A première vue la question peut paraître saugrenue. Détrompez-vous, la corrélation est bel et bien réelle. Posséder un moyen de transport reste un luxe pour beaucoup de clubs nationaux. Si l’on excepte ceux dits riches, installés généralement dans les grandes agglomérations, le transport clandestin (khattafa) reste le moyen principal pour le déplacement de la majorité des clubs toutes disciplines confondues. Dans les divisions amateurs, honneur et les championnats des ligues de football et même dans ce qu’on appelle le foot d’élite, le plus souvent les équipes sont acculées à emprunter cette voie illégale et dangereuse pour se déplacer profitant de l’indulgence de la police et de la gendarmerie. Les sportifs ont toujours eu un traitement spécial sur les routes du Royaume. Et c’est tant mieux. Sauf que le danger est bien réel. Pour preuve, l’événement qu’a connu l’équipe du Tadla victime d’un grave accident de circulation en se rendant à Meknès. Les joueurs faisaient le déplacement en voitures particulières. Quatre joueurs ont été grièvement blessés ainsi que le chauffeur du véhicule. Des scènes qui se répètent dans des catégories inférieures mais ne sont pas médiatisées. L’accident en question tire encore une fois la sonnette d’alarme sur ce phénomène. Chaque week- end, à travers tout le pays, circule une armée de sportifs dans des fourgonnettes de fortune sans autorisation ni assurance. On possède généralement une assurance de cinq personnes alors qu’on transporte une vingtaine. Pour la plupart des dirigeants de ces clubs démunis, le transport clandestin reste la seule solution pour se maintenir dans la compétition: « Le transport illégal est notre salut. Nous sommes conscients des risques et des conséquences fâcheuses que cela peut entraîner, mais la solution se trouve ailleurs. Parfois on ne peut même pas se permettre ce danger », estime un dirigeant d’un club de foot dans la région de Méknes-Tafilalet. Mais ce qui est encore déplorable, c’est que le championnat des catégories des jeunes ainsi que les compétitions féminines subissent le même sort. Dans des conditions lamentables, enfants et jeunes filles s’entassent dans un semblant de moyen de transport pour aller affronter risques et dangers. Il en est de même, pour ce Maroc profond et lointain pour les décideurs, celui d’où sont venus les Aouita, Guerrouj, Gharib…, pour le public qui se déplace parfois même dans des pick-up et des camions.
La situation est la même pour les autres disciplines particulièrement l’athlétisme. A l’occasion de toutes les réunions organisées par la fédération, on constate que la plupart des clubs arrivent sur place dans des moyens de transport illégaux et inconfortables. Les divisions inférieures de basket, de hand- ball…n’échappent pas à la règle. Le sport scolaire souffre également de ce mal inquiétant. Pour perpétuer le mouvement sportif, on a vu souvent, lors des compétitions scolaires au niveau des délégations et des académies, des sportifs se déplacer à bord de moyens de transport illégaux.
La situation mérite réaction aux niveaux local, régional et national. Les collectivités locales ont un rôle à jouer dans ce sens. Il y va de l’avenir du sport et de la vie des personnes. Il faut mieux prévenir que de guérir. Mais chez nous, nous avons pris l’habitude de réagir au lendemain des catastrophes. Au moment où le sport de base vit dans une situation de net recul, on se plait à parler d’un sport de haut niveau et de mise à niveau. Il existe un véritable déphasage entre les gestionnaires du sport national et la réalité.