Officiels et experts sont catégoriques et le constat est presque unanime : les activités génératrices de revenus et d’emploi sont un facteur économique incontournable avec une portée socioéconomique indéniable pour lutter contre la pauvreté et la précarité. C’est un leitmotiv qui revenait dans presque toutes les interventions lors de la rencontre sur les activités génératrices de revenus organisée à El Jadida par la Coordination nationale de l’Initiative nationale pour le développement Humain en collaboration avec plusieurs départements gouvernementaux. La rencontre s’inscrit dans l’esprit du Forum d’Agadir, considéré comme une plateforme d’évaluation de l’INDH. Il s’agit d’un prolongement des recommandations et des orientations établies lors du Forum d’Agadir. Pour nombre d’intervenants, les activités génératrices de revenus sont un véritable fer de lance de la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale et toutes les formes d’inégalité. Elles permettent, entre autres, à l’élément humain de s’épanouir en se prenant en charge, et d’acquérir une autonomie synonyme de dignité et de citoyenneté. «L’INDH a permis la création de 3700 projets qui ont généré 40.000 emplois et des investissements conséquents de 1,2 milliard dont 777millions de DH comme part de l’INDH, soit 8% du coût global. Par ailleurs, 2500 associations et coopératives ont vu le jour», explique Soulaiman Hajjam, coordonnateur adjoint de l’INDH. Il est clair que les porteurs de projets devront faire appel à d’autres financements pour concrétiser leurs entreprises. D’où l’importance et le succès du microcrédit, devenu une activité incontournable pour la réalisation d’une entreprise. C’est un dispositif pour assurer un développement local durable. Il n’en demeure pas moins que le microcrédit connaît des difficultés et quelques dysfonctionnements à plusieurs niveaux. «Le microcrédit ne suffit pas à lui seul pour éradiquer la pauvreté ! Mais négliger son impact serait faire preuve de mauvaise foi et surdimensionner son rôle serait mensonger», précise Nourreddine Ayouch, ex-président de la Fondation Zakoura Microcrédit qui porte désormais la nomination de Zakoura Chaâbi. Si le microcrédit reste un moyen efficace pour améliorer les conditions de vie des nécessiteux, il n’en reste pas moins vrai qu’il a ses limites, car il ne peut contribuer à l’émergence et l’épanouissement d’une classe moyenne nécessaire à l’équilibre d’une société. La microfinance est un secteur qui connaît un grand essor et une grande concurrence même s’il se heurte à des difficultés sur le plan du recouvrement, d’où la nécessité, selon certains spécialistes, d’une révision de la loi à ce sujet. Devant ces limites du microcrédit, les experts préconisent l’installation du système de financement appelé méso-crédit avec des prêts plus importants et plus individualisés et sur de longues durées afin d’élargir la classe moyenne dans notre tissu social.
La rencontre d’El Jadida a connu un franc succès dans la mesure où elle a permis la concertation entre les intéressés, à savoir les associations, les coopératives et les chefs des divisions des affaires sociales de plusieurs provinces et préfectures et avec les responsables et les experts. La rencontre a recommandé également l’évolution et l’adaptation des modalités de financement aux spécificités des différentes activités ainsi que la nécessité d’une souplesse et d’une flexibilité des procédures pour le développement des activités génératrices de revenus. Une évaluation et un suivi technique et financier ont été prônés par les participants. Pour sa part, Mme Nadira El Guermai, gouverneur coordinatrice de l’Initiative nationale pour le développement humain a tenu à préciser que l’INDH ne peut se substituer aux départements gouvernementaux et que son rôle est d’accompagner les porteurs de projets pour une meilleure réussite dans l’optique de participer à la lutte contre la pauvreté et la précarité. En marge de cette rencontre, plusieurs associations et coopératives ont exposé des produits du terroir alors que le gouverneur de la province d’El Jadida a présenté un vaste programme de développement local appelé AITA et dont il a refusé de donner une copie aux journalistes présents à cette rencontre. Ce que beaucoup n’ont pas apprécié.