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Les faits remontent à la mi-avril dernier. Des parents se rendent à l’arrondissement d’Aïn Chock à Casablanca. Ils viennent d’avoir un superbe garçon qu’ils ont choisi d’appeler Eri, un prénom amazigh. Une simple formalité, pensaient-ils depuis les déclarations rassurantes du ministre de l'Intérieur qui a très officiellement annoncé la fin de l’interdiction des prénoms amazighs. Une interdiction tacite puisque les services de l’état civil aussi bien au Maroc qu’auprès des consulats du Maroc n’ont jamais été notifiés d’une telle mesure discriminatoire.
Très vite, les deux parents vont déchanter. Pas question pour le préposé à l’état civil d’inscrire le prénom « Eri ». « Choisissez un autre prénom », leur suggère-t-il. Les parents résistent. Ils ont choisi Eri comme prénom à leur petit garçon né le 4 avril 2015. Ils ne comprennent pas que l’Etat veuille s’immiscer dans un choix personnel censé être libre.
Résultat, le petit garçon né il y a une vingtaine de jours dans une clinique casablancaise est toujours sans prénom. « Cet enfant est privé de la personnalité juridique parce que le service de l’état civil d’Aïn Chock en a décidé ainsi », s’insurge l’avocat et activiste amazigh, Ahmed Arrehmouch.
Dans les milieux de l’amazighité, l’indignation est à son comble. Le Bureau fédéral de la Fédération nationale des associations amazighes vient d’adresser une lettre ouverte au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. La même missive de protestation a été envoyée aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, au délégué interministériel aux droits de l’Homme, au président du CNDH et aux présidents des groupes parlementaires des deux Chambres. Une copie de la correspondance a été également envoyée au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des Nations unies, à Genève. « Nous demandons une intervention immédiate pour que justice soit rendue à cette famille et ce en annulant la décision de radiation mentionnée sur l’acte de naissance et en inscrivant le prénom Eri", explique un membre du bureau fédéral.
Rendre justice à une famille
et à l’identité d’un pays
La protestation du bureau fédéral de la Fédération nationale des associations amazighes est vive. Les activistes réclament le droit à la personnalité juridique et le droit à l’identité à travers « la mise en vigueur des dispositions du deuxième alinéa de l'article 14 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, ratifiée par le Maroc le 18 décembre 1997 ; par la création d'une institution conformément aux termes de la Déclaration de Paris en 1993, qui se concentre sur la réception et l'examen des plaintes présentées par les individus et les groupes qui ont été victimes d'une violation d'un des droits énoncés à ladite Convention ».
Dans leur lettre ouverte au chef du gouvernement, les associations amazighes rappellent que la Constitution stipule « la diversité des dimensions de l'identité marocaine, notamment, dans son article 5 qui stipule la constitutionnalisation de la langue amazighe comme langue officielle du Maroc ».
« Plus important encore, le Maroc s’est engagé à l’occasion de la discussion du Rapport de l’examen périodique universel devant le Conseil des droits de l'Homme lors de sa dernière session tenue à Genève, le 20 juin 2014, à respecter les nouvelles dispositions de la Constitution y compris le droit des amazighs à la nomination de leurs enfants par des prénoms Amazighs », fait valoir le Coordonnateur national de la Fédération nationale des associations amazighes, Ahmed Arrehmouch avant d’appeler fermement à la modification et/ou l’annulation de lois consacrant la discrimination raciale au Maroc. « Pour l’heure, les droits linguistiques et culturels des Amazighs ne sont qu’un simple slogan du gouvernement en place », conclut-il.