​Entre le Cambodge et la Thaïlande, nouvelle terre redoutée du trafic d'organes


AFP
Mardi 4 Novembre 2014

​Entre le Cambodge et la Thaïlande, nouvelle terre redoutée du trafic d'organes
Une longue cicatrice barre le flanc de Chhay. Souvenir d'une opération dont il espérait qu'elle éponge les dettes de sa famille, mais qui fait de lui une des premières victimes du trafic d'organes au Cambodge.
Chhay vit dans une petite maison d'une seule pièce avec neuf membres de sa famille, dans une banlieue de Phnom Penh.
Ce Cambodgien de 18 ans tente de se remettre de ce qu'il décrit comme une terrible erreur: la vente d'un de ses reins, pour 3.000 dollars.
Il lui a été prélevé il y a deux ans, en toute illégalité, dans un hôpital ultra-moderne de Bangkok, plaque tournante du tourisme médical en Asie.
Il a porté plainte et deux trafiquants ont été interpellés.
Le jeune Cambodgien dit avoir été persuadé de donner son rein par une voisine. "Elle savait que nous étions très pauvres et que ma mère était endettée", explique le jeune homme, qui a demandé à ce que son prénom soit changé dans l'interview.
De telles histoires sont courantes en Inde ou au Népal, où les trafiquants sont très implantés.
Les réseaux internationaux de trafiquants fourniraient jusqu'à 10.000 des quelque 100.000 transplantations annuelles réalisées à travers le monde, selon les dernières estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Après avoir découvert que les trafiquants empochaient 10.000 dollars par rein, Chhay et deux autres jeunes de la minorité musulmane chaan, marginalisée au Cambodge, ont décidé de porter plainte.
Les trafics en tous genres sont légion au Cambodge, de la prostitution à l'esclavage industriel. Mais le trafic d'organes n'était pas sur les radars jusqu'ici.
Un trafic d'organes dans un hôpital militaire de Phnom Penh a été évoqué en août par la presse.
Prum Sonthor, haut responsable de la police de Phnom Penh en charge de l'enquête, évoque seulement un stage de perfectionnement pour des chirurgiens cambodgiens et chinois réalisant des greffes.
"Je veux dire aux autres de ne pas se faire retirer un rein comme moi. Je regrette. Je ne peux plus travailler dur, même marcher m'épuise", soupire Chhay en regardant des garçons de son âge jouer au football.
Il a trouvé du travail dans une usine textile l'été dernier, malgré les séquelles de l'opération. L'OMS s'inquiète des complications chez les patients ayant donné leurs reins, qui n'ont souvent pas les moyens de se faire suivre.
En Thaïlande, plusieurs hôpitaux sont sous le coup d'une enquête pour leur rôle dans ce trafic. Les enquêteurs se penchent notamment sur les faux certificats de parenté entre donneur et greffé, comme le prévoit la législation.
"Nous avons demandé aux hôpitaux d'être plus vigilants", assure à l'AFP le président du Conseil médical de Thaïlande, Somsak Lolekha.
Le marché noir des organes est florissant, en raison de la hausse du nombre de patients en attente d'une transplantation.
Rien qu'en Thaïlande, plus de 4.300 personnes étaient sur liste d'attente pour une greffe selon les statistiques d'août. 
Et sur les 581 reins transplantés l'an dernier, seule la moitié provenait de donneurs décédés, selon les chiffres de la Croix-Rouge thaïlandaise.
Cette dépendance aux greffes issues de donneurs vivants ne cesse d'augmenter à travers le monde, avec des patients se tournant vers le marché noir quand aucun de leurs proches ne peut leur céder un rein.
La Croix-Rouge de Thaïlande, qui supervise le don d'organes, a lancé en avril un programme-pilote qui oblige les hôpitaux à fournir une fiche détaillée concernant les donneurs vivants.
"Avant, ils pouvaient venir en Thaïlande sans que nous le sachions... C'est pour cela que nous avons demandé que soit créé un registre des donneurs vivants", explique le directeur de la Croix-Rouge, Visist Dhitavat. 


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