​Au Pakistan, le "Fight Club" cherche à sortir de l'ombre


AFP
Mardi 16 Décembre 2014

​Au Pakistan, le "Fight Club" cherche à sortir de l'ombre
Dans un gymnase planqué en sous-sol, des ados pakistanais gorgés de testostérone se prennent à bras le corps puis se frappent avec une féroce énergie. Au "pays des Purs", les combats extrêmes séduisent de plus en plus de jeunes sous l'impulsion de l'étoile montante, le trapu Bashir Ahmad.
Cocktail d'arts martiaux, de lutte et de boxe, la MMA (Mixed Martial Arts) connaît une progression fulgurante à travers le monde. Les combats sanglants de ces gladiateurs des temps modernes attirent des milliers de spectateurs, des millions en comptant ceux qui suivent leurs héros musclés à la télé ou sur le web.
Au Pakistan, ils sont déjà 500 irréductibles à se jeter corps et âme dans ce sport extrême dont l'intensité jure avec les ronronnantes et interminables joutes de cricket, le sport national, entrecoupées de "pauses pour le thé".  Ce jour-là, dans son gymnase de Lahore, principale ville de l'est du pays, Bashir Ahmad, maître du dojo (salle d'arts martiaux) local, arbitre des combats endiablés de ju-jitsu et de boxe entre jeunes tantôt filiformes, tantôt aux muscles saillants dans leurs maillots moulants. Tous transpirent sous les vivats de lutteurs qui attendent leur tour et dont les cris sans équivoque -- "Du sang! Du sang!" -- percent les tympans.
Douze ans à peine et un uppercut du tonnerre, Dawood Shahid, a longtemps suivi sur le petit écran, comme des millions d'autres Pakistanais, la lutte américaine WWE (World Wrestling Entertainment) et ses combats-spectacles scénarisés, avant de passer récemment au "combat libre". "La WWE, c'est truqué, la MMA c'est du réel", lance-t-il après son combat d'entraînement.
La MMA s'est propagée au Pakistan par un cercle d'intimes gravitant autour de Bashir Ahmad. Petit, barbe finement taillée, droit dans ses bottes et fort comme un bœuf, ce Pakistanais a été démineur en Irak pour l'armée américaine, avant de se consacrer aux arts martiaux aux Etats-Unis et de faire un saut en MMA en Thaïlande où il a combattu en amateur sous le pseudonyme de "Somchaï", "homme" en thaï.
En 2009, il rentre au Pakistan, s'entraîne, ouvre son club et organise avec ses amis des galas de "combat extrême" dans des cages métalliques, faisant naître une scène locale underground.
Puis vient la consécration, l'an dernier. Le championnat asiatique ONE, sorte de deuxième division de la MMA, derrière l'UFC américaine et ses stars millionnaires comme le Québécois George St-Pierre, alias "GSP", approche Bashir pour un combat à Singapour, qu'il remporte non sans quelques ecchymoses. Pour la première fois, le Pakistan compte une star de "combat extrême".
Ce succès galvanise les jeunes fans de la discipline au Pakistan, sans toutefois enflammer le reste du pays, toujours accro au cricket ou à la lutte traditionnelle. 
Aujourd'hui, le combat extrême pakistanais cherche à faire mentir l'adage du personnage de Brad Pitt dans le film "Fight Club", où des hommes écument leur nuit dans des combats secrets: "La première règle du fight club est: il est interdit de parler du fight club". Au contraire, ils cherchent à sortir de l'ombre. 
Mais ce sport peine encore à intéresser les télévisions locales, passage obligé pour faire décoller la discipline auprès du grand public. "Depuis un an, j'ai fait le tour des chaînes pakistanaises en leur disant: + J'ai une bonne idée, j'ai des bons lutteurs, j'ai un ring.... Nous pourrions diffuser un spectacle de MMA+", lance Sheikh Sultan Shahid, promoteur de "combat libre" qui a ouvert cet été un énorme club de gym à Lahore. Sans succès. "Les chaînes m'ont dit: +Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ce n'est pas du cricket!", dit-il. 


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