​Le combat médiéval, entre amour de l'histoire et ivresse de la bagarre


Mardi 10 Février 2015

​Le combat médiéval, entre amour de l'histoire et ivresse de la bagarre
Du fracas des épées aux hommes roulant sur le sol, le "combat médiéval" pousse loin le réalisme et attire de plus en plus d'adeptes, qui conjuguent goût de l'histoire et joies simples de la bagarre.
"J'ai toujours aimé l'idée de la baston - quel petit garçon ne veut pas frapper quelqu'un d'autre avec une épée ?", confie à l'AFP Luke Woods, participant anglais de 28 ans à l'"Ascension des Chevaliers" dans un hangar de Bernau, près de Berlin.
Antichambre du championnat du monde organisé fin avril près de Gdansk, en Pologne, le tournoi allemand est passé d'une poignée d'équipes engagées pour sa première édition, en 2013, à une trentaine cette année.
Venus de toute l'Europe, les groupes de cinq concurrents s'y défient vêtus d'armures de 25 kilos, maniant épées, haches et masses, et peuvent librement multiplier coups de pied, coups de poing et croche-pieds.
"Pour moi, cela combine tout ce que j'aime dans le rugby, le combat et l'histoire", poursuit Luke Woods, ancien rugbyman qui enseigne désormais le tir à l'arc.
Malgré ses 20 pages de réglementation et la présence de plusieurs arbitres, couvant l'arène close d'un oeil vigilant, le combat médiéval n'a rien à voir avec les simulations chorégraphiées où personne ne se fait mal.
"On a envoyé un gars à l'hôpital avec une coupure à l'oeil, pas mal de bleus, un bras et une jambe cassés", explique Adam Nawrot, vice-président de la Fédération internationale de combat médiéval (IMCF).
Pour peu que les casques soient mal ajustés, les commotions ne sont pas rares, ajoute Luke Woods, de même que les genoux ou les épaules déboîtées. Un assaut "représente pas mal de poids sur une articulation", dit-il avec un certain sens de l'euphémisme.
"Parfois un brouillard rouge vous envahit", complète Pawel Kurzak, 36 ans, membre des "Battle Heritage Lions", vainqueurs anglo-gallois du tournoi en 2014, défaits cette année en finale par l'équipe polonaise. 
A la différence des moeurs du Moyen Age, triompher n'implique pas de tuer son adversaire. Il suffit de le mettre à terre, et la victoire se décide au meilleur des trois rounds.
Frapper au cou, au pied, à l'arrière des genoux, à l'entrejambe ou à la gorge est strictement interdit, et rouer de coups un adversaire au sol vous vaudra un carton jaune.
"Les combats ressemblent à une énorme pagaille, mais c'est très organisé", assure Julien Roumaud, charpentier de 33 ans, qui a fait 18 heures de route depuis l'Auvergne pour rejoindre l'équipe française.
Ainsi le tranchant des armes doit-il être "émoussé afin qu'il ne soit pas coupant", selon le règlement de l'IMCF, tandis que chaque armure - dont la valeur avoisine les 1.200 euros - doit provenir d'une période historique précise.
Pour Julien Roumaud, "c'est un sport complet. Vous devez être en parfaite condition pour courir tout en supportant une lourde armure - c'est pour ça que j'ai arrêté de boire".
"Je m'entraîne environ huit heures par semaine - technique et stratégie, plus beaucoup de travail cardio comme de la boxe", raconte-t-il, décrivant "l'adrénaline" en plein combat. "Bien sûr que vous avez peur, mais c'est une bonne peur, qui aiguise l'esprit".
Pour Pawel Kurzak, qui rêve de rejoindre la sélection anglaise aux championnats du monde, la discipline rassemble "toutes sortes" d'adeptes, "des informaticiens geeks aux banquiers et aux avocats - il y a même un spécialiste des fusées dans l'équipe d'Allemagne".
"La culture occidentale a évolué de telle sorte que plus personne ne veut blesser ni offenser personne. Mais ici, vous avez deux équipes qui acceptent les dangers et le défi", estime-t-il.
"Nous sommes amis en dehors de l'arène, mais à l'intérieur c'est une histoire très, très différente", ajoute cet ancien rugbyman, responsable de sécurité à temps partiel, séduit dès son premier contact avec le combat médiéval.


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