-
Essaouira à l'heure de la 2ème édition de la compétition internationale de “course pour bébés
-
Tanger Med : Saisie de plus de 188.000 comprimés psychotropes à bord d'un camion de transport international
-
La prévention du diabète requiert une mobilisation collective
-
L'Association Chouâla organise le «Forum des générations»
-
CDC-Afrique recommande le premier test PCR en temps réel pour la Mpox fabriqué localement au Maroc
La stigmatisation, encore
et toujours
«Entre la moitié et les deux tiers des personnes souffrant de maladies mentales voient leur état s’améliorer ou guérissent. Ainsi, elles peuvent avoir une vie satisfaisante à long terme. Ce qui veut dire que la maladie mentale n’est pas incurable contrairement aux idées reçues et répandues dans la société». En quelques mots, le docteur Rouhli résume parfaitement la complexité de la situation. Elle met en lumière, d’un côté, la prépondérance du rétablissement dans la quête d’une guérison et, de l’autre, la difficulté d’appliquer ce processus par les personnes atteintes de maladie mentale, dont la cause se niche dans la stigmatisation. Et pour cause, le rétablissement, concept anglo-saxon désigne un cheminement personnel à même de permettre une réappropriation de sa vie et une réinsertion dans la société. Ce modèle suppose donc une certaine bienveillance de la part de l’environnement des malades mentaux, pour que ces derniers se sentent mieux dans leur peau. Or, ce n’est pas toujours le cas. «Une personne atteinte de maladie mentale se voit obligée de peser et soupeser les bénéfices et les risques de dévoiler sa maladie au grand jour. Il y a beaucoup de gens qui ont le courage et la capacité de le faire, mais le courage ne suffit pas, il faut aussi évaluer le contexte. Si on est médecin atteint de schizophrénie, il n’est pas sûr que l’on ait envie de le crier haut et fort», souligne le docteur Imane Rouhli. Et ce n’est pas tout.
L’auto stigmatisation est elle aussi un frein au rétablissement. «A force d’être stigmatisée, la personne malade finit par s’auto-stigmatiser. Elle s’auto-exclut de son environnement. Elle se met des limites, en se disant «Je ne peux pas» «Je ne vais pas y arriver» et, du coup, elle se prive d’une vie normale», explique notre interlocutrice tout en rappelant que les professionnels dans le domaine sont mobilisés à grande échelle pour changer le regard de la société vis-à-vis des malades mentaux et leur donner une chance de s’exprimer, comme en témoigne la journée de vendredi prochain à laquelle est convié le grand public.
Le suivi médical ne garantit pas
à 100% le rétablissement
Outre le fait que le cheminement du rétablissement n’est pas linéaire et la notion du temps, du rythme appartient à chaque malade, la progression peut connaître des hauts et des bas, des moments de flottement. Une chose est sûre, plus l’engagement est précoce, meilleures seront les chances de réussite. Mais le rétablissement ne se fait pas en un claquement de doigts, cinq étapes sont à prévoir (moratoire, conscience, préparation, reconstruction, croissance). Logiquement, la première étape, à savoir la phase moratoire, est capitale dans la réussite du processus de rétablissement. «Il faut un accompagnement, un soutien et une psychothérapie adéquate qui résultera sur un fonctionnement normal et une qualité de vie satisfaisante. Même si dans certains cas, le suivi d’un patient s’avère ardu, car la maladie mentale peut se déclarer une fois dans la vie ou à l’inverse, sur plusieurs épisodes», abonde le Dr Rouhli. Et de nuancer : «Cela ne veut pas dire que le suivi médical ne garantit pas à 100% le rétablissement du patient ou la rémission de sa maladie. Mais il permet d’en réduire au maximum les conséquences négatives ou bien sa réapparition et des rechutes».
En somme et à la lumière de ses éléments, il paraît inconcevable pour tout un chacun de ne pas accorder une plus ample attention aux vertus du rétablissement sur les personnes atteintes de maladie mentale. D’autant plus que chacun de nous a le pouvoir de faciliter ou pas ce processus qui mène vers la guérison.
Créée en 1979, à l’initiative du Pr Moussaoui Driss, la Ligue pour la santé mentale, présidée par Pr Agoub Mohamed, chef du service de psychiatrie au Centre hospitalier universitaire Ibn Rochd, ne lésine pas sur les moyens afin de diffuser son message à grande échelle en espérant trouver un écho favorable auprès d’une société marocaine dont les connaissances dans le domaine de la santé mentale sont pour le moins limitées, alors qu’en réalité, la maladie mentale ne touche pas uniquement autrui.