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"C'est peut-être meilleure ville du monde, surtout le climat", explique Fathi dans une grammaire anglaise hésitante. "C'est comme endroit d'où nous venons au Soudan, ça lui ressemble et ça me rappelle l'endroit où je suis né. C'est vie heureuse ici", dit-il.
Orange, 37.000 habitants, est une commune pastorale et minière indolente, presque assoupie, loin de Sydney et du Pacifique (200 km à l'ouest), plus loin encore des Monts Nouba, dans le Kordofan du Sud, sa région natale qu'il dut abandonner avec femme et enfants pour échapper à la guerre civile.
Ils passeront trois longues années dans des camps égyptiens, des mouroirs en réalité dont ils sont les rescapés et les témoins: il y a ces femmes qui disparaissent, les réfugiés tués pour leurs organes, la chaleur, la soif et les maladies, énumère Fathi.
"L'Egypte est très dure", abonde son épouse, Neimat Darar. "Nous pouvons remercier le Dieu parce qu'il nous emmène ici et nous arrivons vivants", dit-elle en servant le café dans le modeste pavillon en briques qu'ils ont acquis après avoir trouvé un emploi.
Fathi emballe la viande dans un supermarché, Neimat travaille dans une station-essence.
Les Soudanais représentent moins de 1% de la population de la commune, mais 11% de la communauté étrangère, dont les deux tiers ont moins de 18 ans.
L'apprentissage de la langue et des traditions au pays du rugby et du surf, la défiance de la population locale sont autant d'embûches sur le chemin de leur intégration.
"Mais le fait que ce soit une petite ville est une bonne chose pour se faire des amis", assure Osman Tag qui a fondé la communauté en 2005 avec sa femme et leurs sept enfants. "Moi aussi je viens d'une petite ville", explique-t-il.
La minorité aborigène, opprimée pendant des décennies et qui vit aujourd'hui dans une grande pauvreté, a vu d'un mauvais oeil cette population plus défavorisée encore venir lui disputer son statut peu enviable sur ses propres terres.
"Mais tout cela a changé d'un jour à l'autre, grâce à leur chaleur", affirme, en parlant des Soudanais, Jenny Grosvernor, une retraitée qui avec son mari Sam a pris sous son aile Fathi et Neimat.
"Nous avons été largement récompensés, ils sont extraordinaires, vraiment. Nous avons appris d'eux et ils ont appris de nous et nous continuons à apprendre", se réjouit-elle.
Puritaine et libérale, l'Australie n'est pas toujours facile à embrasser, sinon à comprendre, pour ces réfugiés souvent illettrés, pieux musulmans arrachés à une société traditionnelle, tribale et hiérarchique.
Les jeunes, et en particulier les filles, restent longtemps sous la surveillance étroite de leurs parents et ne sauraient envisager de quitter le domicile familial avant leur mariage.
"Ici, c'est différent", explique le doyen de la communauté soudanaise, Abdul Jabbard Hessein. "Dès l'âge de 16 ans, ils ne dépendent que d'eux-mêmes et peuvent sortir quand bon leur semble. Ce n'est pas bien pour nous".
L'Australie, peuplée de colons britanniques, a ensuite accueilli plusieurs vagues d'immigration successives, des Chinois pendant la Ruée vers l'or au 19e siècle, mais aussi des Vietnamiens, Italiens, Grecs, Européens de l'Est, etc.
Avec un taux de croissance annuel de 20%, les Soudanais qui étaient 20.000 en 2006 (recensement) seraient entre 40 et 50.000 aujourd'hui, soit 0,2% de la population australienne.