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Un soleil timide d'une fin d'automne distillait ses rayons lumineux sur un beau monde venu de toutes les régions du Maroc. Un merveilleux casting qui réunissait au-delà des appartenances partisanes et socio-professionnelles. "C'est le congrès de la société civile", commentait un de mes camarades qui savourait sa liberté à peine retrouvée, après des années passées du côté de Kénitra. Des politiques célèbres, des militants anonymes, des acteurs associatifs et des artistes…Feu Mohamed Reggab était là, luttant contre un mal qui le rongeait déjà et qui finira par l'emporter peu de temps après.
Mais il tenait à assister à cet événement. Il ne fut pas déçu, comme nous tous. Car l'OMDH est une formidable invention de la société civile marocaine. Une expression d'intelligence. Un pas vers notre horizon d'utopie. Un indice que dans ce pays, on peut quand on veut. L'OMDH est en effet l'émanation d'une maturation qui engendra un fruit, prémices de ce que cette philosophie de départ va entrainer d'autres événements futurs. Une ONG au sens propre venait de naître sous de bons auspices. Portée par une expérience issue d'un long cheminement.
Les droits de l'Homme connaissaient dans le vécu quotidien une situation désastreuse. Mais la riposte, hélas, n'était pas à la hauteur des atteintes subies. L'action civile était, à l'époque, surdéterminée par les calculs politiciens égoïstes et strictement partisans. Le cadre unitaire pour la défense des droits de l'Homme a très vite sombré dans des luttes intestines qui frisaient le ridicule. Cet espace sensé abriter le droit et la justice était le lieu même de leur dénigrement. Il fallait alors inventer autre chose suivant une autre logique. Le monde changeait autour de nous. La question des droits de l'Homme va acquérir une autre dimension plus sociétale que politique. Et l'OMDH fut…
Son histoire est riche d'enseignements. Ce fut, c'est encore, un mouvement vivant qui épouse pleinement son temps. Les progrès accomplis, les libertés arrachées depuis sont un hommage à l'action des pionniers. C'est un tout autre Maroc qui abrite aujourd'hui le nouveau congrès ordinaire de l'OMDH et qui s'ouvre aujourd'hui à Rabat. Un Maroc dont un signe est à lui seul tout un symbole et c'est un film qui l'exprime: Nos lieux interdits de Leila Kilani. Il vient d'être consacré meilleur documentaire africain au Festival panafricain de Ouagadougou. On y voit cette profonde mutation que le Maroc a fini par réaliser. Non sans douleur, hésitation, erreur et omission. Mais l'élan est là. Il doit être renforcé. C'est une question qui doit animer les congressistes de l'OMDH. Comment passer à une nouvelle phase sur la voie de l'Etat de droit? Le congrès se tient avec les premiers jours du printemps d'une année agricole prometteuse. Le printemps des libertés passe aujourd'hui d'une manière fondamentale par la défense des libertés individuelles. C'est le nouveau tournant que doit prendre la problématique de la défense des droits humains dans notre pays. Le citoyen qui agit dans un espace public est aussi un sujet, une entité individuelle qui a des désirs, des comportements, des choix…qui le constitue comme identité en soi. Qui peut parler aujourd'hui en son nom alors que planent sur le climat social des voix qui veulent lui dicter tel comportement, lui interdire tel choix ou telle attitude. C'est un linceul de silence et de mort qui se tisse dans la complicité des uns, la démission des autres. Pourvu que la voix de l'OMDH s'élève claire et limpide pour dire l'hymne à la liberté que nous attendons tous comme collectivité et comme sujet concret.