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Les ouvriers délégués par leur patron ne sont pas autorisés à jouer à leur guise, mais doivent suivre un programme préalablement établi. Avec les 500 dollars qui lui ont été confiés, Salim fait tout d’abord le tour des machines à sous avant de se rendre à la roulette où il joue les quatre numéros fétiches de son patron. Pendant ses séances de jeu, il est accompagné par Rajib, un compatriote qui a plus d’expérience et qui joue quant à lui 800 dollars lors de ces expéditions. Les deux hommes ont reçu des consignes très précises, ils doivent noter leurs mises, leurs gains et leurs pertes. Leur patron leur verse 10 % des sommes gagnées, mais s’ils perdent plus de 500 dollars, les pertes sont déduites de leur paie.
Les deux hommes travaillent pour Edmund Ng, un fabricant d’ameublement. Ils doivent l’informer toutes les deux heures par téléphone de la situation. Il n’est pas le seul à se livrer à une telle pratique. En effet, le Straits Time s’est entretenu avec cinq chefs d’entreprise qui envoient leurs ouvriers à leur place dans les casinos. C’est aussi le cas d’Eric Leong qui envoie trois ouvriers au casino une ou deux fois par semaine. Il s’agit pour lui d’un moyen d’augmenter ses chances : "Si je joue, il n’y a qu’une personne. S’ils sont deux à jouer, ça double les chances de gagner". Les hommes interrogés par le journal ont déclaré connaître au moins quinze autres patrons qui se livraient aux mêmes agissements.
Cette pratique n’est pas tout à fait légale mais les patrons n’ont rien laissé au hasard. En effet, les chefs d’entreprise délivrent à leurs employés des certificats médicaux afin de justifier leur absence à leur poste les jours où ils sont au casino. "Si l’inspection du travail m’interroge, je dirai que mon ouvrier est malade et qu’il s’est éclipsé pour aller jouer – qu’est-ce qu’ils pourront dire ?", a ainsi déclaré Eric Leong. Les patrons choisissent des ouvriers employés au moins depuis trois ans, qu’ils jugent intelligents et en qui ils peuvent avoir confiance. Ces derniers ont même des réponses toutes faites au cas où ceux-ci seraient interrogés. Ishan, à qui son patron remet 700 dollars lors de ces expéditions, a ainsi expliqué : "Si les gens du casino me demandent pourquoi tant d’argent, je dis : jour de paie aujourd’hui (…) S’ils demandent comment je peux venir au casino en semaine, je dis : c’est jour de congé parce que chantier fini."
Des défenseurs des travailleurs migrants se sont élevés contre ces pratiques qui font des ouvriers des sortes de pantins que les patrons peuvent déléguer à n’importe quelle tâche sans se soucier aucunement de leur contrat de travail. John Gee, président de l’association Transient Workers Count Too, a ainsi déclaré : "Ils sont obligés d’obéir à leur patron et ils n’en tirent aucun profit. C’est du travail clandestin et c’est immoral." Mais ils s‘inquiètent aussi des dangers que représentent le casino et craignent que ces ouvriers deviennent dépendants au jeu. Comme l’a expliqué Tan Hwee Si, psychiatre : "Le casino, ce n’est pas que le jeu, c’est toute une atmosphère. Ils risquent d’aimer ça et de vouloir revenir pour oublier leurs problèmes et la dureté de la vie. C’est un groupe à haut risque – les marges sont faibles, ils peuvent facilement se laisser déborder, se retrouver criblés de dettes, et ils n’ont aucun soutien familial pour les aider à s’en sortir."