Afrique du Sud: si ça continue, il n’y aura plus de rhinocéros dans quatre ans


AFP
Samedi 17 Mars 2012

Afrique du Sud: si ça continue, il n’y aura plus de rhinocéros dans quatre ans
Au rythme où va le braconnage, les experts prédisent qu’il n’y aura plus de rhinocéros en Afrique du Sud dans quatre ans, rappelle la Sud-Africaine Karen Trendler, spécialiste des soins vétérinaires d’urgence qui s’apprête à ouvrir un orphelinat pour bébés rhinos.
Surnommée “Maman rhino” pour avoir sauvé et soigné avec passion près de 200 bébés rhinos dans les années 1990 et 2000 à Pretoria, Karen, 50 ans, pensait en avoir terminé avec son rôle d’infirmière de la vie sauvage qui l’a conduite un peu partout dans le monde, y compris en Europe au chevet d’oiseaux mazoutés.
C’était compter sans la brutale recrudescence du braconnage, au rythme moyen d’un rhino tué chaque jour en Afrique du Sud, et quantité d’autres condamnés parce que blessés ou trop petits pour survivre sans leur mère.
“Je déteste être alarmiste ou envisager le pire, mais si le braconnage continue à ce rythme, dans les prochains mois, la population de rhinocéros va baisser et nous assisterons à son extinction, certains disent en 2015”, explique Karen Trendler dans un entretien à l’AFP, en marge d’une campagne pour collecter les fonds destinés à ouvrir un “orphelinat pour rhinocéros”.
Cette structure à vocation non lucrative et non touristique doit voir le jour sur une réserve avec golf près de Mokopane (Limpopo) dans le nord du pays.
Présentée comme unique en son genre, elle aura une unité de soins intensifs, avec couveuses, caméras de surveillance et biberons —pendant ses quatre premiers mois, un bébé rhinocéros boit 48 litres de lait par jour. Les petits rhinocéros soignés seront ensuite rendus à la vie sauvage.
“Nous en sommes seulement aux trois premiers mois de l’année, et il y a déjà 109 tués. Cela nous met tous tellement en colère”, poursuit Karen, clé de voûte du projet.
Plusieurs raisons expliquent selon elle l’essor du braconnage.
“Avec la croissance économique en Asie, les gens ont plus d’argent pour acheter des soins de médecine traditionnelle et la croyance dans les vertus de la corne contre le cancer est malheureusement en vogue”, dit-elle.
Le progrès technologique facilite la tâche des braconniers: l’usage du portable, du GPS, permettent de repérer l’animal et d’acheminer la corne beaucoup plus vite: “Beaucoup de réserves n’ont pas de sécurité. Les braconniers payent des gens pour leur dire où sont les rhinocéros, ils envoient un code GPS”.
“Il faut ajouter à ça l’aspect le plus sinistre de l’affaire qui consiste à faire des stocks en prévision de l’extinction de l’espèce, ou du moment où la population de rhinocéros chutera faisant monter le prix des cornes”, dit-elle.
Karen a débuté sa carrière à une époque où ce n’est pas le braconnage qui lui donnait du fil à retordre, mais les dérives de la lucrative industrie des parcs animaliers et réserves de chasse privés en Afrique du Sud.
Beaucoup de rhinocéros étaient transférés d’un parc à l’autre, et le stress des captures créait de nombreux orphelins, nés prématurés ou rejetés par les mères.
Aujourd’hui, “l’attitude de certains propriétaires privés et d’une petite partie de l’industrie animalière complique énormément la donne”, estime-t-elle.
Ces derniers ne reculent devant rien pour infléchir les autorités nationales et internationales en faveur d’une légalisation du commerce de corne, expliquant que l’interdiction ne fait en fait qu’inciter au braconnage.
“Ils embauchent des cabinets de relations publiques”, dit Karen, qui s’interroge aussi sur d’étranges coïncidences. “Deux fois des réserves ont été spectaculairement attaquées, juste avant les réunions de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction”.
“Dans cette affaire, il y a des gens merveilleux qui font des trucs incroyables et seraient prêts à donner leur vie pour les rhinocéros. Mais malheureusement, nous avons aussi un problème de corruption. Des poursuites et des arrestations ont révélé certaines complicités à l’échelon gouvernemental”, constate Karen.


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