Autres articles
-
Neil Colquhoun : «Nous avons largement surpassé les objectifs initiaux d’Epson au Maroc »
-
Salah Bourdi : Depuis sa création en 2014, le Cercle Eugène Delacroix milite activement pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara
-
Moussaoui Ajlaoui : Le comble de l’absurdité, c’est que l’Algérie a deux voix au sein de l’UA, la sienne et celle du polisario qui ne prend jamais le contrepied de son mentor algérien
-
Patrizia d'Antonio : L’écrivain humaniste Alberto Manzi, une figure exceptionnelle qui symbolise à la fois l’éducation, l’unité linguistique et l’humanisme
-
Derguene Mbaye : Les pays africains peuvent beaucoup apprendre de l’expérience du Maroc en matière d'intelligence artificielle
Quel impact a eu la crise du Covid-19 sur l’industrie pharmaceutique marocaine et sur la chaîne de valeur mondiale ?
La crise du Covid-19 a créé des ruptures au niveau de la chaîne de valeur mondiale de l’industrie pharmaceutique dès les premiers jours du confinement mondial. En effet, l’approvisionnement en ingrédients pharmaceutiques actifs s’est brutalement arrêté surtout pour les entreprises qui dépendent de la Chine et de l’Inde dans leurs chaînes de valeur.
Cela a induit des réflexions stratégiques profondes au sein des multinationales en lien avec la question de la souveraineté sanitaire qui a été plus que jamais mise au-devant de la scène. Le marché marocain n’a pas été à l’abri de ces bouleversements. Si l’industrie pharmaceutique marocaine répond à environ 60% de la demande interne, elle reste tributaire des marchés internationaux en ce qui concerne l’approvisionnement en matière première ; ce qui la met face au défi de la multiplication des fournisseurs en gardant les mêmes standards de qualité.
La production étant aussi assurée en grande partie par des multinationales implantées au Maroc, les orientations stratégiques sont souvent dictées par la maison mère ; ce qui rend la chaîne de valeur marocaine vulnérable aux aléas du marché et au contexte international notamment dans les périodes de crise.
C’est dire que cette crise mondiale permet aujourd’hui de revoir nos stratégies productives dans des secteurs de vie comme la pharmacie. Le Royaume devrait réunir ses forces pour profiter des ajustements que les chaînes de valeur mondiales sont en train de connaître. Il faudrait faire vite, bien et ensemble tant en direction de l’Europe que de l’Afrique subsaharienne. Il faut que les stratégies marocaines soient implémentées rapidement, surtout pour les entreprises qui sont déjà avancées dans les contacts avec les donneurs d’ordre européens intéressés par le Maroc.
Quelles sont les perspectives ouvertes dans le contexte actuel ?
Dans le contexte actuel caractérisé par une pression sur les marchés d’approvisionnement et une concurrence accrue entre les grandes multinationales, l’industrie pharmaceutique n’échappera pas à des mouvements stratégiques post-Covid-19 de relocalisation de certaines activités de la chaîne de valeur ainsi que de concentration et de fusion-acquisition entre les entreprises.
A ce titre, le secteur marocain doit être préparé en renforçant sa compétitivité par plusieurs mesures qui commencent d’abord par l’optimisation de l’approvisionnement qui passe par un multi-sourcing efficace ainsi qu’une gestion dynamique des stocks. Il s’agit aussi de renforcer les maillons de la chaîne de valeur créateurs de valeur, notamment la recherche et développement et le marketing. Dans ce sens, la recherche scientifique médicale représente un domaine important qu’il faut promouvoir afin de permettre l’émergence d’une industrie pharmaceutique marocaine résiliente. Or des problèmes de réglementation et de célérité administrative constituent toujours un obstacle à cette émergence.
Est-ce que la crise a impacté la stratégie de développement du secteur à l’international notamment en Afrique ?
La crise n’a pas eu d’impact négatif majeur par rapport à l’activité en Afrique. Premièrement, le continent africain n’a pas été fortement impacté par la pandémie jusqu’à présent malgré les restrictions qu’a connues la majorité des pays.
