Sévices sexuels infligés aux enfants : L’inceste en tête de liste


M’Hamed Hamrouch
Vendredi 21 Mai 2010

52 pour cent des cas de violences sexuelles sur les enfants sont commis par les proches de leurs familles, leurs voisins et contre toute attente par leurs parents. La réalité est plus que troublante. Et elle vient d’être révélée par la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Intervenant mercredi devant la Chambre des représentants, la ministre Nouzha Skalli a dévoilé que 42 pour cent des actes de pédophilie sont commis par les proches des victimes ou leurs voisins, 8 pour cent par leurs parents et 2 pour cent par leurs éducateurs. Des chiffres d’autant plus effrayants qu’ils jettent à la face de la société marocaine cette réalité bien amère : l’inceste avance au galop chez nous. Un constat que partage la présidente de l’Association « Touche pas à mon enfant », Najat Anouar, contactée hier par « Libé ». « L’inceste existe depuis la nuit des temps, il est congénère avec l’être humain même », admet Mme Anouar. Mais sa poussée galopante au Maroc devrait donner matière à réfléchir. Autre constat tout aussi préoccupant, est l’implication avérée des éducateurs dans ces actes exécrables à l’égard des enfants. Pour infime qu’il puisse paraître, le chiffre livré par la ministre Skalli, 2 pour cent, est plus que bouleversant. Il est difficile d’admettre que, en plus des parents, l’on puisse retrouver également des éducateurs au même banc des accusés. Réalité d’autant plus difficile à admettre qu’elle provient de ceux qui sont censés éduquer les enfants et de préparer les générations qui vont porter le flambeau de la société de demain. Cette réalité en dit long sur la faillite du système des valeurs sociales de chez nous, et de l’école nationale en particulier. Un gros pavé est donc lancé dans la mare dormante du ministère de l’Education nationale, appelé à se manifester sur cette question et dire quelles mesures il devrait prendre pour sévir contre ce phénomène qui se nourrit surtout du laxisme, pour ne pas dire du silence complice d’une société qui a encore grand-peine à regarder en face ses monstres destructeurs. « 94 pour cent des cas de pédophilie ont été enregistrés en 2009 parmi les 493 cas de maltraitance des enfants, soit 19 pour cent », révèle la ministre Skalli, précisant que « ce phénomène touche particulièrement les enfants en situation difficile. La ministre Skalli en veut pour exemple les travailleuses domestiques (les bonnes), les enfants au travail, les enfants abandonnés et les enfants internés dans des établissements.
Maintenant, reste à savoir quelle réponse le département de la ministre Skalli va apporter à cette question. Sur ce point précis, la ministre se veut peu prolixe. « La violence sexuelle est un phénomène complexe et difficile à traiter au regard des tabous qui l’entourent et revêt différentes formes », a-t-elle affirmé, sans toutefois préciser si son département a élaboré une stratégie nationale de lutte contre ce phénomène qui fait tache d’huile dans la société marocaine. Et surtout une grosse tache noire sur le front de ce Maroc du troisième millénaire.
S’agissant des indices et des données sur la violence, la ministre a indiqué que son département mène actuellement, en collaboration avec le Haut commissariat au plan, une enquête sur les orientations et le développement de ce phénomène à l'égard des femmes, des petites filles, avec un volet réservé aux enfants.
Le ministère lancera une enquête sur le travail des petites filles dans les maisons à Casablanca, aux côtés de l'élaboration du deuxième rapport relatif à l'application du protocole facultatif de la convention internationale des droits de l'enfant, relative à la traite et la prostitution des enfants et qui sera finalisé avant la fin 2010.
 « La mobilisation des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux, des formations politiques et de la société civile active dans le domaine de l'enfance est sollicitée pour le lancement d'un programme d'action pour la protection de l'enfance », soutient la ministre Skalli.
La société tout entière est concernée en effet par ce phénomène. 


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