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Ahmedou Ould Abba Ould D'khil est un rallié. Natif de Samara, en 1969, il avait été conduit aux camps de Tindouf par ses parents en 1975. Il avait alors 6 ans. En 2002, il a décidé de regagner son pays, le Maroc. Son père connu pour son soutien inconditionnel aux thèses séparatistes, l'avait longtemps empêché d'y retourner.
Une fois revenu, des parents connaissant l'extrémisme de son père, avaient douté de l'honnêteté de son retour et l'avaient dénoncé aux autorités qui l'avaient alors marginalisé. Mais son patriotisme et sa détermination à s'intégrer, lui valurent d'être traité comme les autres ralliés et de bénéficier de sa carte de l'Entraide nationale et d'une maison pour sa petite famille. Poète à ses heures perdues et amoureux de la culture hassanie, il a fondé l'Association Authenticité de la culture sahraouie. Entretien.
Libé : Que pensez-vous du camp de Gdeim Izik et de la rumeur qui persiste sur la participation des ralliés, dans le cadre des vagues qui ont rejoint le Maroc en 2010, dans les événements de Laâyoune?
Ahmedou Abba D'Khil : Tout d'abord, je voudrais présenter mes condoléances à toutes les familles des martyrs suite à ces malheureux évènements. Durant tout le temps où le camp était installé et jusqu'à son démantèlement, je n'ai jamais eu la curiosité de le visiter. Mais je suis convaincu qu'aucun rallié n'était ni au camp, ni parmi les membres de la commission de négociations.
Que pensez-vous alors de ces atrocités perpétrées par des gens présents au camp sachant que ce genre d'atrocités ne fait pas partie des mœurs sahraouies et que la plupart des jeunes gens arrêtés portaient un tatouage identique sur leur épaule droite pour permettre leur identification par leurs complices?
D'abord, laissez-moi vous dire que la plupart des ralliés, en 2010, appartiennent à des tribus sahraouies, certes, mais sahraouies algériennes. Ce sont des jeunes qui ne connaissent pas les camps de Tindouf, mais des Algériens de par leur origine et leur éducation. Leurs comportements ne peuvent être ceux de Sahraouis marocains ou des camps.
Par ailleurs, dans la matinée de ce qu'on appelle désormais le lundi noir, j'étais dans la rue et j'ai vu de mes propres yeux, un véhicule qui circulait parmi les fauteurs de troubles et qui leur distribuait des comprimés psychotropes, d'où leur fureur à commettre des crimes.
Or, je puis vous assurer que jusqu'à ce jour, il n'y a ni alcoolique, ni drogué dans les camps de Tindouf et je parle en connaissance de cause, car je suis en contact permanent avec ma famille restée là-bas.
Pour ma part, connaissant les camps de Tindouf et ce qui s'y passe, je peux confirmer que dans ces camps, les jeunes ne connaissent ni alcool, ni psychotropes, ni la drogue et leur usage est condamné par la société. Par conséquent, ceux dont vous parlez, appartiennent à la lie de la société algérienne et sont originaires de Béchar, Laâbadla, Oum Laassal, Belabess et Tindouf. Ils n'ont rien à voir avec les habitants des camps.
Certains chioukhs dont les enfants sont coupables d'atrocités ont répandu des rumeurs accusant les ralliés sans défense.
Je pense que la manière dont les ralliés sont accueillis à leur arrivée à la frontière est à l'origine de tous ces amalgames et de toutes ces erreurs. Comment expliquer que parmi ceux qui sont censés accueillir les ralliés et s'assurer s'ils sont originaires des provinces sahariennes, ne figure aucun rallié à même de les aider dans ce processus d'identification ?
Plus de cent tentes sont dressées à la frontière avec la Mauritanie par des gens qui prétendent être des ralliés voulant rejoindre la patrie, les autorités ne les ont pas accueillis. Comment voyez-vous cela ? Et comment l'Etat peut-il, selon vous, maîtriser le problème de vrais ou de faux ralliés?
J'ai participé, depuis que j'ai regagné le pays, à plusieurs rencontres et séminaires traitant de problèmes sociaux et de problèmes de ralliés. Nous avons mis en garde contre certaines pratiques de gens qui n'ont rien à voir avec les provinces sahariennes. Nous avons souhaité que les critères de rallié soient définis par l'Etat et adressés aux ambassades et services consulaires du Royaume et qu'une commission composée de ralliés soit chargée de sélectionner les vrais ralliés.
