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"La météorite El Chaco ne quittera pas le Chaco", dit à l'AFP Jorge Castillo, président de la Fondation Environnement Total, en référence à la fois au corps céleste et à la province argentine dans laquelle il se trouve.
"Documenta a elle-même pris cette décision et l'a communiquée au gouvernement de la province, le 16 janvier, dès qu'elle a appris qu'un groupe de citoyens s'opposaient à ce projet avec des arguments solides", précise M. Castillo, membre de la Commission du patrimoine culturel et naturel du Chaco. La météorite, qui pèse 37 tonnes, est la deuxième la plus grande au monde et se trouve dans une zone appelée Campo del Cielo (Champ du Ciel ou "Piguen Nonralta" pour les aborigènes de la famille Guaycuru), au Chaco.
La zone des cratères a une étendue de 3 km sur 20 km et en contient plus d'une vingtaine. Elle est mentionnée en Occident depuis 1576, mais est connue des aborigènes depuis bien plus longtemps.
Pour les Moquoït (ou Mocovi, en espagnol), une communauté forte de 15.000 membres, le Campo del Cielo fait partie de leur cosmogonie.
Une cinquantaine d'astronomes et anthropologues argentins a pris la défense de ces aborigènes.
"Nous nous opposons énergiquement à ce projet qui porte atteinte aux droits des aborigènes du Chaco", disent-ils dans un texte qui circule sur les réseaux sociaux. "Hors de sa zone, cette météorite n'a pas de contexte, ni culturel ni géographique". La polémique a éclaté lorsque le parlement du Chaco a voté, fin 2011, le prêt de la météorite afin qu'elle puisse être exposée dans la ville allemande de Cassel, du 9 juin au 16 septembre, à l'occasion de la Foire d'art Documenta 13. La météorite de 37 tonnes devait quitter le Chaco à la mi-février et être transportée jusqu'au port de Buenos Aires, situé à 1.000 km, avant de traverser l'Atlantique et de rejoindre par terre Cassel.
Ville de 200.000 habitants du land de Hesse, Cassel est célèbre depuis 1955 pour cette manifestation créée par Arnold Bode, peintre et professeur, qui avait permis aux Allemands de se réconcilier avec l'art présenté par la dictature nazie comme "dégénéré".
Documenta est passée de 130.000 visiteurs en 1955 à près de 1 million aujourd'hui.
Les artistes Guillermo Faivovich, né à Buenos Aires en 1977, et Nicolas Goldberg, né à Paris en 1978, ont mené depuis 2006 une enquête appelée "Guide pour le Campo del Cielo" sur l'impact culturel des météorites.
En 2010, ils ont présenté à Portikus, à Francfort-sur-le-Main, l'oeuvre "Météorite El Taco", rassemblant les deux moitiés d'une météorite de près de 2 tonnes découverte en 1962 par une expédition argentino-américaine, qui avait décidé de se partager la trouvaille.
Ces deux artistes voulaient maintenant faire de "El Chaco" la pièce centrale de Documenta 13, invitant les visiteurs à une réflexion sur l'origine et le destin de l'Humanité.
"Une folie", dit Jorge Castillo.
Au gouvernement du Chaco, c'est le désarroi, car ce projet était vu comme une formidable publicité pour la province.
"Un million de personnes en provenance du monde entier visite Documenta", a expliqué Theresa Durnbeck, secrétaire aux Affaires internationales, à l'investissement et à la promotion du Chaco. "Pour la province, a-t-elle dit, c'est une occasion unique, inimaginable avec nos propres ressources, d'exposer son patrimoine au niveau international".