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Le Pakistan et la communauté internationale mobilisent péniblement leurs forces face à l’afflux de près d’un million et demi de civils qui ont fui l’offensive de l’armée lancée il y a plus de trois semaines contre les talibans dans la vallée de Swat et ses environs.
L’ONU a récemment estimé que ce flot de personnes déplacées dans le nord-ouest du pays risquait rapidement de constituer une des plus graves crises humanitaires de ces dernières années dans le monde.
Même si la grande majorité des quelque 1.450.000 déplacés enregistrés ces trois dernières semaines se sont égaillés dans leurs familles ou chez des proches dans tout le reste du pays, des dizaines de milliers sont venus s’abriter dans des camps dressés à la hâte à la lisière des zones de combats.
«La vie ici est pire que celle d’un animal», se lamente Amna Rashid, une étudiante contactée par téléphone dans le camp de déplacés de Mardan, sans ombre, et où la chaleur, ces derniers jours, dépasse allègrement les 40 degrés.
«Dans ces camps, le gouvernement nous tue, j’ai envie de vomir tellement cela pue», renchérit Rahim Gul, 80 ans.
Il faudra fournir à manger à quelque deux millions de personnes au moins jusqu’en septembre, estime Dominique Frankefort, coordinateur au Pakistan du Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l’ONU. «On gère au jour le jour, si vous avez 200.000 déplacés de plus par jour, on ne peut les nourrir immédiatement», plaide-t-il, évoquant une «aide extrêmement faible du gouvernement».
Son organisation dispose d’assez d’argent pour nourrir les déplacés jusqu’à juillet seulement. «On se bat et on prélève des fonds sur d’autres programmes», dit-il.
Les Etats-Unis, dont Islamabad est l’allié-clé dans leur «guerre contre le terrorisme», et qui ont multiplié les pressions intenses pour que l’armée lance enfin une vaste offensive contre les talibans de Swat, ont pris la mesure du drame et de l’enjeu.
La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a d’abord loué mardi le «changement de l’état d’esprit» de l’opinion et des dirigeants pakistanais en vue d’endiguer militairement la progression de ces combattants islamistes liés à Al-Qaïda.
Mais elle a aussitôt annoncé une aide américaine d’urgence de plus de 100 millions de dollars pour les déplacés.
«C’est extrêmement difficile de se mobiliser rapidement pour un million de déplacés et je pense que cette crise constitue une menace grave pour le gouvernement», a estimé pour l’AFP Rashid Khalikov, directeur pour New York de l’agence de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, en visite au Pakistan. Le flot des déplacés «croît à une vitesse effrayante», a-t-il estimé.
Le Premier ministre Gilani a jugé hier que son pays se battait sur «deux fronts: militaire (...) et humanitaire».
Car la crise des déplacés enfle au moment où l’on voit mal quand et comment l’offensive militaire pourrait prendre fin.
L’armée assure avoir entamé il y a deux jours seulement sa campagne au sol, dans certains bourgs du nord du district de Swat, après s’être contentée de bombarder intensivement trois semaines durant, n’épargnant pas de nombreux civils selon des témoignages de rescapés et des organisations des droits de l’Homme. Ces dernières accusent également les talibans de tuer des civils ou de s’en servir comme «boucliers humains».