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Dès l'enfance, l'Andalouse Antonia Jiménez a pris entre ses bras avec passion la guitare flamenca dont elle a fait un instrument de liberté en brisant peu à peu les barrières d'un monde professionnel presque exclusivement masculin.
Née en 1972 à Puerto de Santa Maria dans la province de Cadix, terre de flamenco dans le sud de l'Espagne, Antonia n'est pas d'une famille de gitans mais elle a grandi avec ces derniers: "On vivait tous ensemble, tous égaux, tous pauvres", se souvient-elle.
Dans sa propre famille "typiquement andalouse", on "n'accordait pas beaucoup de valeur à l'art". Son père, chauffeur de bus et sa mère, qui s'occupe des quatre enfants, n'ont "jamais pris très au sérieux" sa passion pour la guitare flamenca. Sans doute par "peur de l'inconnu", analyse-t-elle avec un voile de tristesse dans le bleu-gris de ses yeux.
"J'ai dû me montrer très insistante!", soupire cette grande timide à la détermination farouche.
A trois ans, sur un marché, la petite dernière de la famille s'agrippe de toute ses forces à une mini-guitare jusqu'à ce que sa mère consente à la lui acheter. Elle en fait son jouet favori.
La petite fille demande ensuite aux Rois mages - qui prennent le rôle du Père Noël distributeur de cadeaux en Espagne - une vraie guitare. Furieuse de recevoir une poupée, elle la saisit par une jambe et la brise contre un mur, obtenant dès le lendemain l'instrument tant désiré.
Elle ne le quitte plus, apprenant à jouer de manière totalement autodidacte, tout en dévorant des yeux à la télévision les mains virtuoses du guitariste Paco de Lucia (1947-2014), un des monstres sacrés du flamenco.
Vers 13 ans, elle suit l'enseignement traditionnel d'un professeur et commence à accompagner des classes de danse flamenca, gagnant ses premières pesetas, gage d'indépendance.
Car l'adolescente éprouve "une envie folle de fuir, de courir, de voler" à travers le monde.
"La guitare flamenca devient pour elle "un instrument de liberté", lui permettant de voyager pendant une décennie dès l'âge de 18 ans de la Norvège aux Pays-Bas en passant par Londres ou le Japon, où elle devient totalement professionnelle lors d'une résidence d'un an.
En 2000, l'artiste andalouse s'installe à Madrid où elle rencontre "une génération d'artistes jeunes, géniaux et dépourvus de préjugés" dans le milieu de la danse flamenca comme Marco Flores et Olga Pericet.
Ils lui accordent depuis leur confiance et lui donnent "une visibilité" dans leurs spectacles. Ces danseurs-chorégraphes, tout comme les chanteuses Carmen Linares ou Rocio Marquèz l'ont toujours traitée "d'égal à égal".
Lorsqu'on l'interroge sur les discriminations subies en tant que femme guitariste, elle rétorque dans un rire rauque: "On m'a dit tellement de stupidités, j'ai préféré les oublier très vite!". A peine apprendra-t-on que des producteurs ont contesté avec vigueur le choix de la seule femme sur des centaines de guitaristes auditionnés.
Car dans le monde du flamenco, les femmes sont nombreuses comme danseuses et chanteuses mais pas à la guitare.
"J'ai dû rompre une barrière pour entrer dans un milieu professionnel presque exclusivement masculin dans lequel règne une compétition très dure", résume-t-elle, notant qu'il n'y a toujours pas de femme guitariste dans les "tablaos", ces bars ou salles de flamenco intimes, passages essentiels pour se confronter à l'improvisation.
Pour cette féministe revendiquée, jouer de la guitare flamenca fait partie "de la lutte fondamentale" pour les droits des femmes, particulièrement en Espagne, où "le Franquisme (période de dictature entre 1939-1975) a été dévastateur, faisant perdre aux femmes 40 ans d'évolution".
Cette perfectionniste, capable de travailler son "toque" (jeu de guitare) 15 heures par jour, aimerait pourtant que public et professionnels ne s'attachent pas seulement à son genre, mais à ses aptitudes artistiques.
Passionnée par la composition, Antonia Jiménez avoue une prédilection pour le "tanguillo", rythme venu des côtes nord-africaines, qu'elle voyait enfant depuis les plages andalouses, par temps clair.
La guitariste était pour la première fois mercredi invitée en tant que soliste par le festival de flamenco de Nîmes, l'un des principaux rendez-vous de cette musique en France. Au centre de la scène, vêtue de noir des pieds à la tête, elle a conquis un public averti par son authenticité, ses compositions et son jeu sensible, précis et nerveux.
