-
L'Amérique à l'aube d'une nouvelle ère Trump
-
La promesse de Trump d'une paix au Moyen-Orient a convaincu des électeurs musulmans
-
Tourisme : Le WTM de Londres signe une édition record
-
Le Hamas accuse Israël de bombarder un hôpital du nord de la bande de Gaza
-
Les négociations se poursuivent à l'OMS pour préparer le monde aux pandémies
"A l'issue des échanges (avec les mutins) un accord a été trouvé sur les modalités de sortie de crise. Nous appelons l'ensemble des soldats (...) à retourner dans les casernes (...) Tout est mis en oeuvre pour un retour rapide à une situation apaisée", a déclaré le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi sur la chaîne nationale.
"On ne reconnaît pas l'accord. Est-qu'on fait des baptêmes sans le baptisé? Aucun représentant de Bouaké n'était présent lundi à leur +accord+. D'après ce qu'on sait, c'était une réunion de hauts gradés", a réagi un mutin sous couvert d'anonymat.
Après l'annonce, des nombreux tirs étaient audibles dans la soirée dans plusieurs villes, dont Abidjan. "Ce n'était pas des tirs de joie", a précisé un mutin.
"On va voir ce qui est viré sur nos comptes demain (mardi) et on verra, après concertation, si on lève le dispositif", a déclaré un autre mutin à Bouaké.
Aucun responsable n'était disponible dans l'immédiat pour expliquer l'accord qui porte sur le paiement de reliquats des primes promises après les mutineries de janvier qui avaient ébranlé le pays.
Les mutins avaient alors réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) par personne, une somme importante pour le pays, et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de mai.
Avec le nouvel accord, les mutins toucheraient à nouveau 5 millions immédiatement.
"C'est évident que le gouvernement a cédé sur le paiement. Etant donnés la situation sécuritaire et les promesses faites en janvier, il ne semblait pas y avoir d'autre porte de sortie", a analysé un spécialiste de l'armée ivoirienne sous couvert d'anonymat. Le mouvement déclenché vendredi avait pris lundi des "proportions inquiétantes", selon la même source.
Pour autant, "ce n'est pas un coup d'Etat. Quand il (le président Alassane Ouattara) paiera, on rentrera chez nous", a assuré sous couvert d'anonymat un porte-parole des mutins à Bouaké, épicentre de la mutinerie.
Ces mutins sont d'anciens rebelles ayant soutenu M. Ouattara pendant la crise électorale de 2010-2011 et qui ont ensuite été intégrés à l'armée.
La situation était aussi tendue à Korhogo, la principale ville du nord du pays. Dans cette région, les policiers, gendarmes et douaniers ont déserté les différents postes frontaliers, alors que le trafic routier avec le Mali, le Burkina et vers le Niger était paralysé.
A San Pedro, deuxième port du pays, stratégique pour l'exportation de cacao dont le pays est le premier producteur mondial, des tirs "assourdissants retentissaient dans la zone portuaire", selon des témoins. A Man (ouest), Bondoukou (est) et Daloa (centre), des tirs sporadiques ont été entendus.
Alors qu'Abidjan avait été calme ce week-end, de nombreux tirs y ont retenti lundi matin en provenance des deux camps d'Akouedo, qui forment la plus grande caserne du pays. Plusieurs axes importants de la ville ont été barrés.
Des tirs étaient également audibles en provenance du camp Gallieni, au Plateau, qui avait été l'un des points chauds de la journée de vendredi.
Le Plateau, quartier administratif et des affaires d'Abidjan, était totalement désert. Les grands magasins, les banques et tous les bureaux étaient fermés. Un important cordon sécuritaire a été déployé autour du palais présidentiel, alors que les locaux de la radio nationale étaient puissamment gardés.
Le lycée français Blaise Pascal ainsi que l'école Jacques Prévert ont été fermés, le consulat de France recommandant d'éviter tout déplacement.
Jeudi, un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, lors d'une cérémonie en présence du président Alassane Ouattara, qui se voulait un point final à la protestation des forces de sécurité.
Loin d'apaiser la situation, cette cérémonie avait déclenché un nouveau mouvement d'humeur dans ce pays d'Afrique de l'Ouest durement touché par l'effondrement des cours du cacao, vital pour son économie.