Présidentielle en Equateur : Noboa cherche la réélection, Gonzalez la revanche


Libé
Mardi 8 Avril 2025

Présidentielle en Equateur : Noboa cherche la réélection, Gonzalez la revanche
L'un veut se faire réélire au terme d'un bref mandat axé sur la lutte contre la criminalité, l'autre souhaite incarner le retour au pouvoir de la gauche : le président entrepreneur Daniel Noboa et l'avocate Luisa Gonzalez s'affronteront dimanche lors du second tour de la présidentielle en Equateur, qui s'annonce très disputé.
Le président entrepreneur Daniel Noboa et l'avocate Luisa Gonzalez s'affronteront dimanche lors du second tour de la présidentielle en Equateur, qui s'annonce très disputé
Après un court mandat consécutif aux élections d'octobre 2023 pour terminer celui de son prédécesseur démissionnaire Guillermo Lasso, le président sortant Daniel Noboa, fils d'un magnat de la banane, espère bénéficier de sa politique de main de fer contre le narcotrafic qui gangrène le pays, autrefois havre de paix.

Sa principale rivale a créé la surprise en le talonnant au premier tour, en février. Dauphine de l'ancien président Rafael Correa (2007-2017), Luisa Gonzalez entend redonner le pouvoir à la gauche et devenir la première femme à diriger l'Equateur.

Sportif au teint hâlé, millionnaire et très actif sur les réseaux sociaux, Daniel Noboa, 37 ans, figure parmi les plus jeunes chef d'Etat au monde.
Né aux Etats-Unis et diplômé de prestigieuses universités étrangères, il est le fils de l'homme d'affaires Alvaro Noboa, cinq fois candidat malheureux à la présidence.

Surprise du premier tour en 2023, où son discours ferme a séduit alors qu'un candidat présidentiel était assassiné en pleine campagne électorale, Daniel Noboa n'avait jusque-là qu'une maigre expérience en politique.
 
Il a conquis des soutiens grâce à une spectaculaire offensive contre le narcotrafic, marquée par l'envoi de militaires dans les rues et dans les prisons où il a exhibé des détenus à demi nus, ce qui lui a valu des comparaisons avec son homologue salvadorien Nayib Bukele.

Comme au Salvador, il est critiqué par des organisations de défense des droits humains pour les états d'urgence prolongés dans plusieurs régions du pays et des soupçons de bavures de la part des forces de l'ordre.

S'il s'attribue le mérite d'avoir réduit un taux d'homicide record de 47 pour 100.000 habitants en 2023, à 38 en 2024, l'Equateur reste toutefois confronté à l'une des périodes les plus sanglantes de son histoire récente.
"Rien ne se résout en un an", répète inlassablement le président.

Dans la dernière ligne droite, il a cherché le soutien de son homologue américain Donald Trump pour lutter contre les gangs et n'exclut pas le retour de bases militaires étrangères, aujourd'hui interdites par la loi.

"Nous devons avoir plus de soldats pour combattre cette guerre", a-t-il déclaré à la BBC.
Bien qu'il se dise de centre-gauche, Daniel Noboa a triomphé avec le soutien d'une partie de la droite.

"Il appartient aux grandes familles de l'oligarchie équatorienne et représente la bourgeoisie conservatrice du pays", souligne auprès de l'AFP Christophe Ventura, spécialiste de l'Amérique latine à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Marié à l'influenceuse Lavinia Valbonesi, avec laquelle il a deux enfants, ce catholique a également une fille née d'un premier mariage.

Son ex-femme l'accuse publiquement d'utiliser leur enfant pour lui "faire du mal" et sa vice-présidente Veronica Abad, élue en même temps que lui en 2023, lui reproche d'avoir tout fait pour l'écarter de son poste.

Face à Daniel Noboa, Luisa Gonzalez s'affirme comme une mère célibataire originaire d'un village rural, ayant réussi seule à gravir les échelons après des études financées par des bourses.

Marathonienne, amatrice de tatouages et de danse, l'avocate évangélique de 47 ans se présente à la présidentielle avec le soutien de Rafael Correa, condamné par contumace à huit ans de prison pour corruption. Elle a occupé plusieurs postes sous sa présidence.

"Correa est une figure très clivante en Equateur et, bien qu'il puisse constituer un soutien pour Luisa Gonzalez auprès de sa base, il produit l'effet inverse auprès des électeurs qu'elle tente d'attirer, à savoir les indécis", estime Pedro Labayen Herrera, spécialiste de l'Equateur au sein du Centre pour la recherche économique et politique (CEPR).

"La candidate, c'est moi (...) C'est Luisa Gonzalez qui gouvernera", affirme face aux détracteurs celle qui a réussi à consolider une popularité propre.
Ancienne députée, Mme Gonzalez avait remporté le premier tour en 2023 (34%) devant Daniel Noboa (23%), avant de s'incliner au second tour remporté par son opposant avec 52,1% des voix.

Son slogan, "justice sociale et main ferme contre ceux qui sèment la violence" en Equateur, se veut le reflet de son programme : s'attaquer aux inégalités, à l'impunité et à la corruption comme causes de la criminalité sans précédent dans le pays.
Mariée à 15 ans, divorcée à 22 ans, Luisa Gonzalez est mère de deux garçons.


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