Sur 200 DH de dépenses en médicaments, 60 DH sont réservés aux antibiotiques
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Qu’en est-il du Maroc ? Les Marocains sont très friands d’antibiotiques. On parle d’abus de médication. Comme l’a indiqué Khalid Zouine, pharmacien à Casablanca, contacté par Libé, «2 millions de boîtes d’antibiotiques ont été consommées en 2013. Un chiffre revu à la hausse en 2014». Et d’ajouter :«Plus concrètement, il suffit de savoir que sur 200 DH de dépenses en médicaments, 60 DH sont réservés aux antibiotiques, soit 30%». Un état de fait qui s’explique aisément à plus d’un titre. Le recours à l’automédication est très fréquent favorisé par la vente libre des antibiotiques. Et pourtant, tient à rappeler M. Zouine, «la loi 17-04 portant Code du médicament et de la pharmacie est très claire. En effet, il y est bien indiqué que les médicaments (antibiotiques) relevant du tableau A et C ne peuvent être délivrés que sur ordonnance médicale». Encore des dispositions légales qui ne sont pas mises en application. C’est une chance sinon tous les pharmaciens seraient des hors-la-loi. Les résultats d’un tel dysfonctionnement sont très palpables à travers diverses études. M.Zouine fait état d’une étude effectuée entre 2002 et 2005 au sein d’un service de réanimation à Casablanca. Il s’avère ainsi que sur 286 patients soumis à un traitement par antibiotiques, 52% ont développé une résistance à une famille de pénicilline, 60% à une famille de pénicilline associée. Des chiffres qui en disent long sur l’usage abusif des antibiothérapies. Par ailleurs, 70% de la production générale de l’industrie pharmaceutique en antibiotiques est dédiée aux vétérinaires. Ce qui constitue un surplus de consommation à travers la viande, le lait…
La situation telle que décrite est loin d’être reluisante. On est en droit de se demander si des structures sont prévues en vue d’établir l’état de résistance des bactéries aux antibiotiques. Selon M. Zouine, rien n’est entrepris dans ce sens. Et d’indiquer :«Le problème se place à un niveau plus haut. En effet, en l’absence d’une vraie politique de santé, on se contente de réagir au cas par cas, adoptant ainsi des solutions de rafistolage. En attendant la réforme tant attendue, les industriels continuent de fabriquer leurs produits et les écouler sur un marché très demandeur. Et les citoyens continuent de leur côté à se «gaver d’antibiotiques».
Pour les responsables, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il n’y a apparemment pas encore feu en la demeure. Pourtant d’après l’OMS, 40% des décès dans le monde sont dus à la résistance aux antibiotiques.