J'ai suggéré à la cellule chargée des affaires sahariennes au ministère de l'Intérieur de définir les critères de sélection et de faire participer les ralliés à la sélection de nouveaux candidats au retour au pays.
Dans la plupart de ses discours, Sa Majesté le Roi a insisté sur la nécessité d'insertion des ralliés, mais jusqu'à présent, ils continuent à être mal vus par certains responsables.
Plusieurs personnes ont douté de l'appartenance des ralliés de Gjeijimat au Sahara marocain. Ce doute a été confirmé par les autorités lorsqu'elles ont repris les habitations attribuées à certains d'entre eux et gelé leurs salaires. Qu'en pensez-vous?
D'abord, l'opération effectuée par les ralliés de Gjeijimat est d'une audace sans précédent. Organiser un congrès parallèle à celui du Polisario à quelques kilomètres est une attitude courageuse de se jeter dans la gueule du loup pour prouver son patriotisme et son attachement au Trône alaouite.
Je sais que l'initiateur de ce congrès avait engagé des dépenses colossales pour réussir cette opération suicidaire. Malheureusement, il n'a pas été traité comme il se doit.
Ensuite, le fait de les priver de leur maison constitue une mesure qui n'a jamais été appliquée ni contre les ralliés, ni contre ceux qui ont bénéficié de maisons ou de parcelles attribuées par l'Etat. C'est injuste.
Ils sont victimes de règlements de comptes entre protagonistes avec lesquels ils n'ont rien à voir. Si ce n'est qu'on les a pris comme boucs émissaires.
Qu'attendez-vous de la nomination du nouveau wali ?
Je connais la famille de ce nouveau wali et j'ai souvent entendu parler de ses capacités, de son patriotisme et de sa fidélité au Trône. J'attends de lui qu'il oeuvre en faveur de la cohabitation, de la quiétude et de la sécurité dans la ville.
J'attends de lui qu'il traite tout le monde sur un pied d'égalité indépendamment de l'appartenance tribale.
Comme tous les habitants de Laâyoune, ayant participé à la cérémonie de son investiture, je suis content de cette nomination dont j'attends aussi la résolution des problèmes des ralliés et des jeunes de cette ville.
J'attends de lui, et c'est important, qu'il résolve le problème des gens de Gjeijimat en leur restituant leurs domiciles et salaires.
Ce que je dis, c'est aussi ce qu'attendent les habitants de Laâyoune.
Une fois revenu, des parents connaissant l'extrémisme de son père, avaient douté de l'honnêteté de son retour et l'avaient dénoncé aux autorités qui l'avaient alors marginalisé. Mais son patriotisme et sa détermination à s'intégrer, lui valurent d'être traité comme les autres ralliés et de bénéficier de sa carte de l'Entraide nationale et d'une maison pour sa petite famille. Poète à ses heures perdues et amoureux de la culture hassanie, il a fondé l'Association Authenticité de la culture sahraouie. Entretien.
Libé : Que pensez-vous du camp de Gdeim Izik et de la rumeur qui persiste sur la participation des ralliés, dans le cadre des vagues qui ont rejoint le Maroc en 2010, dans les événements de Laâyoune?
Ahmedou Abba D'Khil : Tout d'abord, je voudrais présenter mes condoléances à toutes les familles des martyrs suite à ces malheureux évènements. Durant tout le temps où le camp était installé et jusqu'à son démantèlement, je n'ai jamais eu la curiosité de le visiter. Mais je suis convaincu qu'aucun rallié n'était ni au camp, ni parmi les membres de la commission de négociations.
Que pensez-vous alors de ces atrocités perpétrées par des gens présents au camp sachant que ce genre d'atrocités ne fait pas partie des mœurs sahraouies et que la plupart des jeunes gens arrêtés portaient un tatouage identique sur leur épaule droite pour permettre leur identification par leurs complices?
D'abord, laissez-moi vous dire que la plupart des ralliés, en 2010, appartiennent à des tribus sahraouies, certes, mais sahraouies algériennes. Ce sont des jeunes qui ne connaissent pas les camps de Tindouf, mais des Algériens de par leur origine et leur éducation. Leurs comportements ne peuvent être ceux de Sahraouis marocains ou des camps.
Par ailleurs, dans la matinée de ce qu'on appelle désormais le lundi noir, j'étais dans la rue et j'ai vu de mes propres yeux, un véhicule qui circulait parmi les fauteurs de troubles et qui leur distribuait des comprimés psychotropes, d'où leur fureur à commettre des crimes.
