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De fait, la séance de travail qui s’est déroulée au siège de la commune urbaine semble avoir attisé les contradictions qui traversent le comité de suivi de ces habitants, puisque deux communiqués lui ont fait suite. Le premier émane des habitants de Sidi Moumen Lakdim et le second de celui de Aïn Sebaâ. Tous deux se sont élevés contre ceux qui y ont pris part, tout en rappelant le caractère infondé des assertions qui lui ont fait suite puisque les opérations de démolition des logements et d’évacuation de leurs occupants continuent de plus belle.
Pour Bouchaib Nouri, membre du comité de suivi de Ain Sebâa, la réunion du 9 avril a été tenue sans la participation des vrais habitants de ces trois bidonvilles et de leurs représentants et que Mohammed Abou Naser qui y a pris part n’habite pas dans lesdits bidonvilles et ne représente donc que lui-même. « Il s’agit de quelqu’un qu’on avait l’habitude de voir dans nos sit-in, mais on ne sait pas comment il a pu avoir l’audace de se présenter en tant que notre porte-parole », a-t-il précisé avant d’ajouter que « le comble est que parmi les 13 coordinateurs choisis, personne ne le connaît. Alors comment voulez-vous qu’il puisse être le défenseur de notre cause ?».
Ne faisant nullement dans la dentelle, Bouchaib Nouri a accusé Abou Naser de surfer sur la misère des habitants et d’essayer de récupérer ce dossier à des fins politiques et personnelles. A preuve, «il a tenu à exclure les vrais représentants des habitants de la réunion qui s’est tenue à la Mairie de Casablanca et s’est imposé comme seul interlocuteur », a-t-il-indiqué, en qualifiant le dialogue entamé avec la commune urbaine comme « une manœuvre dilatoire visant à refroidir les ardeurs et à calmer le jeu ». Objectif qui ne semble pas avoir été atteint puisque les habitants des trois bidonvilles persistent et signent. Leur position est claire et ne bougera pas d’un iota. Ils réclament à l’Etat des terrains pour construire leurs propres logements et refusent d’être relogés dans des appartements. « On demande des terrains comme ce fut le cas avec les habitants des bidonvilles de Sakoula et Oulad Lghlam. La solution des appartements est impraticable et injuste. Imaginez qu’on doit verser une somme de 100.000 DH pour un appartement de 46m2, alors que beaucoup d’entre nous sont issus de familles pauvres et nombreuses», a-t-il-précisé.
En attendant que ces demandes soient prises en compte, les habitants continuent de mener une vie de misère dans des conditions inhumaines. Ils sont plusieurs familles entassées dans des baraques construites à partir de briques et de tôles, sans eau potable, ni électricité. Sombre tableau qui devrait se noircir davantage si l’on ajoute la violence symbolique des autorités locales. A en croire ce membre du comite de suivi de Ain Sebâa, qui a requis l’anonymat, les autorités locales exercent une pression sur eux et les traitent comme des citoyens de seconde zone. « On n’a pas droit à des attestations de logement, ni à la carte d’identité. Pire, certains bidonvilles sont exclus de recensement, comme s’ils n’avaient jamais existé » se désole-t-il.
Se faisant désormais qualifier de victimes de l’exclusion, ils ont choisi une appellations- « Les sans toit » qui frappe les esprits tant par sa violence symbolique que par sa dénonciation d’une situation qui semble intolérable au regard du discours officiel qui a fait accroire à beaucoup que la lutte contre les bidonvilles à Casablanca aurait permis d’éradiquer ce fléau qui ne cesse de tarauder les consciences depuis l’aube des années 1930. A telle enseigne que la paternité du concept a été accolée à la capitale économique du Royaume. Laquelle s’est même permis le luxe de transformer ses anciens douars en les reléguant au rang d’un habitat urbain insalubre qui n’a de pareil que dans certaines capitales africaines ou latino- américaines connues pour leur sous-développement et la misère de leur population. Casablanca heureusement n’est ni Bogota, ni Caracas, ni Rio de Janeiro, ni Buenos Aires. Elle ne compte pas de favelas aussi imposantes. De plus, ses autorités font l’effort de lutter en vue d’une résorption définitive des bidonvilles qui continuent à transfigurer les paysages urbains. Malheureusement, si volonté il y a, le rythme des réalisations ne semble pas être au diapason. A preuve, les statistiques qui ont été publiées par voie de presse à la suite du sit-in organisé le 12 courant devant le siège de l’arrondissement de Sidi Moumen, indiquent que sur les 24.196 baraques implantées dans cet arrondissement, seules 4.548 ont été rasées. Les sit-in organisés par « les sans toit » devraient donc inciter à une accélération de ce rythme.