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Le plus important chez Einstein reste à notre sens le fait qu’il associe la création scientifique à la création artistique. Chez lui, c’est le cas chez les grands artistes, un vrai scientifique doit se caractériser par une certaine forme de sensibilité et de religiosité.
En effet, dans son fameux ouvrage Comment je vois le monde?, il souligne l’intérêt du rapport entre la science, l’art et la religion en ces termes: «Les idéals qui ont illuminé ma route et m’ont rempli sans cesse d’un vaillant courage ont été le bien, la beauté et la vérité». Le lien se manifeste donc dans l’utilité. Si on peut être utile aux autres, on ne peut faire mieux. Au moment où il sert l’humanité entière par l’effort louable qu’il a dû fournir, l’individu donne une forme concrète au bien, à la beauté et à la vérité. Ce souci d’être au service des autres, ne serait-ce que volontairement, émane d’une sensibilité propre aux esprits créateurs, laquelle sensibilité a pour origine une forme d’aptitude se traduisant par une extrême conscience de la responsabilité envers les autres.
Or, Einstein va plus loin jusqu’à souligner le rapport étroit et nécessaire existant entre l’avènement de la science et de la religion. Il considère effectivement que la relation entre la religion et la science réside en ce que l’une et l’autre ont été créées pour une simple raison, à savoir qu’elles ont la fonction d’apaiser nos douleurs.
Bien plus, que ce soit chez le grand savant ou chez le grand créateur religieux, tous les deux ont pour point commun le partage d’un sentiment qui est le même et qui consiste à s’élever au-dessus des désirs égoïstes : «Indubitablement, ce sentiment est proche parent de celui qu’ont éprouvé les esprits créateurs religieux de tous les temps».
En revanche, Einstein refuse complètement ce qu’il désigne par la religion-terreur, celle-ci n’est pas créée comme il dit mais elle est politisée : « la religion-terreur n’est pas créée mais elle est le produit d’une caste sacerdotale qui fait de la religion-terreur un moyen efficace pour stabiliser sa domination». La religion comme la science ne sont bonnes et grandes que lorsqu’elles sont exploitées de la bonne manière, que lorsqu’elles sont porteuses de quelque chose d’utile pour l’humanité. Quelle ironie du sort ! Einstein qui prévenait des dangers de l’égoïsme en était lui-même la première victime, vu que sa théorie sur la relativité (E=M.C2) a été exploitée par les nazis allemands de l’époque dans la mesure où ils en ont fait une bombe atomique destructrice.
Ainsi donc, la science, la religion et l’art restent étroitement liés quand il y a seulement un sentiment noble et très fort qui les inspire. Ce sentiment jaillit de l’éthique, au sens où le scientifique, l’artiste et le créateur religieux restent soucieux du sort de l’Autre. Le sentiment de responsabilité, fondateur de l’éthique, est seul à être garant de la persistance de la religion, de la science et de l’art tels qu’ils sont initialement. Respectant le principe de responsabilité, les trois domaines sauront apporter le bien : «Tout ce qui est fait et imaginé par les hommes sert à la satisfaction des besoins qu’ils éprouvent ainsi qu’à l’apaisement de leurs douleurs». Politiser ce qui est créé, c’est trahir la profondeur de la création, c’est lui être infidèle!
C’est dire qu’Einstein représente l’intellectuel tel qu’il devrait être. Ce dernier doit être modeste, car c’est la modestie qui le pousse à l’invention et à la découverte. Celui qui est modeste sait par une certaine espèce de conviction que sa vie est courte, d’où son souci pour les grandes causes qui sont dans le fond des plus modestes. Il n’est pas question chez Einstein de se soucier de petites choses anodines : «Les buts banaux que poursuit l’effort humain, la possession de biens, le succès extérieur, le luxe, m’ont toujours, depuis mes jeunes années, paru méprisables». Einstein appelle d’ailleurs ce genre d’idéal un «idéal des pourceaux». Il n’en faut pas plus !
En plus de ses découvertes scientifiques bien sûr gigantesques, Einstein nous fait savoir avec Comment je vois le monde? que l’essentiel serait d’être humble. Il voit le monde depuis l’œil d’un homme humble gardant bien à l’esprit ceci qu’il est voué en dernier ressort à la finitude : «Combien singulière est notre situation, de nous autres mortels. Chacun de nous n’est sur la terre que pour une courte visite; il ignore pourquoi, mais il croit maintes fois le sentir».
Or donc, à la modestie, s’ajoutera chez lui l’autonomie individuelle. Il ne pense pas que la créativité soit affaire de groupe. C’est l’individu qui sert la collectivité de par ses exploits remarquables, et non l’inverse. Le changement vient de l’individu : «Pour moi, l’élément précieux dans les rouages de l’humanité, ce n’est pas l’Etat, c’est l’individu, créateur et sensible, la personnalité; c’est elle seule qui crée le noble et le sublime, tandis que la masse reste stupide de pensée et borée de sentiments».
Livre d’une grande actualité et d’une magnifique présence, Comment je vois le monde? est l’œuvre d’un génie doué d’un esprit fin et lucide. En plus de la relativité qu’il a découverte en science physique, ce livre théorique paraît assigner l’objectif d’enseigner à l’idée que le monde doit être abordé depuis un esprit relatif et surtout critique. Et sans aucune prétention de sa part à passer pour un donneur de leçons, Comment je vois le monde? invite le lecteur à apprendre un tant soit peu de choses sur la force !
