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Les psychologues estiment que n’importe qui peut identifier une senteur courante, et que s’il échoue, la raison est peut-être neurologique. L’équipe de Jay Gottfried, de l’université Northwestern, a surveillé l’activité cérébrale de plusieurs volontaires lorsqu’ils identifient des odeurs courantes. Leurs observations ont montré que deux zones du cerveau seraient particulièrement sollicitées: le cortex temporal antérieur, et le cortex orbifrontal. Celles-ci reçoivent des informations d’une autre zone du cerveau, qui sert de station relais aux signaux olfactifs.
Selon le chercheur, le problème viendrait de la communication directe entre ces différentes parties: les informations arrivent brutes et non transformées depuis la station relais, donc beaucoup moins raffinées que celles de la vue ou de l’ouïe.
En 2013, Gottfried avait déjà observé que les patients atteints d’une aphasie progressive primaire –maladie dégénérative qui touche les zones du cerveau qui prennent en charge le langage– pouvaient retrouver la bonne odeur parmi une courte liste. Il supposait donc que leur odorat fonctionnait, qu’ils connaissaient le vocabulaire, et que leur difficulté à nommer les odeurs venait de la connexion entre les parties déficientes de leur cerveau et leur système olfactif.
Mais tout le monde n’est peut-être pas concerné par ce problème de connexion. Notre difficulté à parler de ce que l’on sent pourrait aussi être liée à la langue que l’on emploie. En janvier, une autre équipe, conduite par Asifa Majid, a publié une étude sur deux populations d’Asie du Sud-Est, qui possèdent un vocabulaire très riche pour les odeurs. Ils diffèrent en cela des anglophones, qui nomment souvent les senteurs à partir de la source de ces dernières, précise Wired, tandis que les professionnels qui utilisent leur odorat relient une odeur à une autre semblable pour la décrire.
Les chercheurs ont ainsi demandé à 10 personnes parlant le jehai, une langue de Malaisie insulaire, et à 10 anglophones, de nommer des couleurs et des odeurs. Si les Américains s’en sont mieux sortis pour les couleurs, les participants qui parlaient le jehai étaient beaucoup plus cohérents en ce qui concerne les odeurs, et utilisaient un vocabulaire beaucoup plus abstrait.
Cela amène à deux conclusions différentes: Jay Gottfried estime que le langage abstrait permettrait de trouver plus facilement des termes descriptifs et donc de pallier le déficit neurologique qui existe lorsqu’on parle d’une odeur. Mais Asifa Majid considère que c’est parce qu’ils ont recalibré leur cerveau pour avoir accès à des descriptions olfactives que des peuples comme les Jehai possèdent ce langage. La difficulté des Occidentaux à décrire les odeurs par les mots ne date pas d’hier. Certains professionnels ont donc essayé d’y apporter leur solution. L’artiste chimiste Sissel Tolaas, avait par exemple proposé le nasalo, un langage proche de l’esperanto dont les termes recouvrent des notions abstraites, comme le «Fre» qui désigne «une rue mouillée et après une journée de soleil».