On retrouve dans les écrits de la plupart des personnalités en contact avec leur génie, des témoignages de rencontres avec la dimension d'inspiration ; ces témoignages sont caractérisés par leur dimension spirituelle : Descartes, Einstein, Van Gogh, Spinoza, Platon... la liste est grande.
Il n'y a pas, à ma connaissance, de personnalité, qui ait marqué l'humanité de manière fondamentale, qui n'ait laissé des témoignages de l'expérience du contact avec cette dimension d'inspiration spirituelle.
L'analyse de ces textes montre qu'au-delà des caractéristiques liées à la culture et à l'époque, on y retrouve des traits communs. Ainsi, même si le voyage de l'individu à travers son ego, sa personnalité et son génie est une expérience par définition subjective et intime à chacun, elle est rendue de plus en plus étudiable objectivement à mesure que nous accumulons des témoignages sur ce processus.
Tout être humain peut accéder au génie ; ce qui nous en empêche est surtout lié aux systèmes de croyances culturelles qui nous enferment dans notre égotisme.
Jusqu'à ce jour, la plus grande partie de l'humanité était engagée dans des tâches laissant peu de place à la valorisation du génie. Il faut, comme aujourd'hui, que les besoins de l'Homme en nourriture et technologies soient assouvis pour une masse croissante d'individus, pour qu'un nombre grandissant d'individus puissent se consacrer à la découverte de leur personnalité et de leur génie.
Les trois niveaux de conscience
On peut distinguer trois niveaux de conscience et de développement du potentiel individuel.
La première dimension, que nous appelons " formelle ", correspond à la dimension logique binaire " oui ou non " ; la deuxième dimension, que nous appelons ' turbulente ", correspond à la logique intégrative " oui et non " ; la troisième dimension que nous appelons " vide ", correspond à la logique paradoxale " ni oui, ni non ".
Niveau intellectuel formel : logique binaire ( oui ou non ).
L'intelligence rationnelle formelle : ( par exemple"1+1 = 2 ") est la base de notre compréhension logique. C'est la conscience incarnée dans la temporalité, qui manie plus ou moins le raisonnement systématique rationnel et discursif.
La conscience formelle est celle que nous avons lorsque nous nous concentrons sur notre corps, nos sens et notre intellect. La réflexion scientifique est bonne gymnastique pour développer une conscience au niveau formel. On peut parler de " quotient intellectuel " QI pour cerner ce type d'intelligence.
Niveau affectif turbulent : logique intégrative ( oui et non ).
L'intelligence affective turbulente ( par exemple " Je t'aime moi non plus ") est la base de notre sensibilité à l'art. C'est la conscience qui s'ouvre au sentiment d'éternité qui nous envahit dans la contemplation artistique. C'est l'espace de l'émotion amoureuse : on pénètre souvent par inadvertance dans le turbulent lorsque l'on tombe amoureux. L'art est le moyen le plus généralement connu par lequel un individu développe et approfondit sa conscience du niveau turbulent. La conscience du niveau turbulent est celle des affects, des désirs et de la sensibilité. On peut parler de " quotient affectif " QA pour cerner ce type d'intelligence.
Niveau spirituel vide : logique paradoxale ( ni oui ni non )
L'intelligence intuitive vide : ( par exemple " Dans la vallée de l'indicible s'inscrit le sommet de nos mots ") est la base de notre intuition spirituelle. C'est la conscience qui s'ouvre à l'intemporalité. C'est l'espace de la méditation. Il arrive dans la vie que l'on ait, par moments, des instants de clarté qui nous donnent un avant-goût de cette conscience et l'on peut apprendre à stabiliser ce genre d'états, c'est l'objectif du travail spirituel. La conscience du vide est celle de l'inspiration. On peut parler de " quotient spirituel " QS pour cerner ce type d'intelligence.
Le génie de l'homme est inscrit dans sa dimension spirituelle, il s'exprime dans l'effusion délicate du coeur à travers l'art et vient féconder la raison pour renouveler la science.
Chaque niveau d'intelligence demande du travail pour se cultiver et devenir vivant et porteur de sens.
A chacun des niveaux existent des erreurs à éviter : s'enfermer totalement dans le formel, se perdre dans les circonvolutions du turbulent, projeter notre manque sur le vide.
Etre là sans être là.
A mesure que le rationnel, l'émotionnel et la dimension spirituelle s'intègrent, la sensibilité est démultipliée. Pour que cette sensibilité ne débouche pas sur une souffrance excessive, il faut que l'individu apprenne à compenser sa présence au monde plus intense par une capacité de distanciation.
(A suivre)