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«Quand on m’a appelée pour me dire que j’ai eu cette distinction, je ne l’ai pas cru pensant qu’il s’agissait d’un poisson d’avril. Mais lorsque l’ambassadeur de France à Rabat m’a confirmé la nouvelle, ça a été évidemment une grande joie», nous a-t-elle expliqué.
Et d’ajouter: «Au-delà de la récompense morale que représente ce grade, pour moi, c’est avant tout la reconnaissance d’un problème très grave dans notre société, celui d’un enfant qui n’a pas demandé à naître et qui se retrouve marginalisé et discriminé».
En effet, cette prestigieuse distinction française vient en récompense à ses 51 ans de services en faveur des mères célibataires au Maroc. D’ailleurs, elle lance un message trèsclair à ces dernières. Celui-ci consiste à dire que «Solidarité féminine» défend la cause de l’enfant né hors mariage et celle de la mère célibataire, mais ne peut en aucun cas prendre en charge plus d’un enfant par femme. «Il y a des femmes qui viennent nous voir avec un premier, un deuxième, puis un troisième enfant né hors mariage, et exigent de nous d’être plus rapides et efficaces dans leur prise en charge. Cette situation ne peut plus durer», a-t-elle précisé.
A ce propos, selon une étude nationale réalisée par Insaf en 2010 sur les mères célibataires au Maroc, on a recensé 27200 jeunes femmes qui, en 2009, ont accouché d’un bébé en dehors du mariage, 62% d’entre elles sont âgées de moins de 26 ans. En 2009, 8760 enfants ont été abandonnés, soit 24 bébés par jour. C’est pour cette raison que Mme Ech-Chenna appelle à la responsabilité de toutes les composantes de la société (Etat, société civile, médias…). Changer les lois pour qu’elles soient adaptées à notre époque et instaurer une éducation sexuelle dès le plus jeune âge sont vivement préconisés par la présidente de «Solidarité féminine».
Militante associative de longue date, elle a adhéré d’abord à l'éducation sanitaire au sein de la Ligue de protection de l'enfance et au sein de la Ligue de lutte contre la tuberculose. Elle est également membre de l'Union nationale des femmes marocaines à Casablanca.
Mme Ech-Chenna a déjà reçu des distinctions récompensant son travail. Parmi celles-ci, le Prix Opus, une sorte de Nobel de l'humanitaire doté d'un million de dollars, ainsi que le prix des droits de l'Homme de la République française en 1995.
Elle fait désormais partie de la promotion de Pâques 2013 de la Légion d'honneur au même titre que Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc (Chevalier), du Prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, co-découvreuse du VIH (Grand officier), de l'ex-footballeur Lillian Thuram, ainsi que d'autres personnalités françaises et étrangères.
A rappeler qu’Aïcha Ech-Chenna est née en 1941 dans la médina de Casablanca. Elle a passé son enfance à Marrakech pour revenir à Casablanca en 1953 où elle devait poursuivre ses études à l'Ecole française Foch et au Lycée Joffre, avant de rejoindre, en 1960, l'Ecole d'Etat des infirmiers où elle obtient un diplôme d'Etat.