Witkoff et Araghchi, les pilotes des discussions américano-iraniennes sur le nucléaire


Libé
Mardi 15 Avril 2025

Witkoff et Araghchi, les pilotes des discussions américano-iraniennes sur le nucléaire
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, se sont rendus à Oman samedi pour des entretiens décisifs sur le programme nucléaire de Téhéran.

Voici les portraits de ces deux négociateurs:

Magnat de l'immobilier, sans expérience en matière de politique étrangère, Steve Witkoff a décroché à 68 ans le poste crucial d'émissaire du président américain au Moyen-Orient, et a depuis mené des pourparlers à fort enjeu sur Gaza et l'Ukraine.

Donald Trump, dont il est un ami proche, l'a crédité d'avoir arraché la trêve entrée en vigueur le 19 janvier à Gaza entre Israël et le Hamas. Rompue deux mois plus tard, elle a permis le retour en Israël de 33 otages du Hamas, incluant huit morts.

Originaire du Bronx, à New York, M. Witkoff a fait fortune d'abord en tant qu'avocat d'affaires, puis à la tête de grandes sociétés immobilières. En 1997, il a fondé le Witkoff Group, où sa femme et son fils travaillent.
Partenaire de golf régulier de Donald Trump, ce milliardaire est le premier responsable américain à s'être rendu dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque contre Israël du mouvement islamiste palestinien, le 7 octobre 2023.

Il a défendu le projet Trump d'une prise de contrôle américaine du territoire palestinien et de l'expulsion de ses habitants. "Lorsque le président parle de +faire le ménage+, il parle de rendre (Gaza) habitable", a-t-il déclaré à des journalistes.

"Et ce type connaît l'immobilier", avait-il dit au côté du conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz.
M. Witkoff a également été le fer de lance des négociations sur l'Ukraine, après la volte-face opérée par Donald Trump par rapport à la politique de son prédécesseur, Joe Biden, à l'égard de la Russie, et s'est rendu à Moscou le 13 mars pour rencontrer le président Vladimir Poutine.

M. Witkoff s'est attiré les critiques du dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour avoir fait l'éloge de M. Poutine et sembler légitimer une annexion par la Russie de territoires ukrainiens.
En mars, il a aussi mené en Arabie Saoudite des discussions sur l'Ukraine, exprimant son optimisme sur la possibilité d'atteindre un cessez-le-feu "complet".

Mais si M. Trump s'est fixé comme objectif de mettre fin aux guerres que son prédécesseur n'a pas pu arrêter, le succès de son émissaire à Gaza a été de courte durée, Israël, allié des Etats-Unis, ayant repris ses frappes intenses le 18 mars. Concernant l'Ukraine, le président russe n'a accepté qu'une trêve partielle.
Connu pour son ouverture à l'Occident, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a joué un rôle crucial en 2015 pour la conclusion d'un accord historique entre l'Iran et les grandes puissances sur le nucléaire.

Ce diplomate chevronné de 62 ans, issu d'une famille qui a fait fortune dans le commerce de tapis, a passé toute sa carrière au sein du ministère iranien des Affaires étrangères.

En 1979, juste après la Révolution islamique, il rejoint les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, et part au front pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988).
A la fin du conflit, il est recruté en tant qu'expert pour les questions internationales au ministère.
Diplomate de carrière depuis plus de trois décennies, il parle couramment l'anglais.

Barbe grise et cheveux poivre et sel, toujours vêtu d'un costume et d'une chemise blanche col Mao sans cravate, à l'image de tous les responsables iraniens, il est connu pour son ton calme et posé.
Il est diplômé de l'université du Kent, au Royaume-Uni, où il a obtenu en 1996 un doctorat de sciences politiques.

Le président réformiste Massoud Pezeshkian, en poste depuis l'été dernier, l'a nommé chef de la diplomatie en août 2024, avec l'objectif de renouer le dialogue avec les Occidentaux. Abbas Araghchi les connaît bien pour avoir été côté iranien le chef des négociateurs en 2015.

L'accord international alors conclu sur le nucléaire a été torpillé trois ans plus tard par la décision des Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, de s'en retirer.

M. Araghchi reste un fervent soutien de ce texte négocié entre son pays et les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, Etats-Unis, France et Royaume-Uni) ainsi que l'Allemagne.
Lors d'un discours en août devant le Parlement iranien, il avait indiqué que "la mission" de son ministère était de "poursuivre de manière digne les négociations" sur le nucléaire "pour obtenir la levée des sanctions" économiques.


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