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Devant un parterre de journalistes venus de tous bords assister à la conférence de presse qu’il a donnée ce mercredi à Rabat, Louardi a indiqué qu’en deux ans, le nombre de bénéficiaires du RAMED a atteint 8,5 millions de personnes ; que le taux d’accès aux soins a crû de 56%, que celui de l’accès aux hôpitaux a grimpé de 64% et que les accouchements dans les établissements hospitaliers ont augmenté de 40%.
Mieux, les années allant de 2012 à 2014 ont également enregistré la baisse des prix de 1.700 médicaments, la mise en service de 74 nouveaux établissements de santé, la création de 40 unités d’urgences médicales de proximité, la mise à disposition de trois hélicoptères, l’acquisition de 226 unités de transport médical urgent et la liste est longue.
Le volet législatif et réglementaire a été également mis en exergue. Le ministre semble fier de ses 81 lois et décrets, même celui qui en est le plus controversé, à savoir celui afférent à l’exercice de la médecine et à l’ouverture du capital des cliniques privées aux investisseurs non médecins.
Mais, en homme de communication aguerri, Louradi sait pertinemment qu’il faut mettre un peu d’eau dans sa tasse de lait. Pour lui, les deux ans en question n’ont pas été marqués que par les seules réalisations, certaines failles relatives aux infrastructures, aux équipements biomédicaux, aux ressources humaines, à la gestion et à la gouvernance persistent encore. Tel est le cas pour la répartition des médecins à travers le territoire national. Le ministre a indiqué à ce propos que 45% de ceux-ci exercent sur l’axe Rabat-Casablanca et 25% dans le monde rural.
Pourtant, l’enthousiasme et les chiffres de l’ancien responsable des services des urgences au CHU et professeur à la Faculté de médecine de Casablanca ne résistent pas trop devant la réalité inquiétante et parfois alarmante du secteur de la santé au Maroc. Le cas de Souss-Massa est patent. Un rapport révélé par le journal «L’Economiste» a indiqué que les infrastructures hospitalières relevant du ressort territorial de la région disposent d’équipements sanitaires obsolètes et mal entretenus. Certaines d’entre elles ne disposent ni de l’Imagerie par résonance magnétique (IRM) ni d’équipements de radiologie. Idem pour les appareils et instruments chirurgicaux qui sont dans un état de délabrement qui menace la sécurité des patients, précise le rapport. Pour ce qui est des ressources humaines, le service des urgences et celui de l’ophtalmologie à la seule ville d’Agadir ne dispose que d’un seul médecin. Le déficit se ressent aussi au pavillon «Maternité» qui souffre d’une faible capacité d’accueil et d’un manque de personnel soignant, avec au total, 4 médecins et 12 sages-femmes. Sachant que quelque 10.000 opérations naturelles et 1.800 césariennes sont effectuées dans ce bloc annuellement. Quant au service de réanimation pour adultes, il ne fonctionne qu’avec 2 médecins et il n’a qu’une capacité d’accueil de 10 lits. Pis, il n’y a pas de service de réanimation pédiatrique. C’est le cas également à Tiznit, Zagora et Ouarzazate, où il n’y a pas de scanner, ni de radiologie, ni d’équipements adéquats. Les patients qui en ont besoin sont obligés de faire le déplacement à Agadir…Et prier pour que le scanner de l’hôpital Hassan II ne soit pas en panne, comme c’est souvent le cas. En plus de cela, Zagora manque d’unités mobiles adaptées aux reliefs de la province et d’une absence de cliniques privées. A Chtouka Ait Baha, les besoins urgents sont l’équipement de la salle de déchoquage, le matériel pour les spécialités dermatologique et orthopédique et d’un «Doppler» pour le service cardiologie.
A Tiznit, la situation n’est guère réjouissante non plus: 2 médecins spécialisés et 7 généralistes ont la lourde tâche de veiller sur la santé de toute la ville. Un déficit qui risque d’empirer l’année prochaine avec le départ à la retraite du médecin gynécologue et de 5 infirmiers qualifiés. En attendant, la structure qui continue de tourner sans ophtalmologue ni cardiologue, a été contrainte de prendre directement en charge le centre de dialyse après le retrait de l’association qui s’en occupait. A cela s’ajoute la gestion des déchets hospitaliers. En ce qui concerne l’hôpital d’Inezgane, l’urgence est de réhabiliter le réseau et les canaux d’oxygène en plus de l’entrepôt pharmaceutique. A Tinghir et Sidi Ifni, les mêmes besoins s’en ressentent. A savoir : absence de services, sous-équipements et insuffisance en ressources humaines, etc..
Mais, il n’y a pas que les régions éloignées de la capitale politique du pays qui en souffrent, la situation n’est guère reluisante même dans le Maroc jadis dit utile. C’est le cas du CHU Ibn Sina de Rabat qui tourne depuis dix ans sans chauffage ni eau chaude. Pis, les appareils de radiologie et de scanner sont souvent à l’arrêt faute d’électricité et de maintenance. Idem pour le système de climatisation des blocs opératoires qui tombe souvent en panne, obligeant ainsi le personnel médical à reporter des opérations chirurgicales.
Louardi n’a pipé mot de tout cela se contentant de se gargariser de sa lutte donquichottesque contre Bouya Omar. Les médecins frais et émoulus qui étaient en sit-in depuis la veille pour manifester leur colère ne sont nullement convaincus convaincus. A preuve, ils exprimaient par leur geste une position que le ministre a tenté de dissimuler par ses nombreuses circonlocutions, mais que la réalité quotidienne rend encore plus amère.