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Les projecteurs sont de nouveau braqués sur la HACA après le concert de Jennifer Lopez à Rabat. L’artiste mondialement connue s’est produite vendredi 29 mai, à Rabat, dans le cadre du Festival Mawazine. Sur scène, Jennifer Lopez a fait du Jennifer Lopez. Ni plus ni moins. Sans surprise, son concert a été diffusé, en différé, par 2M. «Cette diffusion a fait l’objet d’une bande- annonce. Tout le monde savait que le concert allait être retransmis», précise ce cadre dirigeant de la chaîne d’Aïn Sebaa.
Une posture électoraliste
Encore tout auréolé de l’interdiction (illégale) de «Much Loved», le dernier film de Nabil Ayouche, Mostafa El Khalfi se fend d’un twitt dans la nuit de vendredi à samedi pour dire tout le mal qu’il pensait de cette télévision qui diffuse des images «inacceptables et contraires à la loi». De Washington et toujours sur son compte Twitter, il promet de ne pas en rester là. «Je vais saisir la HACA qui est chargée de veiller au respect des lois audiovisuelles qui régissent le secteur et le Comité d’éthique de 2M pour qu’il examine la dimension éthique de la diffusion du concert», annonce-t-il en direct de Washington. L’information est de taille. Mais étrangement, elle ne fait pas l’objet d’un communiqué transmis à l’Agence Maghreb Arabe Presse.
A 2M, on ne veut surtout pas servir de cheval de Troie. Pas question d’attaquer une télévision pour mieux s’en prendre à un festival à la réputation désormais mondiale. La polémique sur la petite tenue de Jennifer Lopez et sa chorégraphie lascive a pris des proportions politiques au sein du PJD. «Les islamistes au pouvoir sont aujourd’hui en train de défendre le modèle de société qui est le leur. Depuis qu’ils sont au pouvoir, on ne les a plus entendus critiquer Mawazine et les stars qui y défilent. Shakira non plus n’était pas si couverte que cela. Sauf que cette année, Mawazine est organisé à trois mois d’élections communales et régionales. Quelques jours avant l’ouverture de Mawazine, Rabbah, ministre et poids lourd du PJD, a fait une déclaration pour dénoncer la tenue vestimentaire des artistes de Mawazine. Il est clair que le parti du chef du gouvernement est à la reconquête de ses troupes qu’il a toujours nourries au biberon de l’art propre, de la morale religieuse. Après l’interdiction du film de Nabil Ayouch, voici venu le tour de Mawazine ».
Au PJD, l’affaire prend des proportions…électoralistes. Sur sa page Facebook, le député islamiste de Casablanca, Abdessamad El Idrissi, ne mâche pas ses mots. Pour lui, l’organisation de Mawazine est à inscrire sur le tableau noir des échecs du gouvernement. « Le haut patronage Royal ne peut en aucun cas être une raison d’empêcher de dire que Mawazine est un vice et une violation de la pudeur publique. Nous ne pouvons plus tolérer cette honte qui porte atteinte aux valeurs du peuple et de la Nation», écrit-il sur sa page.
La longueur des tenues des artistes et le nombre de gros mots d’un film
La machine islamiste s’est très vite déclenchée. Le Mouvement unicité et réforme, le bras religieux du PJD, a lui aussi vivement réagi, s’en prenant avec force à 2M et à la diffusion d’images immorales. Dans un meeting organisé ce week-end, l’un des représentants de la chabiba du parti déclare ouverte la guerre contre Mawazine. «Peu importe qui est derrière ce festival, nous devons le combattre», dit-il en substance.
Aujourd’hui, c’est le ministre de la Communication qui entend décider de ce que les Marocains peuvent voir ou pas à la télévision. « Au lieu de se préoccuper de la longueur de la tenue des artistes de Mawazine et de compter le nombre de gros mots contenus dans le film de N. Ayouch, El Khalfi devrait plutôt s’atteler à mener des réformes dans le secteur de la presse et de la communication qui ne s’est jamais aussi mal porté. Aucune de ses réformes n’a jusque-là abouti », conclut ce cadre de 2M.