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Les rédacteurs dudit document estiment que malgré la mise en œuvre d’un système interministériel de coordination des politiques et programmes de lutte contre la traite des êtres humains et la création d’une unité spécialisée, il n’en demeure pas moins que le gouvernement marocain n’a rien fait au niveau de la mise en place et du financement des services de protection pour les victimes de cette traite ainsi qu’au niveau de l’identification et de la recherche des victimes, en particulier parmi les migrants irréguliers qui demeurent très vulnérables à la traite au Maroc, précise le rapport en soulignant que notre pays est resté, au cours des cinq dernières années, une source, une destination et un pays de transit pour les hommes, les femmes et les enfants soumis au travail forcé et au trafic sexuel.
Pourtant, le document du département d'Etat pèche par un manque d’informations et de données statistiques attestant de l’ampleur du phénomène de la traite des personnes au Maroc. En fait, il s’est contenté de rappeler les chiffres d’une étude menée en 2015 par le gouvernement marocain, avec le soutien d'une organisation internationale sur la situation des enfants exploités dans le travail domestique, la mendicité et le trafic sexuel ainsi que sur certaines femmes marocaines forcées à se prostituer par des membres de leurs familles ou d'autres intermédiaires. L’étude en question a également rappelé le cas de certaines femmes subsahariennes en situation administrative irrégulière ou des domestiques asiatiques contraintes à la prostitution et au travail forcé tout en évoquant le cas des hommes, des femmes et des enfants marocains exploités de force, principalement en Europe et au Moyen-Orient.
Mais y-a-t-il réellement des chiffres fiables sur la traite des personnes au Maroc ? Les seules statistiques existantes sont celles révélées par le ministère délégué chargé des MRE et des Affaires de la migration et faisant état de neuf actions en justice diligentées à l’encontre des crimes de prostitution (10 victimes), du travail forcé (1 cas) et de la mendicité (4 victimes) ainsi que du déférement de 20 personnes devant la justice et la condamnation de quatre personnes. Des chiffres considérés comme très faibles par plusieurs observateurs comparativement à la situation de plusieurs migrants, notamment les femmes exploitées par les réseaux de prostitution et de mendicité dans les villes de Nador, Oujda, Rabat et Casablanca. Une faiblesse due à la peur des victimes de déclarer les sévices qu’elles ont subis ou de révéler l’identité des personnes qui les exploitent puisqu’il n’y a pas de mécanismes destinés à les protéger. Ceci d’autant plus qu’il est difficile de détecter les cas de traite des personnes et d’identifier les victimes et notamment celles qui sont enfermées derrière les murs des maisons ou dans des caves.
Certains observateurs estiment que la faiblesse des chiffres révélés est due à la difficulté, au premier abord et en pratique, de distinguer entre la traite des personnes et le trafic de migrants. Dans bien des cas, les victimes de la traite des personnes sont d’abord des migrants qui ont fait l’objet d’un trafic illicite. La distinction entre les deux infractions est souvent très subtile et les frontières entre elles peuvent s’interpénétrer. En fait, les experts de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime estiment que certaines personnes victimes de la traite des êtres humains ont entamé leur périple en acceptant d’être “passées” illégalement dans un pays tiers, pour découvrir ultérieurement qu’elles ont été grugées, forcées ou contraintes à une situation d’exploitation.
Pourtant et malgré ce manque de données, pour Hassan Ammari, spécialiste des questions migratoires et défenseur des droits de l’Homme, les observations tirées du terrain et de l’expérience des ONG démontrent qu’on est face à un phénomène qui touche des femmes et des hommes dont l’âge oscille entre 16 et 28 ans. Une grande majorité des victimes est issue de Guinée-Conakry, du Mali, du Nigeria et du Cameroun. Notre source précise également que ces victimes sont souvent exploitées par des mafias transnationales qui les transfèrent de leurs pays d’origine vers Bilbao, Alicante, Valencia ou Paris en passant par le Maroc. Il existe également des réseaux locaux qui s’activent sur le territoire national.
Hassan Ammari estime dans une déclaration qu’il nous avait accordée précédemment que la détection de ces réseaux est une tâche ardue puisqu’il n’y a pas de système national unifié de partage des informations. El a également pointé du doigt l’absence d’unités spécialisées dans le traitement de tels crimes et à même de déterminer rapidement si une affaire relève du trafic illicite ou de la traite des êtres humains. « Le migrant est toujours une cible de choix des réseaux qui exploitent son désir de partir vers l’Eldorado européen et il faut le protéger par tous les moyens », avait conclu notre interlocuteur.