​Le ministre de la Communication convaincu de harcèlement

L’acharnement contre «Much loved» se poursuit


Mehdi Ouassat
Jeudi 18 Juin 2015

​Le ministre de la Communication convaincu de harcèlement
Interdire un film bien avant que son réalisateur ne demande l’autorisation pour le diffuser au Maroc, c’est bien l’exploit de Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication. En prenant la décision controversée d’interdire de projection de «Much loved» de Nabil Ayouch,  il n’a en aucun cas respecté l’article 25 de la Constitution et encore moins la procédure légale pour statuer sur la projection d’un film dans les salles obscures du Royaume. Pourtant, la Constitution de 2011 est claire et l’article 25 énonce que «sont garanties les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes leurs formes. Sont garanties également les libertés de création, de publication et d’exposition en matière littéraire et artistique et de recherche scientifique et technique». Un texte que le ministre semble ignorer en imposant des restrictions au secteur de l’audiovisuel afin qu’il soit en cohérence avec sa propre vision de «l’identité marocaine». 
Mustapha El Khalfi a le droit d’avoir ses goûts mais il doit, une fois pour toutes, renoncer à l’idée qu’il doit mettre celui des autres sous tutelle et surtout à cette tendance moralisatrice à l’extrême à l’égard du goût de la jeunesse marocaine.  En tout cas,  il n’a jamais été efficace de vouloir censurer quoi que ce soit.  Et tous ceux qui voulaient regarder ce film l’ont vu, chacun à sa manière. Certains en streaming,  d’autres devant leur petit écran après se l’avoir procuré à un prix dérisoire qui ne dépasse pas les 8 DH, alors que de jeunes étudiants ont décidé de le projeter en présence même du réalisateur dans une école supérieure de Rabat, une institution franco-marocaine qui se trouve être chapeautée par le PDG de la SNRT, Fayçal Laârichi. Sauf que même ceux-là n’ont pas échappé à  l’œil vigilant de Mustapha El Khalfi et à son sens de censure démesuré.  «Il a été décidé hier (lundi) d'adresser une correspondance de la part du  directeur du CCM à l'intéressé, sachant que la projection dans des  établissements requiert, en plus du visa d'exploitation commerciale,  l'obtention du visa culturel», a-t-il précisé en répondant à une  question orale à la Chambre des représentants.  Et d'affirmer que lors de la réunion du Conseil d'administration du CCM,  qui devait se dérouler mercredi, «l'accent sera mis sur la nécessité de respecter les lois en  vigueur, notamment en matière des questions en relation avec les principes  constitutionnels du pays». El Khalfi a également cité des cas d'interdiction de films dans plusieurs pays  «dont la Grande-Bretagne qui avait refusé un film évoquant des cas de violences  sexuelles en relation avec une famille juive et la France qui avait interdit un  film lors de la crise de Charlie-Hebdo». Mais ce que le porte-parole du gouvernement semble perdre de vue, c’est qu’en aucun cas un ministre de Communication de ces deux pays n’a affiché autant d’arrogance en prenant une telle décision de manière unilatérale mais celle-ci a été déléguée à une commission  compétente. D’ailleurs, même chez nous aussi, le texte est clair et l’article 8 de la loi n° 20-99 relative à l’organisation de l’industrie cinématographique affirme que «toute exploitation commerciale d’un film cinématographique sur le territoire national ainsi que du matériel publicitaire y afférent est subordonnée à l’obtention d’un visa délivré par le directeur du Centre cinématographique marocain sur décision d’une commission, dite commission de visionnage des films cinématographiques, qui siège audit centre». 
Si le ministre de la Communication est tellement soucieux des valeurs des Marocains qui doivent être défendues et de l’image de la femme marocaine, il doit avant tout s’inquiéter de la situation de ces femmes exploitées régulièrement et réduites à la prostitution, de ces mamans qui, faute d’infrastructures, accouchent devant les portails d’hôpitaux, de ces fillettes qui sont mariées contre leur gré alors que leur place est toujours sur les bancs de l’école. Mais pour El Khalfi, cela ne fait pas partie de ses préoccupations, puisque, pour lui, il y a priorité et priorité… 


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1.Posté par abirosabil le 18/06/2015 11:06
le problème ne s'arrête pas à ce que dit ce monsieur, mais l'absence de la réaction officiel de cette entité dormante qui est la CCM: un mort-vivant.

Au moins des fois à l'époque de sitail, on entendait de temps en temps des réactions qui montrait que la CCM n'était pas un bureau d'enregistrement des déoléance de l'état.

mais le nouveau, il est complétement out. Il faudra au moins quelqu'un qui puisse dire non haut et fort quand il le faut. Mais les béni oui-oui sont légions dans ce pays partout sans exception.

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