Une nouvelle méthode testée contre l'apnée du sommeil


AP
Mercredi 5 Janvier 2011

Votre ronflement peut déranger votre conjoint mais aussi révéler une apnée du sommeil qui vous prive de repos réparateur au point de risquer l'accident de voiture, voire l'arrêt cardiaque. Mais des firmes américaines testent actuellement un appareil semblable à un pacemaker qui préviendrait les arrêts respiratoires.
Cet appareil permettrait d'éviter l'obstruction des voies respiratoires en envoyant du courant électrique sur la langue pendant le sommeil. En effet, l'une des principales causes de l'apnée obstructive du sommeil est le relâchement trop important de la langue et des muscles de la gorge pendant le sommeil. Un relâchement suffisant pour bloquer la respiration pendant 30 secondes environ. La personne se réveille en sursaut et suffoque, et le cycle conduisant à ces micro-réveils peut se reproduire 30 fois ou plus par heure, privant les gens d'un sommeil profond pourtant essentiel. En stimulant le nerf qui contrôle la base de la langue pendant le sommeil avec un léger courant électrique, les scientifiques espèrent que la langue reste tonique et en place comme elle l'est pendant la journée. D'ici la fin janvier, la firme Inspire Medical Systems, basée à Minneapolis, prévoit d'inclure une centaine de patients apnéiques dans une étude américano-européenne pour évaluer l'efficacité de cette technique de stimulation du nerf hypoglosse. Deux concurrents mettent au point des implants similaires: Imthera Medical de San Diego et Apnex Medical de St Paul, dans le Minnesota, qui doivent eux aussi mener des essais. "Dans ce type de recherches, nous ne cherchons pas à réaliser de petits changements", résume le Dr Meir Kryger, spécialiste de médecine du sommeil de Hôpital Gaylord dans le Connecticut, co-coordinateur de l'étude d'Inspire. "Ce que nous cherchons vraiment, c'est guérir". Selon les Instituts nationaux de santé aux Etats-Unis, plus de 12 millions d'Américains souffrent d'apnée obstructive du sommeil.
Et si tout le monde peut être touché, les personnes en surpoids et les hommes d'âge mûr sont particulièrement vulnérables. A l'heure actuelle, le traitement de référence incontesté de l'apnée du sommeil est le CPAP, qui consiste à envoyer de l'air en douceur dans le nez par l'intermédiaire d'un masque pour maintenir les voies aériennes ouvertes. Mais d'après des études, au moins 30% des patients diagnostiqués ne veulent ou ne peuvent pas utiliser cette technique. Certains se plaignent que les masques s'adaptent mal ou fuient, d'autres se disent aussi claustrophobes, ou déclarent les arracher pendant la nuit quand ils se retournent. Pourtant, ne pas se traiter, ce n'est pas juste courir le risque de se sentir fatigué. L'apnée du sommeil peut en effet entraîner une hypertension artérielle, un infarctus, un accident vasculaire cérébral ou un diabète.
A court terme, une apnée du sommeil sévère multiplie par sept le risque d'accident de voiture. L'an dernier, le Bureau national de la sécurité des transports (NTSB) aux Etats-Unis a recommandé que les pilotes, les chauffeurs de camions et d'autres conducteurs soient dépistés pour une apnée, soulignant que cette pathologie était un facteur de risque d'accidents, quel que soit le type de transport. Dans les cas les plus sévères, les chirurgiens retirent une partie du palais pour élargir les voies aériennes. Mais il reste difficile de prédire dans quelles situations ces opérations délicates peuvent être utiles, et elles sont donc réservées aux cas les plus graves. Avec le système Inspire, les médecins implantent un petit générateur de la taille d'un pacemaker sous la peau près de la clavicule, et enroulent un cordon sous la mâchoire jusqu'au nerf de la langue.
Un détecteur repère chaque fois qu'un patient inspire, signalant à l'implant de tirer sur le nerf. Les scientifiques règlent la puissance de manière à stimuler le nerf juste assez pour éviter que la langue ne glisse en arrière pendant le sommeil mais sans qu'elle sorte. Les patients allument l'appareil au moment du coucher avec une télécommande, complétée par un minuteur qu'ils peuvent installer et qui leur permet de s'endormir avant que le début des impulsions. "Je ne me rends pas compte qu'il est branché quand je dors", explique Rik Krohn, un habitant de la banlieue de Minneapolis de 67 ans, volontaire l'an dernier pour un essai préliminaire et qui déclare bien dormir depuis. Un avertissement toutefois: les participants potentiels doivent subir un examen préalable pour connaître la cause exacte de leur apnée.
Ces essais n'en sont qu'à leur début. Une poignée d'implants ont été testés jusque-là. Et bien que le concept soit intéressant, les patients doivent franchir les étapes successives avant d'en bénéficier. Il est conseillé de ne pas renoncer au CPAP avant d'avoir vu un technicien expérimenté.


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