en présence du premier ministre et de plusieurs leaders de partis politiques, font-ils valoir. Dans leur guerre contre les islamistes du PJD –une guerre devenue la marque de fabrique du PAM- les dirigeants du parti du Tracteur veulent impliquer d’autres forces politiques. « Le PPS non plus n’a pas été cité par M. Benkirane. Pour ma part, je n’ai pas besoin du témoignage de Benkirane pour exister. La position du PPS à l’égard du champ politique, du PJD, du pluralisme, des alliances, du projet de société est connue. Nous n’avons pas besoin d’être interpellés par qui que ce soit pour prendre position », conclut en soupirant le nouveau secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah.