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Pour le ministre, la mise en place de ce système de recrutement insufflera une nouvelle dynamique à l’administration publique puisqu’il va permettre à l’Etat de disposer d’agents motivés à fortes compétences.
Pourtant, si l’annonce et les intentions du ministre sont claires, il reste que rien n’a filtré à propos dudit projet. Comment l’Etat compte-t-il définir le statut des agents recrutés par contrat? Comment les différenciera-t-il des autres agents travaillant pour l’administration sans avoir la qualité de fonctionnaires? Dans quels cas un contractuel pourra-t-il être recruté dans la Fonction publique? Qui sont les secteurs et domaines de compétence concernés? Quelles rémunérations ces agents percevront-ils? Quelles seront leurs droits et obligations? Combien vont-ils représenter parmi les effectifs de la Fonction publique? Ces agents seront-ils recrutés en CDI ou en CDD? Et seront-ils un jour titularisés? Pour Abdelhamid Fatihi, secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT), les déclarations du ministre délégué à la Fonction publique sont prématurées et il est encore tôt pour évoquer un tel système de recrutement. «Le recrutement par contrat dans l’administration publique demeure inconvenable tant qu’il n’y aura pas de modification du Dahir n° 1.58.008 portant Statut général de la Fonction publique qui considère le concours comme principal et unique moyen d’intégrer la Fonction publique», nous a-t-il expliqué avant d’ajouter : «On a déjà évoqué ce sujet lors de la modification du Dahir n° 1.58.008 de 2005 mais timidement et sans plus de détails». En 2006, un projet de décret pour réglementer la question des contractuels de l’administration a été élaboré afin de définir les modalités de recrutement des cadres contractuels, les fourchettes de rémunération, les avantages sociaux à leur accorder (notamment les assurances maladie et les retraites...). Depuis lors, rien ne semble venir.
Cependant, le leader syndical ne va pas par quatre chemins. Il estime qu’un recrutement par contrat va à l’encontre du principe permettant la stabilité au sein de la Fonction publique. «Ces recrutements sous contrat (CDD, CDI) obéissent à des règles très précises et non à celles de la Fonction publique et, du coup, ces contractuels ne vont pas bénéficier des mêmes acquis et droits que les autres fonctionnaires puisque que le gouvernement place ces contrats sous le régime du Code du travail et non selon celui du statut de la Fonction publique», nous a-t-il précisé. Pis, il estime que le recrutement d’agents contractuels risquerait d’encourager le clientélisme et le favoritisme. «Ces recrutements vont sûrement ouvrir la porte à des comportements clientélistes comme c’est le cas aujourd’hui avec la désignation dans les hautes fonctions», nous a-t-il déclaré. En effet, la question de ce genre de recrutement direct auquel le chef du gouvernement a fermé la porte devant les diplômés-chômeurs suscite beaucoup d’interrogations : qui sera chargé de cette mission? Maîtrisera-t-elle suffisamment les techniques de recrutement (examen de dossiers, tests, entretiens)? Sera-t-elle responsable des conséquences éventuelles qui peuvent en découler au cas où ses choix se révèleraient mauvais? Il va sans dire que de l’aveu même des responsables du département chargé de la Fonction publique, les recruteurs de l'administration manquent de formation dans ce domaine quoique des efforts visant à améliorer leurs prestations soient parfois entrepris.
Abdelhamid Fatihi va plus loin. Il estime que le but visé par le gouvernement à travers la mise en place d’un tel système reste inavoué: «Le véritable objectif du gouvernement, et qui constitue un vrai risque, est celui d’installer la flexibilité dans la Fonction publique. L’Exécutif veut recruter des agents corvéables et licenciables à merci», nous a-t-il lancé. En d’autres termes, il cherche à créer des emplois précaires, faiblement rémunérés et incapables de permettre à ceux qui les occupent un niveau de vie «acceptable». Pierre Laroque, ancien président de la section sociale du Conseil d’Etat français, avait certainement raison lorsqu’il avait affirmé que: «Les contractuels, d’une part, n’ont pas toutes les garanties des fonctionnaires et, d’autre part, ils n’ont pas celles du secteur privé. Ils sont assis entre deux chaises et ce n’est pas admissible».