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Libé : Pourriez-vous nous détailler les raisons derrière le choix des sonorités multiples qui rythment votre single ?
Sy Mehdi : C'est une recherche musicale qui est tout simplement basée sur l’oxymore, figure de style visant à rapprocher deux concepts paradoxaux : le chômage et la joie de vivre. La musique étant un outil de catharsis sociale, j’ai cherché à traiter un sujet très sérieux de manière légère, afin de faire passer des messages. Aux responsables d’abord, pour leur dire les difficultés que vit la jeunesse marocaine, qui constitue une grande partie de mes fans. Mais aussi à nos concitoyens, afin qu’ils ne perdent pas espoir en l’avenir et continuent à persévérer, malgré les difficultés. Quant au style, je souhaitais donner une identité originale vu que le texte et mon interprétation sont décalés. D’où le choix d’un mix entre le reggae et le rock, avec des sonorités marocaines…
Etes-vous sur le point de sortir votre nouvel album ?
L'album est déjà prêt. Il se caractérise par des styles différents au service de multiples sujets, tels que l'amour, l'exil, la liberté. Il contient également des collaborations avec plusieurs artistes d’univers hétéroclites. Mais je ne compte pas le sortir d'un seul coup.
La chanson “Bghit khadma” était le premier extrait de cet album. Il y aura d'autres singles qui suivront. Mais je ne pense pas que je sortirai l’album en une fois. Comme vous le savez, aujourd'hui les ventes d’albums sont conditionnées par le streaming et d’autres contraintes encore plus complexes liées au digital.
Votre campagne de promotion semble bien huilée
Sans fausse modestie, je ne cacherais pas que j’ai acquis au cours de ma carrière un certain savoir-faire en termes de campagnes de communication et de promotion, héritage d’une expérience de 20 ans dans ce domaine. Mais je dois aussi préciser que cette efficacité est grandement due à une équipe fidèle et compétente avec qui je travaille depuis le début de mon aventure artistique.
Comment la pandémie a-t-elle impacté votre processus de création ?
Le secteur culturel et artistique a été particulièrement touché par la pandémie. D’autant que le secteur n’est pas assez structuré pour encaisser un tel imprévu. La tutelle responsable du secteur n'a pas trouvé de plan de sauvetage pour aider l'art et les artistes. Et c'est toujours le cas.
A travers “Bghit khadma”, vous paraissez particulièrement sensible aux conséquences de la pandémie, et notamment à l’un de ses effets les plus néfastes, l’inactivité et le chômage
En effet, j’y suis sensible vu que c'est une problématique qui touche également les artistes. C'est une réalité dans notre cher pays et je me suis dit qu’en tant qu’artiste, c'était le bon moment d’en parler afin de tirer la sonnette d’alarme.
Est-ce que les artistes ont le devoir de militer pour des causes sociales ?
Je pense que l'artiste se doit de militer pour les bonnes causes, sociales ou autres, afin de faire passer des messages de sensibilisation à travers son art.
Quel est votre avis sur la polémique concernant les aides et subventions accordées à certains artistes il y a quelques mois ?
Chaque artiste a le droit d'avoir cette subvention vu que le secteur artistique au Maroc est peu structuré. Il n’y a pas de vraies maisons de disques. Du coup les artistes sont obligés de s’autoproduire. Dès lors, chaque artiste a droit aux aides du ministère de la Culture pour le développement de son art et de sa carrière. Cela est une mission régalienne de l’Etat, prévue par notre Constitution, qui nous impose de préserver notre identité et notre spécificité face aux cultures dominantes qu’il devient de plus en plus difficile de concurrencer dans un monde convergent et globalisé. C’est pourquoi, il faut absolument veiller à l'égalité des chances, à la gouvernance/transparence des instances décisionnelles et à l’efficience des mécanismes de soutien nationaux, comme le prévoit la convention de l'UNESCO de 2005 sur la diversité culturelle. Un énorme travail reste à faire dans ce domaine et j’y participe modestement à travers mon action syndicale, notamment en matière de propriété littéraire et artistique.