Deuxièmement, le continent en tant que marché présente plusieurs faiblesses qui empêchent l’accès de la population à un médicament de bonne qualité. Si le continent africain représente 13% de la population mondiale, il ne consomme que 3% de la production mondiale avec une grande part de médicaments émanant de la contrefaçon.
Dans une perspective stratégique, cela représente en même temps un marché de croissance prometteur si l’on tient compte de l’explosion démographique et de la transition épidémiologique que connaissent plusieurs pays africains. Les opérateurs qui sauront accompagner le développement de ce marché vont certainement en tirer parti dans les prochaines années.
C’est donc des stratégies à long terme qu’il faut construire surtout si l’on connaît les relations économiques qu’entretient le Royaume avec plusieurs pays du continent et qui peuvent faciliter l’intégration et le développement de l’industrie pharmaceutique. Toujours est-il que la place du Maroc reste prometteuse en Afrique, mais c'est en stratégie d’ensemble, public et privé, qu’on peut réussir.
Le Maroc est déjà présent sur un nombre de pays du continent, et les actes d’aide et d’appui initiés par SM le Roi ont beaucoup retenu l’attention et facilité les relations Sud-Sud du Maroc avec les pays d’Afrique.
Quel potentiel représente le chantier de généralisation de la couverture sociale, annoncé récemment ?
La couverture sanitaire universelle est un chantier prometteur. Elle est encouragée, à l’échelle mondiale, par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) afin de faciliter l’accès des populations aux services de santé quels que soient leur niveau social et leurs conditions de vie.
Au Maroc, la généralisation du RAMED en 2012 a été le premier jalon d’une politique visant à élargir la couverture sanitaire pour la population démunie. Le discours de SM le Roi à l’occasion de la Fête du Trône est porteur d’un projet ambitieux vu qu’il donne une échéance de cinq ans pour la généralisation de la couverture sociale au profit de tous les citoyens. Cela suppose la restructuration de toute l’offre de soins afin qu’elle puisse répondre aux impératifs financiers nouveaux.
Cela comprend aussi une politique du médicament nouvelle basée sur une offre tarifaire accessible et une bonne gestion des circuits d’approvisionnement, de distribution et de consommation surtout pour le secteur public qui connaît des défaillances majeures dans la gestion des médicaments et équipements médicaux. La création d’une agence du médicament peut être une des actions importantes dans ce sens.
La crise du Covid-19 a créé des ruptures au niveau de la chaîne de valeur mondiale de l’industrie pharmaceutique dès les premiers jours du confinement mondial. En effet, l’approvisionnement en ingrédients pharmaceutiques actifs s’est brutalement arrêté surtout pour les entreprises qui dépendent de la Chine et de l’Inde dans leurs chaînes de valeur.
Cela a induit des réflexions stratégiques profondes au sein des multinationales en lien avec la question de la souveraineté sanitaire qui a été plus que jamais mise au-devant de la scène. Le marché marocain n’a pas été à l’abri de ces bouleversements. Si l’industrie pharmaceutique marocaine répond à environ 60% de la demande interne, elle reste tributaire des marchés internationaux en ce qui concerne l’approvisionnement en matière première ; ce qui la met face au défi de la multiplication des fournisseurs en gardant les mêmes standards de qualité.
La production étant aussi assurée en grande partie par des multinationales implantées au Maroc, les orientations stratégiques sont souvent dictées par la maison mère ; ce qui rend la chaîne de valeur marocaine vulnérable aux aléas du marché et au contexte international notamment dans les périodes de crise.
C’est dire que cette crise mondiale permet aujourd’hui de revoir nos stratégies productives dans des secteurs de vie comme la pharmacie. Le Royaume devrait réunir ses forces pour profiter des ajustements que les chaînes de valeur mondiales sont en train de connaître. Il faudrait faire vite, bien et ensemble tant en direction de l’Europe que de l’Afrique subsaharienne. Il faut que les stratégies marocaines soient implémentées rapidement, surtout pour les entreprises qui sont déjà avancées dans les contacts avec les donneurs d’ordre européens intéressés par le Maroc.
