​L'Inde à la peine pour empêcher les fous du volant de sévir


Mercredi 8 Avril 2015

​L'Inde à la peine pour empêcher les fous du volant de sévir
Un mois après la mort de son fils, écrasé par deux bus alors qu'il revenait à pied du lycée à New Delhi, Anita Rajput ne peut imaginer laisser son dernier enfant rentrer seul chez lui.
"Y a-t-il eu du changement? Comment puis-je le laisser sur la route? Que se passera-t-il s'il lui arrive la même chose?", dit-elle à l'AFP, les larmes aux yeux.
Les routes indiennes figurent parmi les plus dangereuses au monde, avec plus de 200.000 morts par an, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces décès sont le plus souvent imputés à une législation défaillante, peu respectée par les conducteurs et mal appliquée par des policiers parfois corrompus.
Après des années d'inaction, le gouvernement propose de durcir la loi en alourdissant les amendes pour excès de vitesse et conduite dangereuse, qui dans certains cas aujourd'hui ne dépassent pas deux euros.
Victimes et experts attendent impatiemment la refonte de la loi en vigueur, qui date de l'ère coloniale britannique, mais son examen a récemment été repoussé à la fin avril au plus tôt.
"Une nouvelle loi vaut la peine, même si elle ne sauve qu'une vie", dit Pulkit Kumar, 29 ans, resté paralysé après avoir eu la colonne vertébrale écrasée dans un accident de moto. Un bus l'a percuté alors qu'il attendait au feu sur sa moto, en rentrant chez lui à Noida, près de Delhi.
Contraint d'abandonner son emploi et confronté à de gros frais hospitaliers, Kumar espère au moins que justice lui sera rendue.
Mais quatre ans après l'accident, son affaire s'est enlisée dans les méandres de la justice indienne et il n'a reçu aucune indemnisation.
"C'était un bus public et je n'ai reçu aucune indemnisation ni visite de courtoisie d'un responsable", explique Kumar à l'AFP depuis chez lui, dans l'Etat voisin de l'Uttar Pradesh.
Avec plus de 231.000 décès par an, selon un rapport de l'OMS de 2013, l'Inde affiche un terrible bilan puisqu'elle représente 15% des accidents mortels pour seulement 1% du parc automobile mondial, selon la Banque mondiale.
La corruption est le coeur du problème, estiment les militants de la prévention routière.
"Nous vivons avec un système désastreux. La corruption est partout, de la construction des routes à l'obtention des permis et jusqu'aux amendes qui sautent", dit Anurag Kulshrestha, président de l'association trafficZam, lit-on dans une dépêche de l’AFP.
Il épingle également l'état pitoyable du réseau routier, souvent mal conçu et insuffisant pour faire face aux milliers de nouveaux véhicules qui affluent chaque jour, à la faveur du développement de la classe moyenne.  Le gouvernement a promis dans son dernier budget de construire 100.000 km supplémentaires de routes et d'accroître de 11,3 milliards de dollars les dépenses d'infrastrucutres.
En attendant, les automobilistes disputent la route aux camions, bus, taxis, charrettes, vaches et aux piétons obligés de s'aventurer sur des chaussées défoncées, les trottoirs étant inexistants ou obstrués par des étalages.
Séparer les véhicules selon leur taille et multiplier les contournements routiers pour poids-lourds et les pistes cyclables, améliorerait la situation, estiment les experts.
Et "la sécurité routière doit être enseignée à l'école, nous devons préparer nos enfants", souligne S. Velmurugan, un spécialiste du Central Road Research Institute basé à Delhi, auprès de l'AFP.
La présence de familles entières circulant à moto sans casque est monnaie courante sur les routes indiennes. 
La nouvelle proposition de loi s'intègre dans un plan à cinq ans du gouvernement pour réduire la mortalité sur les routes.
Elle fera peu pour endiguer la corruption ou améliorer la prévention routière, mais prévoit sur le front répressif de porter à des montants de 50 à 250 euros les amendes pour un feu rouge grillé, une absence de ceinture ou un excès de vitesse, contre moins de 2 euros actuellement.


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