Enfin, je souhaitais aussi rappeler que le budget alloué à la culture reste très faible, même par rapport à la région MENA. Il faut donc que le gouvernement veille à augmenter ce budget pour qu’un large nombre d'artistes marocains puissent en bénéficier.
Comment s’est passée votre adaptation à l’ère du web et du tout numérique?
Pour le moment j’en suis satisfait. J’ai réussi à m’adapter et à m’y faire une place de choix en tant qu’artiste. L'essentiel est de présenter un bon contenu artistique avec une vision claire et une stratégie pertinente. Sans oublier de véhiculer des messages destinés aux générations futures.
Etes-vous satisfait du rôle et de l’impact des plateformes de streaming sur l’univers artistique ?
De nos jours, le streaming est devenu un élément essentiel pour la diffusion des chansons surtout qu’à présent, le marché du disque a totalement disparu. Le streaming offre donc à l'artiste une chance de diffuser son art à un grand nombre de personnes et de manière légale.
Pensez-vous qu’il est aujourd’hui plus difficile de faire carrière dans la musique qu’au temps des magnétoscopes ?
Faire carrière dans l'art et la culture, que ce soit en qualité de musicien, acteur ou autre est toujours difficile, quelle que soit l’époque. Ça dépend d’abord du talent et ensuite des moyens. Les métiers de l’art sont des professions qui demandent beaucoup de courage et de patience. Il faut aussi avoir le sens du sacrifice et une inébranlable confiance en soi. Avoir foi en ses capacités est d'ailleurs la chose la plus importante pour toute personne qui souhaite réussir dans la vie.
Si vous aviez le choix, vous préféreriez que votre chanson soit écoutée cent fois par la même personne ou une seule fois par cent ?
100 fois par une seule personne, cela voudrait dire que la personne qui écoute est un(e) vrai(e) fan. Et comme de nos jours, avoir de vrais fans qui suivent ta musique n’est pas très commun, je préfère être écouté 100 fois par la même personne, tout en espérant bien sûr que cette dernière en parlera à 100 autres personnes…
Propos recueillis par Chady Chaabi
Sy Mehdi : C'est une recherche musicale qui est tout simplement basée sur l’oxymore, figure de style visant à rapprocher deux concepts paradoxaux : le chômage et la joie de vivre. La musique étant un outil de catharsis sociale, j’ai cherché à traiter un sujet très sérieux de manière légère, afin de faire passer des messages. Aux responsables d’abord, pour leur dire les difficultés que vit la jeunesse marocaine, qui constitue une grande partie de mes fans. Mais aussi à nos concitoyens, afin qu’ils ne perdent pas espoir en l’avenir et continuent à persévérer, malgré les difficultés. Quant au style, je souhaitais donner une identité originale vu que le texte et mon interprétation sont décalés. D’où le choix d’un mix entre le reggae et le rock, avec des sonorités marocaines…
Etes-vous sur le point de sortir votre nouvel album ?
L'album est déjà prêt. Il se caractérise par des styles différents au service de multiples sujets, tels que l'amour, l'exil, la liberté. Il contient également des collaborations avec plusieurs artistes d’univers hétéroclites. Mais je ne compte pas le sortir d'un seul coup.
La chanson “Bghit khadma” était le premier extrait de cet album. Il y aura d'autres singles qui suivront. Mais je ne pense pas que je sortirai l’album en une fois. Comme vous le savez, aujourd'hui les ventes d’albums sont conditionnées par le streaming et d’autres contraintes encore plus complexes liées au digital.
Votre campagne de promotion semble bien huilée
Sans fausse modestie, je ne cacherais pas que j’ai acquis au cours de ma carrière un certain savoir-faire en termes de campagnes de communication et de promotion, héritage d’une expérience de 20 ans dans ce domaine. Mais je dois aussi préciser que cette efficacité est grandement due à une équipe fidèle et compétente avec qui je travaille depuis le début de mon aventure artistique.
Comment la pandémie a-t-elle impacté votre processus de création ?