En 2020, à 47 ans, forte d'un succès grandissant, Antonia Jiménez s'est fixé deux défis: sortir un album et continuer à montrer la voie à de jeunes femmes "tocaoras" (guitaristes flamencas).
Née en 1972 à Puerto de Santa Maria dans la province de Cadix, terre de flamenco dans le sud de l'Espagne, Antonia n'est pas d'une famille de gitans mais elle a grandi avec ces derniers: "On vivait tous ensemble, tous égaux, tous pauvres", se souvient-elle.
Dans sa propre famille "typiquement andalouse", on "n'accordait pas beaucoup de valeur à l'art". Son père, chauffeur de bus et sa mère, qui s'occupe des quatre enfants, n'ont "jamais pris très au sérieux" sa passion pour la guitare flamenca. Sans doute par "peur de l'inconnu", analyse-t-elle avec un voile de tristesse dans le bleu-gris de ses yeux.
"J'ai dû me montrer très insistante!", soupire cette grande timide à la détermination farouche.
A trois ans, sur un marché, la petite dernière de la famille s'agrippe de toute ses forces à une mini-guitare jusqu'à ce que sa mère consente à la lui acheter. Elle en fait son jouet favori.
La petite fille demande ensuite aux Rois mages - qui prennent le rôle du Père Noël distributeur de cadeaux en Espagne - une vraie guitare. Furieuse de recevoir une poupée, elle la saisit par une jambe et la brise contre un mur, obtenant dès le lendemain l'instrument tant désiré.
Elle ne le quitte plus, apprenant à jouer de manière totalement autodidacte, tout en dévorant des yeux à la télévision les mains virtuoses du guitariste Paco de Lucia (1947-2014), un des monstres sacrés du flamenco.
Vers 13 ans, elle suit l'enseignement traditionnel d'un professeur et commence à accompagner des classes de danse flamenca, gagnant ses premières pesetas, gage d'indépendance.
Car l'adolescente éprouve "une envie folle de fuir, de courir, de voler" à travers le monde.
"La guitare flamenca devient pour elle "un instrument de liberté", lui permettant de voyager pendant une décennie dès l'âge de 18 ans de la Norvège aux Pays-Bas en passant par Londres ou le Japon, où elle devient totalement professionnelle lors d'une résidence d'un an.
En 2000, l'artiste andalouse s'installe à Madrid où elle rencontre "une génération d'artistes jeunes, géniaux et dépourvus de préjugés" dans le milieu de la danse flamenca comme Marco Flores et Olga Pericet.
Ils lui accordent depuis leur confiance et lui donnent "une visibilité" dans leurs spectacles. Ces danseurs-chorégraphes, tout comme les chanteuses Carmen Linares ou Rocio Marquèz l'ont toujours traitée "d'égal à égal".
Lorsqu'on l'interroge sur les discriminations subies en tant que femme guitariste, elle rétorque dans un rire rauque: "On m'a dit tellement de stupidités, j'ai préféré les oublier très vite!". A peine apprendra-t-on que des producteurs ont contesté avec vigueur le choix de la seule femme sur des centaines de guitaristes auditionnés.
Car dans le monde du flamenco, les femmes sont nombreuses comme danseuses et chanteuses mais pas à la guitare.
"J'ai dû rompre une barrière pour entrer dans un milieu professionnel presque exclusivement masculin dans lequel règne une compétition très dure", résume-t-elle, notant qu'il n'y a toujours pas de femme guitariste dans les "tablaos", ces bars ou salles de flamenco intimes, passages essentiels pour se confronter à l'improvisation.
Pour cette féministe revendiquée, jouer de la guitare flamenca fait partie "de la lutte fondamentale" pour les droits des femmes, particulièrement en Espagne, où "le Franquisme (période de dictature entre 1939-1975) a été dévastateur, faisant perdre aux femmes 40 ans d'évolution".
Cette perfectionniste, capable de travailler son "toque" (jeu de guitare) 15 heures par jour, aimerait pourtant que public et professionnels ne s'attachent pas seulement à son genre, mais à ses aptitudes artistiques.
Passionnée par la composition, Antonia Jiménez avoue une prédilection pour le "tanguillo", rythme venu des côtes nord-africaines, qu'elle voyait enfant depuis les plages andalouses, par temps clair.
La guitariste était pour la première fois mercredi invitée en tant que soliste par le festival de flamenco de Nîmes, l'un des principaux rendez-vous de cette musique en France. Au centre de la scène, vêtue de noir des pieds à la tête, elle a conquis un public averti par son authenticité, ses compositions et son jeu sensible, précis et nerveux.
En 2020, à 47 ans, forte d'un succès grandissant, Antonia Jiménez s'est fixé deux défis: sortir un album et continuer à montrer la voie à de jeunes femmes "tocaoras" (guitaristes flamencas).