​Le street art, remède pour panser les plaies d’un quartier de Malaga


AFP
Mardi 3 Février 2015

​Le street art, remède pour panser les plaies d’un quartier de Malaga
Le street art pour panser les plaies d’un quartier longtemps à l’abandon: c’est le parti pris par la ville espagnole de Malaga, au moment où ce mouvement artistique gagne ses lettres de noblesse dans le monde.
Les immeubles s’étalant sur une zone coincée entre le port et le fleuve Guadalmedina, connue sous le nom de “terrain Heredia”, ont conservé des traces de leur passé bourgeois du XIXe siècle. Mais avec le temps, ses rues sont devenues le refuge de prostituées et de trafics, des appartements ont été murés et les sex-shops, aux noms évocateurs de Hambourg ou Amsterdam, se sont multipliés.
Pourtant le quartier retrouve peu à peu des couleurs. Des espaces verts et piétons ont été aménagés, l’éclairage retravaillé, des façades repeintes.
Et pour rendre encore plus visible cette rénovation urbaine, ses artisans ont fait appel à des grands noms du street art. L’Américain Shepard Fairey, mondialement célèbre grâce à son portrait de Barack Obama “Hope” et le Britannique D*Face, ont réalisé deux énormes fresques accueillant le visiteur à l’entrée du quartier, sur un immeuble d’une dizaine d’étages.
Sur la première, une femme en noir et blanc arbore un message pour la “Paix et (la) liberté”, tandis que la seconde montre le visage d’un pilote de chasse, type bande dessinée, pour illustrer la paix et la guerre.
“Nous avons pensé que le street art pourrait contribuer à donner l’image culturelle que nous souhaitions”, explique Fernando Frances, directeur du Centre d’art contemporain de Malaga (CAC) et partie prenante au projet.
Une cinquantaine d’artistes ont eu carte blanche pour s’approprier façades et rideaux en fer de boutiques, acceptant le principe en vertu duquel leur travail sera voué à disparaître.
Un deuxième appel à projets a déjà été lancé pour réaliser de nouvelles oeuvres au printemps.
Avec le soutien de la mairie et du Centre d’art contemporain, des concerts et des expositions sont organisés, des galeries et magasins encouragés à s’installer dans le quartier renommé “SOHO”, un clin d’oeil à New York. “Il s’agit au départ d’une idée des habitants et de commerçants”, explique Fernando Frances.
Et, pour Pedro Marin Cots, chargé de l’urbanisme à la mairie, le résultat est à la hauteur des espérances: “Trente-quatre commerces ont été ouverts ou rénovés depuis juillet 2013”, date de lancement du projet, dit-il. Débusquer les artistes n’a pas été facile, raconte le directeur du musée. Même si cet art urbain a gagné en visibilité et en respectabilité, attirant par exemple 25.000 visiteurs en 2014 à Paris dans une tour du 13e arrondissement vouée à la démolition, ses acteurs sont encore souvent clandestins, travaillant sans autorisation et jaloux de leur anonymat.
Finalement une cinquantaine, Espagnols et étrangers, ont répondu présent dont le Chinois DalEast, le Belge Roa ou encore l’Espagnol Dadi Dreucol.
Pour ce dernier, natif de Malaga, âgé de 26 ans et dessinant dans la rue depuis l’âge de 12 ans, participer à cette aventure a représenté un formidable coup de pub. Cela lui a permis de décrocher une bourse pour aller travailler comme assistant dans une galerie à Cologne pendant trois mois.
Mouvement artistique protéiforme (graffitis, peintures murales, trompe l’oeil, pochoirs, stickers...) porté par des artistes qui sortent l’art des galeries pour l’afficher dans la rue et toucher directement le grand public, le street art connaît un succès croissant grâce à Internet. “Avant, les gens devaient se rendre où la peinture murale se trouvait. Aujourd’hui, tu peins dans la rue, quelqu’un fait une photo et une seconde plus tard, elle est visible au Japon”, constate-t-il.
Ainsi, avec son “Street art project” le géant américain de l’internet Google, fait découvrir des oeuvres à travers le monde entier, y compris Malaga.
Souvent ce sont les enfants des touristes de passage qui dénichent ces circuits d’art urbain et poussent leurs parents à passer par le quartier, raconte un autre artiste local, Javier Calleja, 44 ans.
Si les oeuvres sont plus ou moins du goût des habitants, 568.000 à Malaga, ils reconnaissent qu’elles ont contribué à améliorer leur cadre de vie.  


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