Le secteur culturel et artistique a été particulièrement touché par la pandémie. D’autant que le secteur n’est pas assez structuré pour encaisser un tel imprévu. La tutelle responsable du secteur n'a pas trouvé de plan de sauvetage pour aider l'art et les artistes. Et c'est toujours le cas.
A travers “Bghit khadma”, vous paraissez particulièrement sensible aux conséquences de la pandémie, et notamment à l’un de ses effets les plus néfastes, l’inactivité et le chômage
En effet, j’y suis sensible vu que c'est une problématique qui touche également les artistes. C'est une réalité dans notre cher pays et je me suis dit qu’en tant qu’artiste, c'était le bon moment d’en parler afin de tirer la sonnette d’alarme.
Est-ce que les artistes ont le devoir de militer pour des causes sociales ?
Je pense que l'artiste se doit de militer pour les bonnes causes, sociales ou autres, afin de faire passer des messages de sensibilisation à travers son art.
Quel est votre avis sur la polémique concernant les aides et subventions accordées à certains artistes il y a quelques mois ?
Chaque artiste a le droit d'avoir cette subvention vu que le secteur artistique au Maroc est peu structuré. Il n’y a pas de vraies maisons de disques. Du coup les artistes sont obligés de s’autoproduire. Dès lors, chaque artiste a droit aux aides du ministère de la Culture pour le développement de son art et de sa carrière. Cela est une mission régalienne de l’Etat, prévue par notre Constitution, qui nous impose de préserver notre identité et notre spécificité face aux cultures dominantes qu’il devient de plus en plus difficile de concurrencer dans un monde convergent et globalisé. C’est pourquoi, il faut absolument veiller à l'égalité des chances, à la gouvernance/transparence des instances décisionnelles et à l’efficience des mécanismes de soutien nationaux, comme le prévoit la convention de l'UNESCO de 2005 sur la diversité culturelle. Un énorme travail reste à faire dans ce domaine et j’y participe modestement à travers mon action syndicale, notamment en matière de propriété littéraire et artistique.
Enfin, je souhaitais aussi rappeler que le budget alloué à la culture reste très faible, même par rapport à la région MENA. Il faut donc que le gouvernement veille à augmenter ce budget pour qu’un large nombre d'artistes marocains puissent en bénéficier.
Comment s’est passée votre adaptation à l’ère du web et du tout numérique?
Pour le moment j’en suis satisfait. J’ai réussi à m’adapter et à m’y faire une place de choix en tant qu’artiste. L'essentiel est de présenter un bon contenu artistique avec une vision claire et une stratégie pertinente. Sans oublier de véhiculer des messages destinés aux générations futures.
Etes-vous satisfait du rôle et de l’impact des plateformes de streaming sur l’univers artistique ?
De nos jours, le streaming est devenu un élément essentiel pour la diffusion des chansons surtout qu’à présent, le marché du disque a totalement disparu. Le streaming offre donc à l'artiste une chance de diffuser son art à un grand nombre de personnes et de manière légale.
Pensez-vous qu’il est aujourd’hui plus difficile de faire carrière dans la musique qu’au temps des magnétoscopes ?
Faire carrière dans l'art et la culture, que ce soit en qualité de musicien, acteur ou autre est toujours difficile, quelle que soit l’époque. Ça dépend d’abord du talent et ensuite des moyens. Les métiers de l’art sont des professions qui demandent beaucoup de courage et de patience. Il faut aussi avoir le sens du sacrifice et une inébranlable confiance en soi. Avoir foi en ses capacités est d'ailleurs la chose la plus importante pour toute personne qui souhaite réussir dans la vie.
Si vous aviez le choix, vous préféreriez que votre chanson soit écoutée cent fois par la même personne ou une seule fois par cent ?
100 fois par une seule personne, cela voudrait dire que la personne qui écoute est un(e) vrai(e) fan. Et comme de nos jours, avoir de vrais fans qui suivent ta musique n’est pas très commun, je préfère être écouté 100 fois par la même personne, tout en espérant bien sûr que cette dernière en parlera à 100 autres personnes…
Propos recueillis par Chady Chaabi