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L’incident éclate 55mn après le début de la séance constitutionnelle consacrée à la dette publique et au dialogue social. Interpellé sur la question de la dette publique et les menaces sur la souveraineté du Maroc exposé aux diktats des institutions financières internationales, le chef du gouvernement quitte son texte et ses feuilles pour attaquer l’opposition. Très vite, il dérape. «Vous êtes des voyous et des idiots», lance-t-il le doigt accusateur en direction des travées de l’opposition. Les députés de l’USFP, de l’Istiqlal, du PAM et de l’UC bondissent. Ils protestent avec véhémence. Ils demandent au chef de l’Exécutif de retirer ces invectives. «Je ne retirerai rien. Où étiez-vous quand j’ai été traité de daesch, Nosra et Mossad?», lance-t-il du haut de la tribune parlementaire, loin, très loin de la posture d’homme d’Etat. Sur les bancs réservés aux ministres, la gêne est visible, le malaise palpable. De loin, certains tentent d’appeler au calme le chef de la majorité en lui faisant des signes. Rien n’y fait. «On le connaît nous. Quand il part, c’est fini, on ne peut plus le faire revenir à la raison», témoigne un ministre en vue.
Dans les rangs de l’opposition, l’indignation atteint des sommets. Dans l’Hémicycle, c’est le brouhaha. Entre cris et sifflets, la séance n’est pas seulement houleuse. Elle est scandaleuse. Le chef du gouvernement hurle, menace, ricane. Il est toujours à la tribune. «Tu es le plus grand des daesh!», dit-il à un député istiqlalien. «Vous ne me faites pas peur. Le chef du gouvernement est immunisé par la Constitution », fait-il valoir. Fait-il allusion au mémorandum que l’opposition a adressé au chef de l’Etat pour dénoncer les dérapages de Benkirane ?
Comme un boxeur, sur le ring
En ferventes ouailles, les députés du PJD se lèvent et applaudissent à tout rompre. Abdelilah Benkirane lève ses deux bras en signe de victoire, comme un boxeur sur son ring à la fin d’un round.
Il est 15 heures lorsque le président de la Chambre des représentants décide de lever la séance. Une séance qui ne reprendra pas malgré la demande expresse des présidents de groupes parlementaires de l’opposition. «Les conditions de sérénité n’étaient pas réunies», explique-t-on du côté de la présidence. «C’est en tout cas bien la première fois qu’une séance constitutionnelle est reportée sine die», rétorque cette parlementaire du PAM.
Colère de l’opposition, malaise dans la majorité. Une réunion de la majorité est d’ailleurs attendue dans les prochaines heures. «Elle était prévue depuis un moment. Mais ce qui s’est passé mardi au Parlement a précipité les choses», affirme ce partenaire de la coalition gouvernementale. Une rencontre au sommet des leaders du PJD, du PPS, du MP et du RNI pour faire le point «sur ce qui ne va pas». Selon nos informations, la panne du dialogue social, les retards enregistrés dans certaines réformes (en particulier l’amazighité) sont au menu. Les colères et les dérapages incontrôlés du chef du gouvernement seront à coup sûr inscrits à l’ordre du jour.
Un mémorandum au Roi pour
dénoncer les dérapages de Benkirane
Le 26 mars dernier, les quatre leaders de l’opposition ont déposé au Cabinet Royal un mémorandum adressé au Roi. Les dérapages du chef du gouvernement et ses colères incontrôlées sont au cœur de la missive. Entre insultes et diffamation, la coupe est pleine, font valoir ceux de l’opposition
Dans le document, les partis de l’opposition parlementaires reprochent au chef du gouvernement résolument en pré- campagne électorale l’utilisation du sacré et des symboles de la nation –notamment le Roi-. Des scrutins ont été annulés à cause de l’utilisation de symboles de la nation. Dans ce mémorandum, un seul exemple de dérapage est rapporté, alors qu’ils se comptent par dizaines. M. Benkirane n’a de cesse d’impliquer le chef de l’Etat dans toutes ses sorties.
Face à tous ces débordements, MM. Lachguar, Bakoury, Chabat, et Labied ont fini par solliciter un arbitrage Royal. Le chef de l’Etat a été saisi parce qu’il est le garant du choix démocratique du pays, ont alors expliqué les patrons de l’USFP, de l’Istiqlal, du PAM et de l’UC. La Constitution adoptée en 2011 le stipule clairement. « Ce que fait, ce que dit, ce qu’entreprend le chef du gouvernement menace le choix démocratique de ce pays », a fait valoir le Premier secrétaire du parti de la Rose au cours d’une conférence de presse donnée pour l’occasion. En l’absence de la haute Cour de justice, il est aujourd’hui impossible de présenter un recours devant les juges contre le chef du gouvernement ou l’un de ses ministres. Deux partis de l’opposition s’y sont essayés. L’affaire a été classée, sans suite.
24 heures après le dépôt du mémorandum, les leaders de l’opposition sont contactés pour être reçus par MM Menouni et Ali Himma, les deux conseillers du Roi, généralement en charge des dossiers politiques et constitutionnels. La rencontre dure près de deux heures. Les conseillers ont fait parvenir aux leaders de l’opposition la réaction du Souverain qui a lu le mémorandum.