Arrivée, hier à Rabat, de Christopher Ross : Le Quai d’Orsay dépêche une importante délégation au Sahara


Anouar JIHAD
Jeudi 18 Mars 2010

L’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross, a entamé hier  à Rabat une tournée qui le conduira à Alger, Tindouf et Nouakchott. parallèlement, la France se prépare à dépêcher, du 22 au 24 mars courant, une importante délégation officielle au Sahara marocain, apprend «Libé» auprès de sources proches de la Minurso. Parmi les membres de cette délégation, figurent deux représentants permanents de la France aux Nations unies et deux hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères. Ces derniers seront accompagnés, durant leur  visite de trois jours dans la région, par le conseiller politique et l’attaché à la Défense de l’ambassade de France au Maroc. «Vu le calibre des émissaires de la France, membre permanent et néanmoins très influent du Conseil de sécurité, et compte tenu du moment choisi pour leur visite au Sahara, c’est-à-dire à la veille de la réunion du Conseil de sécurité, l’initiative du Quai d’Orsay résonnerait comme une piqûre de rappel sur le rôle déterminant que la France peut jouer dans le règlement du conflit», explique un spécialiste du dossier. A souligner que la France n’a pas effectué une visite de cette ampleur depuis quatre ans, laissant le champ libre aux Etats-Unis mais aussi et surtout à des pays scandinaves connus pour leur «sympathie» avec le Polisario. Si les émissaires français attendus mettront au centre de leur agenda une actualisation de leurs données sur la situation prévalant sur le terrain, en perspective de la réunion du Conseil de sécurité prévue à fin avril prochain, la portée politique de leur visite ne saurait laisser indifférent. C’est pour la France l’occasion de rappeler, au-delà de son rôle historique dans la région, qu’elle est incontournable dans le processus de règlement du conflit.
Un autre objectif non moins important de cette visite tant attendue, c’est le travail de recoupement et de vérification des allégations colportées par la propagande algéro-polisarienne sur de prétendues « violations des droits de l’Homme » dans les provinces sahariennes. La direction des séparatistes, avec la complicité évidente d’Alger, essaie depuis quelque temps de monter la sauce autour de ce monitoring, tant et si bien qu’ils ont fini par freiner le processus de négociations, engagé en juin 2007 sur la base de l’offre marocaine d’octroyer un statut d’autonomie au Sahara. La position de Paris, faut-il le rappeler, est favorable à cette offre. Elle l’a considérée, à plusieurs occasions, comme étant «une proposition constructive», à l’opposé de la pseudo-contre-proposition du Polisario qui n’est qu’un remake du Plan Baker II, écarté par les Nations unies elles-mêmes en raison de la difficulté, voire l’impossibilité de son application puisqu’il implique l’option du référendum. Avec Washington et Madrid, Paris a joué un rôle crucial au Conseil de sécurité pour souligner le caractère «sérieux» et «crédible» des efforts déployés par le Royaume pour «une solution politique, juste et mutuellement acceptable».
Toutes les résolutions du Conseil de sécurité, adoptées à l’unanimité de ses quinze membres, ont encouragé des discussions approfondies sur la solution d’autonomie, la seule alternative au conflit trentenaire autour de la marocanité du Sahara.
C’est dans ce contexte qu’intervient aujourd’hui le déplacement de la délégation officielle française. Un déplacement qui sera, naturellement, le bienvenu, d’autant plus que la France, un fin connaisseur de la réalité géo-stratégique de la région, veut pousser vers un règlement politique rapide de ce conflit qui continue d’hypothéquer le processus d’édification maghrébine, contrairement aux attentes européennes et américaines. La France sait mieux que quiconque que c’est l’Algérie qui constitue la principale entrave au règlement de ce conflit hérité de la guerre froide. Et elle n’est pas sans savoir que toute solution souhaitée ne devrait pas passer par le Polisario, qui n’est finalement qu’une caisse de résonance des instructions algériennes. 


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