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"Venice in Peril" (Venise en péril), fonds britannique qui oeuvre en faveur de la préservation de la Cité des Doges, a fait savoir qu'un rapport obtenu auprès des autorités portuaires faisait état d'un projet d'agrandissement pour accueillir de plus gros bateaux et devenir compétitif au niveau européen.
L'autorité portuaire de Venise a confirmé que ce document émanait de ses services, mais a insisté sur le fait que les travaux envisagés étaient nécessaires pour gérer le flot croissant des touristes et des biens et respecteraient l'environnement.
Sa réaction illustre le débat complexe entre la volonté de préserver un site classé au Patrimoine de l'UNESCO et celle d'exploiter un port qui donne accès aux régions prospères du nord de l'Italie, de l'Europe centrale et des marchés des Balkans, en plein développement.
Le rapport, rédigé pour le Sénat italien, présente les travaux actuels et futurs, notamment le dragage continu effectué dans l'étroite lagune pour permettre aux plus grands bateaux d'entrer dans le port et construire une nouvelle gare maritime dans la zone de Porto Marghera.
L'autorité portuaire dépense au moins 260 millions d'euros pour draguer criques et canaux de navigation afin de permettre le passage de navires mesurant jusqu'à 400 mètres de long.
Le projet inquiète particulièrement les écologistes, qui considèrent le dragage et le trafic des gros navires comme une des causes de la montée des eaux de la mer dans le lagon, qui menace les îles sur lesquelles la cité historique est construite.
"Le fait que les gros navires aient accès au lagon a des conséquences importantes pour sa santé", relève Jane da Mosto, chercheuse pour "Venice in Peril". "En dehors des préoccupations environnementales (...) le problème des marées hautes est accentué, ce qui signifie plus d'inondations pour Venise."
Sous l'effet combiné d'une montée du niveau des eaux et de l'affaissement de la terre, Venise s'est enfoncé de 23 centimètres en l'espace d'une centaine d'années.
Le rapport des autorités portuaires rejette les préoccupations des écologistes en insistant sur un projet visant à construire des barrières mobiles destinées notamment à prévenir les inondations. Ce système, dont la mise en place coûtera 4,3 milliards d'euros, a été baptisé Moïse, du nom du personnage biblique qui ouvre la mer Rouge dans l'Ancien testament. Il devrait être opérationnel d'ici 2014.