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"Nous suspendons l'acheminement de l'aide par Kerem Shalom, le principal point de passage de l'aide humanitaire à Gaza", une "décision difficile (...) alors que la faim s'aggrave rapidement" dans le territoire déchiré par la guerre depuis près de 14 mois, a indiqué sur X le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini.
La plupart des camions contenant de l'aide humanitaire entrent par le point de passage de Kerem Shalom à la frontière entre Israël et le sud de la bande de Gaza, avant d'y être inspectés.
Or, "la route qui sort de ce point de passage n'est pas sûre depuis des mois. Le 16 novembre, un important convoi de camions d'aide a été volé par des bandes armées", et des camions de nourriture ont subi le même sort samedi, a ajouté M. Lazzarini.
A Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre déclenchée après l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, "les opérations humanitaires sont devenues impossibles", selon M. Lazzarini.
"La responsabilité de la protection des travailleurs humanitaires et du matériel incombe à l'Etat d'Israël en tant que puissance occupante", estime le chef de l'Unrwa, qui appelle à un cessez-le-feu.
Samedi, trois collaborateurs de l'ONG américaine World Central Kitchen ont été tués dans une frappe de l'armée israélienne à Khan Younès (sud), et Save the Children a annoncé dimanche avoir également perdu un membre de son équipe ce même jour.
"Nous devons voir une aide humanitaire qui entre en sécurité dans Gaza et la fin des attaques sur les travailleurs humanitaires", a déclaré Alexandra Saieh, de Save the Children.
"Seuls 7 % de l'aide acheminée dans la bande de Gaza en novembre ont été coordonnés par l'Unrwa", a rétorqué sur X le Cogat. "Des dizaines d'organisations humanitaires opérant dans la bande de Gaza continuent à jouer un rôle croissant dans l'acheminement de l'aide", assure l'organisme du ministère israélien de la Défense chargée de gérer les affaires civiles dans les territoires palestiniens.
Les dirigeants des pays membres du Conseil de coopération du Golfe ont appelé dimanche à un cessez-le-feu immédiat ainsi qu'à "la livraison de l'aide humanitaire". En écho, un haut représentant de la diplomatie allemande a estimé qu'Israël n'avait "aucune excuse" pour empêcher l'acheminement" des ravitaillements.
Après plus d'un an de guerre, Gaza a sombré dans l'anarchie, avec une hausse de la famine et des pillages généralisés alors que l'ordre public s'est effondré, alertaient vendredi des responsables onusiens.
La veille, lors d'un voyage de presse organisé par les autorités israéliennes accusées d'obstruction, un responsable militaire avait montré des cargaisons d'aide, affirmant que les marchandises attendent souvent "des mois" du côté palestinien de Kerem Shalom.
Le 13 novembre, Israël avait annoncé l'ouverture d'un nouveau point de passage, juste avant une date butoir fixée par les Etats-Unis pour l'augmentation des livraisons.
Mais selon l'Unrwa, seulement 1.358 camions sont entrés dans Gaza en novembre, contre une moyenne de 500 par jour avant la guerre. Le mauvais état des routes et les bombardements et combats ajoutent à la complexité des opérations.
L'arrêt temporaire des livraisons par l'Unrwa est donc de "très mauvais augure" et "dramatique dans un contexte qui l'était déjà" a réagi dimanche Jean-François Corty, président de Médecins du Monde selon qui "les indicateurs de mortalité sont exponentiels et hallucinants", du fait notamment du manque de nourriture, de médicaments, et d'accès à l'eau.
Pour Claire Nicolet, chef de mission pour Médecins sans Frontières, c'est "catastrophique", les livraisons "commerciales ont été arrêtées, il n'y a plus de boulangerie, et l'agence onusienne est la colonne vertébrale de l'aide pour l'approvisionnement en nourriture et matériel", et une partie du médical.