Or, je puis vous assurer que jusqu'à ce jour, il n'y a ni alcoolique, ni drogué dans les camps de Tindouf et je parle en connaissance de cause, car je suis en contact permanent avec ma famille restée là-bas.
Pour ma part, connaissant les camps de Tindouf et ce qui s'y passe, je peux confirmer que dans ces camps, les jeunes ne connaissent ni alcool, ni psychotropes, ni la drogue et leur usage est condamné par la société. Par conséquent, ceux dont vous parlez, appartiennent à la lie de la société algérienne et sont originaires de Béchar, Laâbadla, Oum Laassal, Belabess et Tindouf. Ils n'ont rien à voir avec les habitants des camps.
Certains chioukhs dont les enfants sont coupables d'atrocités ont répandu des rumeurs accusant les ralliés sans défense.
Je pense que la manière dont les ralliés sont accueillis à leur arrivée à la frontière est à l'origine de tous ces amalgames et de toutes ces erreurs. Comment expliquer que parmi ceux qui sont censés accueillir les ralliés et s'assurer s'ils sont originaires des provinces sahariennes, ne figure aucun rallié à même de les aider dans ce processus d'identification ?
Plus de cent tentes sont dressées à la frontière avec la Mauritanie par des gens qui prétendent être des ralliés voulant rejoindre la patrie, les autorités ne les ont pas accueillis. Comment voyez-vous cela ? Et comment l'Etat peut-il, selon vous, maîtriser le problème de vrais ou de faux ralliés?
J'ai participé, depuis que j'ai regagné le pays, à plusieurs rencontres et séminaires traitant de problèmes sociaux et de problèmes de ralliés. Nous avons mis en garde contre certaines pratiques de gens qui n'ont rien à voir avec les provinces sahariennes. Nous avons souhaité que les critères de rallié soient définis par l'Etat et adressés aux ambassades et services consulaires du Royaume et qu'une commission composée de ralliés soit chargée de sélectionner les vrais ralliés.
J'ai suggéré à la cellule chargée des affaires sahariennes au ministère de l'Intérieur de définir les critères de sélection et de faire participer les ralliés à la sélection de nouveaux candidats au retour au pays.
Dans la plupart de ses discours, Sa Majesté le Roi a insisté sur la nécessité d'insertion des ralliés, mais jusqu'à présent, ils continuent à être mal vus par certains responsables.
Plusieurs personnes ont douté de l'appartenance des ralliés de Gjeijimat au Sahara marocain. Ce doute a été confirmé par les autorités lorsqu'elles ont repris les habitations attribuées à certains d'entre eux et gelé leurs salaires. Qu'en pensez-vous?
D'abord, l'opération effectuée par les ralliés de Gjeijimat est d'une audace sans précédent. Organiser un congrès parallèle à celui du Polisario à quelques kilomètres est une attitude courageuse de se jeter dans la gueule du loup pour prouver son patriotisme et son attachement au Trône alaouite.
Je sais que l'initiateur de ce congrès avait engagé des dépenses colossales pour réussir cette opération suicidaire. Malheureusement, il n'a pas été traité comme il se doit.
Ensuite, le fait de les priver de leur maison constitue une mesure qui n'a jamais été appliquée ni contre les ralliés, ni contre ceux qui ont bénéficié de maisons ou de parcelles attribuées par l'Etat. C'est injuste.
Ils sont victimes de règlements de comptes entre protagonistes avec lesquels ils n'ont rien à voir. Si ce n'est qu'on les a pris comme boucs émissaires.
Qu'attendez-vous de la nomination du nouveau wali ?
Je connais la famille de ce nouveau wali et j'ai souvent entendu parler de ses capacités, de son patriotisme et de sa fidélité au Trône. J'attends de lui qu'il oeuvre en faveur de la cohabitation, de la quiétude et de la sécurité dans la ville.
J'attends de lui qu'il traite tout le monde sur un pied d'égalité indépendamment de l'appartenance tribale.
Comme tous les habitants de Laâyoune, ayant participé à la cérémonie de son investiture, je suis content de cette nomination dont j'attends aussi la résolution des problèmes des ralliés et des jeunes de cette ville.
J'attends de lui, et c'est important, qu'il résolve le problème des gens de Gjeijimat en leur restituant leurs domiciles et salaires.
Ce que je dis, c'est aussi ce qu'attendent les habitants de Laâyoune.