Quelles sont les perspectives ouvertes dans le contexte actuel ?
Dans le contexte actuel caractérisé par une pression sur les marchés d’approvisionnement et une concurrence accrue entre les grandes multinationales, l’industrie pharmaceutique n’échappera pas à des mouvements stratégiques post-Covid-19 de relocalisation de certaines activités de la chaîne de valeur ainsi que de concentration et de fusion-acquisition entre les entreprises.
A ce titre, le secteur marocain doit être préparé en renforçant sa compétitivité par plusieurs mesures qui commencent d’abord par l’optimisation de l’approvisionnement qui passe par un multi-sourcing efficace ainsi qu’une gestion dynamique des stocks. Il s’agit aussi de renforcer les maillons de la chaîne de valeur créateurs de valeur, notamment la recherche et développement et le marketing. Dans ce sens, la recherche scientifique médicale représente un domaine important qu’il faut promouvoir afin de permettre l’émergence d’une industrie pharmaceutique marocaine résiliente. Or des problèmes de réglementation et de célérité administrative constituent toujours un obstacle à cette émergence.
Est-ce que la crise a impacté la stratégie de développement du secteur à l’international notamment en Afrique ?
La crise n’a pas eu d’impact négatif majeur par rapport à l’activité en Afrique. Premièrement, le continent africain n’a pas été fortement impacté par la pandémie jusqu’à présent malgré les restrictions qu’a connues la majorité des pays.
Deuxièmement, le continent en tant que marché présente plusieurs faiblesses qui empêchent l’accès de la population à un médicament de bonne qualité. Si le continent africain représente 13% de la population mondiale, il ne consomme que 3% de la production mondiale avec une grande part de médicaments émanant de la contrefaçon.
Dans une perspective stratégique, cela représente en même temps un marché de croissance prometteur si l’on tient compte de l’explosion démographique et de la transition épidémiologique que connaissent plusieurs pays africains. Les opérateurs qui sauront accompagner le développement de ce marché vont certainement en tirer parti dans les prochaines années.
C’est donc des stratégies à long terme qu’il faut construire surtout si l’on connaît les relations économiques qu’entretient le Royaume avec plusieurs pays du continent et qui peuvent faciliter l’intégration et le développement de l’industrie pharmaceutique. Toujours est-il que la place du Maroc reste prometteuse en Afrique, mais c'est en stratégie d’ensemble, public et privé, qu’on peut réussir.
Le Maroc est déjà présent sur un nombre de pays du continent, et les actes d’aide et d’appui initiés par SM le Roi ont beaucoup retenu l’attention et facilité les relations Sud-Sud du Maroc avec les pays d’Afrique.
Quel potentiel représente le chantier de généralisation de la couverture sociale, annoncé récemment ?
La couverture sanitaire universelle est un chantier prometteur. Elle est encouragée, à l’échelle mondiale, par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) afin de faciliter l’accès des populations aux services de santé quels que soient leur niveau social et leurs conditions de vie.
Au Maroc, la généralisation du RAMED en 2012 a été le premier jalon d’une politique visant à élargir la couverture sanitaire pour la population démunie. Le discours de SM le Roi à l’occasion de la Fête du Trône est porteur d’un projet ambitieux vu qu’il donne une échéance de cinq ans pour la généralisation de la couverture sociale au profit de tous les citoyens. Cela suppose la restructuration de toute l’offre de soins afin qu’elle puisse répondre aux impératifs financiers nouveaux.
Cela comprend aussi une politique du médicament nouvelle basée sur une offre tarifaire accessible et une bonne gestion des circuits d’approvisionnement, de distribution et de consommation surtout pour le secteur public qui connaît des défaillances majeures dans la gestion des médicaments et équipements médicaux. La création d’une agence du médicament peut être une des actions importantes dans ce sens.