Par Najib Allioui
En effet, dans son fameux ouvrage Comment je vois le monde?, il souligne l’intérêt du rapport entre la science, l’art et la religion en ces termes: «Les idéals qui ont illuminé ma route et m’ont rempli sans cesse d’un vaillant courage ont été le bien, la beauté et la vérité». Le lien se manifeste donc dans l’utilité. Si on peut être utile aux autres, on ne peut faire mieux. Au moment où il sert l’humanité entière par l’effort louable qu’il a dû fournir, l’individu donne une forme concrète au bien, à la beauté et à la vérité. Ce souci d’être au service des autres, ne serait-ce que volontairement, émane d’une sensibilité propre aux esprits créateurs, laquelle sensibilité a pour origine une forme d’aptitude se traduisant par une extrême conscience de la responsabilité envers les autres.
Or, Einstein va plus loin jusqu’à souligner le rapport étroit et nécessaire existant entre l’avènement de la science et de la religion. Il considère effectivement que la relation entre la religion et la science réside en ce que l’une et l’autre ont été créées pour une simple raison, à savoir qu’elles ont la fonction d’apaiser nos douleurs.
Bien plus, que ce soit chez le grand savant ou chez le grand créateur religieux, tous les deux ont pour point commun le partage d’un sentiment qui est le même et qui consiste à s’élever au-dessus des désirs égoïstes : «Indubitablement, ce sentiment est proche parent de celui qu’ont éprouvé les esprits créateurs religieux de tous les temps».
En revanche, Einstein refuse complètement ce qu’il désigne par la religion-terreur, celle-ci n’est pas créée comme il dit mais elle est politisée : « la religion-terreur n’est pas créée mais elle est le produit d’une caste sacerdotale qui fait de la religion-terreur un moyen efficace pour stabiliser sa domination». La religion comme la science ne sont bonnes et grandes que lorsqu’elles sont exploitées de la bonne manière, que lorsqu’elles sont porteuses de quelque chose d’utile pour l’humanité. Quelle ironie du sort ! Einstein qui prévenait des dangers de l’égoïsme en était lui-même la première victime, vu que sa théorie sur la relativité (E=M.C2) a été exploitée par les nazis allemands de l’époque dans la mesure où ils en ont fait une bombe atomique destructrice.
Ainsi donc, la science, la religion et l’art restent étroitement liés quand il y a seulement un sentiment noble et très fort qui les inspire. Ce sentiment jaillit de l’éthique, au sens où le scientifique, l’artiste et le créateur religieux restent soucieux du sort de l’Autre. Le sentiment de responsabilité, fondateur de l’éthique, est seul à être garant de la persistance de la religion, de la science et de l’art tels qu’ils sont initialement. Respectant le principe de responsabilité, les trois domaines sauront apporter le bien : «Tout ce qui est fait et imaginé par les hommes sert à la satisfaction des besoins qu’ils éprouvent ainsi qu’à l’apaisement de leurs douleurs». Politiser ce qui est créé, c’est trahir la profondeur de la création, c’est lui être infidèle!
C’est dire qu’Einstein représente l’intellectuel tel qu’il devrait être. Ce dernier doit être modeste, car c’est la modestie qui le pousse à l’invention et à la découverte. Celui qui est modeste sait par une certaine espèce de conviction que sa vie est courte, d’où son souci pour les grandes causes qui sont dans le fond des plus modestes. Il n’est pas question chez Einstein de se soucier de petites choses anodines : «Les buts banaux que poursuit l’effort humain, la possession de biens, le succès extérieur, le luxe, m’ont toujours, depuis mes jeunes années, paru méprisables». Einstein appelle d’ailleurs ce genre d’idéal un «idéal des pourceaux». Il n’en faut pas plus !
En plus de ses découvertes scientifiques bien sûr gigantesques, Einstein nous fait savoir avec Comment je vois le monde? que l’essentiel serait d’être humble. Il voit le monde depuis l’œil d’un homme humble gardant bien à l’esprit ceci qu’il est voué en dernier ressort à la finitude : «Combien singulière est notre situation, de nous autres mortels. Chacun de nous n’est sur la terre que pour une courte visite; il ignore pourquoi, mais il croit maintes fois le sentir».
Or donc, à la modestie, s’ajoutera chez lui l’autonomie individuelle. Il ne pense pas que la créativité soit affaire de groupe. C’est l’individu qui sert la collectivité de par ses exploits remarquables, et non l’inverse. Le changement vient de l’individu : «Pour moi, l’élément précieux dans les rouages de l’humanité, ce n’est pas l’Etat, c’est l’individu, créateur et sensible, la personnalité; c’est elle seule qui crée le noble et le sublime, tandis que la masse reste stupide de pensée et borée de sentiments».
Livre d’une grande actualité et d’une magnifique présence, Comment je vois le monde? est l’œuvre d’un génie doué d’un esprit fin et lucide. En plus de la relativité qu’il a découverte en science physique, ce livre théorique paraît assigner l’objectif d’enseigner à l’idée que le monde doit être abordé depuis un esprit relatif et surtout critique. Et sans aucune prétention de sa part à passer pour un donneur de leçons, Comment je vois le monde? invite le lecteur à apprendre un tant soit peu de choses sur la force !
Par Najib Allioui