Cette vie engagée sera un facteur fondamental de réussite car c'est par cet élan intense hors de la "normose" à laquelle nous a soumis le monde industriel que l'individu peut dépasser une pure exploitation technicienne de lui-même et déployer les ailes de son génie.
Créativité contre sécurité
Dans l'âge de la Création-Communication, tout se joue entre la nécessité de "l'excentricité" afin d'être capable d'apporter une valeur ajoutée créative et la capacité à intégrer les contraintes d'un système plus ou moins fermé dans lequel on doit insérer cette valeur ajoutée créative. Si la phase d'élan dans la dimension d'excentricité demande de la créativité, cette créativité doit être en quelque sorte redoublée pour inventer, en plus, la façon de réintégrer le système. Dans ce processus de retour, il va falloir tenir compte des contraintes du système ambiant et les contourner avec créativité afin de faire exister la différence dont on est porteur.
Si l'écoute de soi est nécessaire dans le premier moment où l'on apprend à puiser au fond de soi-même la différence, l'écoute des autres devient fondamentale dans le deuxième moment car nous sommes obligés de comprendre leur différence afin de faire passer notre différence. On voit bien que cette rencontre avec l'autre et avec soi-même est porteuse d'une intensité, d'un plaisir, d'un désir mais aussi d'un potentiel d'angoisse infiniment plus grand que les rapports normatifs qui ont eu tendance à se développer dans l'âge industriel et commercial.
A mesure que l'individu s'engage dans le mystère du monde et de lui-même, il sent se briser en lui une certaine barrière, une certaine limite, un peu comme le franchissement du mur du son.
L'intensité appelle l'intensité et petit à petit l'être tout entier s'enflamme.
Cette flamme brûle progressivement toutes ses peurs et l'individu n'a alors plus grand chose à faire de tous les points de sécurité qui président à la vie ancienne. C'est comme si l'individu cessait d'être un astre mort pour devenir un soleil qui resplendit de sa propre singularité .
La vie devient alors originale dans tous les sens du terme, c'est-àdire originelle et unique.
L'être qui a lâché prise s'autorise alors à se révéler dans toutes ses ombres et ses lumières. A travers sa manière de se mouvoir dans le monde, il crée un nouveau monde.
Le temps s'inverse car plus il vieillit, plus il s'enfonce dans son originalité et plus il retourne à son essence. La mort n'est plus perçue comme la fin mais au contraire comme l'aboutissement, le point où l'âme se libère des contraintes du corps lui-même.
Dans ce processus, on est emporté dans le mystère du monde, toujours plus vite, et l'on se met à apprendre. Mais ce que l'on apprend n'est plus de l'ordre du " savoir ", ni du " pouvoir", ni même du "concevoir "; c'est du "voir" dont il s'agit, c'est-à-dire qu'on apprend à voir l'essence même de la réalité dans son déploiement mystérieux. Alors la vie cesse d'être sous le joug de la loi, sous le joug du bien et du mal, sous le joug du discours qui segmente et divise mais s'emplit de miracles, devient symbole.
(A suivre)