Sondage interdit, maladie du Roi : Les professionnels réclament des états généraux de la presse


Narjis Rerhaye
Vendredi 4 Septembre 2009

Sondage interdit, maladie du Roi : Les professionnels réclament des états généraux de la presse
L’affaire de « Al Jarida Al Oula » est venue rompre avec la torpeur d’un Ramadan particulièrement caniculaire, cette année. Après le sondage interdit de cet été, voici que le quotidien que dirige Ali Anouzla est, à son tour, dans l’œil du cyclone. Le parquet a ordonné à la police judiciaire de « diligenter une enquête minutieuse avec le directeur de publication, suite à la publication, le 27 août, d’un article intitulé « La maladie du Roi reporte les causeries religieuses et son déplacement à Casablanca », ainsi qu’avec toute personne impliquée dans cette affaire ».
On s’en souvient, « Al Jarida Al Oula » avait publié un article révélant, sur la base de sources médicales anonymes, que la maladie du Souverain serait en fait due à un traitement de corticoïdes. Une version qui contredit pour le moins fortement  le communiqué officiel et particulièrement précis signé du médecin particulier du Roi, Dr Maouni.
Cette affaire vient poser de nouveau la pratique journalistique et le respect de la déontologie en terre marocaine. Au lendemain de l’interdiction de Tel Quel et Nichane pour cause d’un sondage sur le chef de l’Etat, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement avait publié une tribune libre pour en appeler à un débat national sur la presse. Trop de dérapages, trop de procès, trop de malentendus sur fond d’un code de la presse presque aux oubliettes. « Mais l’Etat lui-même est-il prêt à ouvrir un tel débat avec la presse ? La question se pose d’autant plus que le blocage du code de la presse empêche toute avancée. A cela, il faut ajouter que  les choses s’étaient entre-temps durcies avec l’emprisonnement du journaliste Hormatallah», explique Younès Moujahid, le président du Syndicat national de la presse marocaine. Il n’empêche, au SNPM on se dit prêt à la participation d’un grand débat national sur la presse. « Un débat qui doit obligatoirement réunir l’ensemble des parties, pouvoirs publics, presse partisane et presse indépendante et qui se pencherait avec sérieux et profondeur sur la pratique journalistique et la déontologie dans notre pays », soutient celui qui préside aux destinées du Syndicat national de la presse marocaine.

Des recommandations qui engageraient toutes les parties

Les points de débat –et de divergences aussi- sont nombreux. Quelle forme donner au conseil de la presse, cette instance qui aurait en charge la régulation du secteur ? De quel code de déontologie faut-il se prévaloir ? Celui basé sur les fondements constitutionnels du pays ou bien une déontologie telle qu’universellement admise et que réclament les professionnels de la presse ? « De la même manière, il est temps de débattre, comme nous le proposons, de l’institution de la rédaction en chef. Au Maroc, le rédacteur en chef n’a pas de statut ni professionnel ni légal alors qu’il doit être en principe le gardien de la déontologie au sein de l’entreprise de presse. Il faut savoir que c’est le directeur de publication qui est responsable au regard de la loi. C’est d’ailleurs pourquoi le SNPM réclame une rédaction du code de la presse selon une grille professionnelle ».
Si le SNPM est prêt à l’organisation d’un débat national sur la presse qui aurait des allures d’états généraux –« à condition que nous dégagions des accords et des recommandations qui seraient immédiatement exécutés », tient à préciser Y. Moujahid- à la fédération marocaine des éditeurs de journaux, FMEJ, on admet volontiers que « les choses sont véritablement complexes ». « Bien sûr qu’il y a un fort besoin de débat. Mais dans le même temps, les divergences sont tellement profondes, les avis tellement partagés que tout tourne autour d’un code de la presse frappé de blocage », affirme Bahia Amrani, membre du bureau national de la FMEJ. Celle qui est directrice du « Reporter » est conscience des dérapages journalistiques. Mais pour elle, pas question de légiférer sur l’exception que sont ces dérapages. « La règle, c’est en fait la majorité, c’est-à-dire tous les autres journaux qui sont respectueux de la déontologie  et pour le reste, il y a le recours à la justice».
La FMEJ est prête, elle aussi, à s’impliquer dans ces états généraux de la presse. A la fédération, on ne se fait pas d’illusion : ce sera le grand déballage, la grosse lessive. « S’il faut en passer par là pour aboutir à des textes qui régulent et qui soient respectés par les deux parties, c’est-à-dire l’Etat et les professionnels de la presse, faisons-le », conclut ce membre dirigeant de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux.


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