Une fois diplômée de l’INBA en 1998, elle continuera avec la même sensibilité… Dans la création de ses œuvres, elle privilégiera des matériaux empruntés au domaine de la couture qu’elle aura soigneusement choisis. D’ailleurs, comment ne pas remarquer cette ancienne table de machine à coudre qu’elle a pu récupérer et qui trône dans son corridor comme une manière de rappeler l’essence même de son inspiration, son principal leitmotiv ? C’est d’ailleurs, nous dit-elle, la dimension immatérielle qui l’interpelle. En utilisant le fil, les épingles ou le tissu, c’est la transformation de la matière en éléments artistiques qui prime. Alliés à la couleur blanche, ces éléments ont d’ailleurs été le fil conducteur de toutes ses créations : « Plus je travaille et plus il y a des possibilités qui s’ouvrent ».
Elle est consciente que l’artiste est constamment interpellé par son environnement, par les événements nationaux et internationaux qui se reflètent d’une manière ou d’une autre dans ses créations : « En tant qu’artiste et être humain, je ne peux être indifférente à ce qui se passe dans le monde. J’emmagasine inconsciemment des sensations, des images et des réflexions. Et quand je travaille, il y a tout cela qui revient (…) ». Safaa Erruas affirme tout de même qu’à travers l’Art, elle « n’apporte pas de solutions. J’évoque des questions. De cette manière, je crée mon langage que j’enrichis au fur et à mesure (…) » Face à son travail, elle ne cherchera point à interpréter, compétence qu’elle préfèrerait déléguer à d’autres. « Dans l’aspect visuel, je ne cherche pas une interprétation, j’essaie d’évoquer de l’émotivité et une émotion (…) » Une émotivité qui se veut, par essence, féminine. « Toute mon œuvre est dessinée par mon existence de femme », nous confiera-t-elle tout en se défendant de vouloir se définir comme « artiste féministe ». Par ce travail constant, Safaa Erruas a pu se forger un nom et une carrière artistique aux niveaux national et international. Dès 1998, alors qu’elle vient de décrocher son diplôme, elle participera à une exposition chapeautée par Jean-Louis Froment fondateur de CAPC (Centre d’art plastique et contemporain) de Bordeaux ; exposition qui s’est inscrite dans l’organisation du « Temps du Maroc » en France. Ce qui lui permettra de résider durant six mois à la Cité des Arts de Paris. En 2002, c’est le Sénégal qui l’accueille à l’occasion de la 5ère Biennale d’art contemporain africain (DAK’art)… Et depuis, rien n’a changé ! Au fil des nombreux voyages à l’étranger, des expositions dans lesquelles elle participe, au fil du temps, Safaa Erruas saura donner de son temps et de son art….