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Samir Abdelkrim est le fondateur d’EmergingValley en 2017, un sommet international dont l’objectif est de faire émerger des innovations croisées entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe. Cet événement annuel rassemble au cœur de Marseille des investisseurs, des experts africains et mondiaux de l’innovation. Cette rencontre habituelle de nombreuses start-up marocaines s’est tenue en décembre 2021. Cependant la majorité d’entre elles était absente suite à la fermeture des frontières par le Maroc.
Libé : L'Europe et l’Afrique, quel partenariat ?
Samir Abdelkrim : Aujourd'hui, effectivement, Emerging Valley se positionne comme une plate-forme, un hub, un pont qui rapproche les écosystèmes entre l'Europe et l’Afrique. Ce que je peux dire aussi, c'est que nous avons réussi avec cet événement à fédérer les écosystèmes, à créer du commun dans le langage de l'innovation, entre l'Europe et l'Afrique de manière dépassionnée. Il y a des start-up marocaines et tunisiennes qui veulent travailler ensemble. Aujourd'hui, on va plus vite que l’institutionnel et le politique et cela a un effet d'entraînement sur les sociétés. La société civile africaine est là aujourd’hui dans cet espace à Marseille. On a réduit la capacité d’accueil à 30% à cause du Covid. Tout le monde porte le masque et ça fonctionne, parce que nous avons décidé de prendre notre destin en main, à travers l'entrepreneuriat digital. Aujourd'hui, Emerging Valley, et c’est une grande fierté pour nous, est le lieu où se discute cette innovation et c'est pour nous un symbole fort de se dire que Marseille peut être la capitale de l'innovation entre l'Europe et l'Afrique.
Vous m’avez dit lors de la dernière rencontre d’Emerging Valley à Aix-en Provence que son but était de changer la nature des rapports entre l’Afrique et l'Europe. Y parvenez-vous ?
On y arrive, figurez-vous ! C’est la raison pour laquelle Emerging Valley a été labellisée et a reçu le haut patronage du chef de l'Etat Emmanuel Macron. Notre événement se produit à quelques jours du sommet Afrique-Europe. Il va faire des propositions d'action qu'on va restituer en février et c'est la raison pour laquelle Emerging, malgré la crise sanitaire et les problèmes des frontières, a maintenu son activité. Tout le monde est là et croyez-moi, c'est bien le moment de l'année où c'était difficile techniquement, logistiquement de réunir du monde. Même si le Maroc a fermé ses frontières, des start-up marocaines ont répondu présent. Donc aujourd'hui Emerging Valley fédère et c'est une grande fierté pour Marseille qui attire sur son territoire ces start-ups.
Vous aimez déclarer que la rencontre est dépolitisée. Mais la politique impacte votre rencontre et les crises géopolitiques de la région aussi ?
Evidemment, la politique est présente. Nous avons dans notre panel des ministres, le ministre du Tchad de l'Innovation, la ministre de Mauritanie de l'Entrepreneuriat, le ministre délégué général à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes Papa Amadou Sarr.
Ils sont là et sont les bienvenus. Ce qu'on leur dit c'est : «Vous ne venez pas pour monopoliser le panel et prendre des photos». On leur dit aussi : « Venez écouter et on vous met dans les panels avec la start-up ». Cette alchimie fonctionne. Il y a certes de la concurrence entre les pays, mais à Emerging Valley, on se retrouve dans la bienveillance.
Je vis à Marseille et je revendique cette amitié entre Marseille et le continent africain. On n'est pas dans du positionnement géostratégique. On est dans une autre démarche.
Quel est le message que vous allez porter au prochain sommet Afrique-Europe ?
Le partenariat, l’écoute, la co-intelligence. Il faut inventer ensemble. Les politiques et les blocages sont là. Il faut respecter aussi la situation géopolitique. Mais les populations ont envie de bouger, de circuler. Plutôt que d'attendre que l'Etat fasse tout, est-ce qu'on ne peut pas prendre l'initiative et créer un mouvement ? Je pense que le mouvement des entrepreneurs africains et de la diaspora en France et en Europe peut forcer les gouvernements à trouver une solution. Je pense que l'innovation et l’entrepreneuriat permettent d'accélérer les agendas et de trouver des solutions concrètes à la jeunesse, malgré les décisions politiques.
Mais les décisions politiques, comme la réduction des visas par la France pour les Maghrébins, ne vous aident pas à développer l’échange et le partenariat entre les deux rives ?
C’est compliqué pour nous, parce qu’on a besoin de circuler, et puis pourquoi réduire les visas d'entrepreneurs ? Ils viennent investir et entreprendre. Ils créent de la valeur, veulent s'installer, déposer des statuts d’entreprise, créer des antennes.
Pour nous à Emerging Valley, l'entrepreneuriat est sans frontières et on ne peut pas bloquer un entrepreneur pour une histoire de tampon sur un passeport, ce n’est pas possible. L'entrepreneur fait partie de la solution, crée de la richesse. On ne peut pas conditionner l’expansion de l’entreprise à cela.
Soyons sérieux, je dis aux politiques qu’on est tous dans la même barque. Ne pénalisons pas l’entrepreneuriat sous prétexte de régler des problématiques souveraines, que je respecte, mais qui ne sont pas de notre ressort en tant qu’entrepreneurs. L’entrepreneur ne doit pas être «l’otage» de cette politique de visa. Il faut laisser l’investissement et l’entrepreneuriat s’accomplir, les encourager et ne pas les restreindre.
Libé : L'Europe et l’Afrique, quel partenariat ?
Samir Abdelkrim : Aujourd'hui, effectivement, Emerging Valley se positionne comme une plate-forme, un hub, un pont qui rapproche les écosystèmes entre l'Europe et l’Afrique. Ce que je peux dire aussi, c'est que nous avons réussi avec cet événement à fédérer les écosystèmes, à créer du commun dans le langage de l'innovation, entre l'Europe et l'Afrique de manière dépassionnée. Il y a des start-up marocaines et tunisiennes qui veulent travailler ensemble. Aujourd'hui, on va plus vite que l’institutionnel et le politique et cela a un effet d'entraînement sur les sociétés. La société civile africaine est là aujourd’hui dans cet espace à Marseille. On a réduit la capacité d’accueil à 30% à cause du Covid. Tout le monde porte le masque et ça fonctionne, parce que nous avons décidé de prendre notre destin en main, à travers l'entrepreneuriat digital. Aujourd'hui, Emerging Valley, et c’est une grande fierté pour nous, est le lieu où se discute cette innovation et c'est pour nous un symbole fort de se dire que Marseille peut être la capitale de l'innovation entre l'Europe et l'Afrique.
Vous m’avez dit lors de la dernière rencontre d’Emerging Valley à Aix-en Provence que son but était de changer la nature des rapports entre l’Afrique et l'Europe. Y parvenez-vous ?
On y arrive, figurez-vous ! C’est la raison pour laquelle Emerging Valley a été labellisée et a reçu le haut patronage du chef de l'Etat Emmanuel Macron. Notre événement se produit à quelques jours du sommet Afrique-Europe. Il va faire des propositions d'action qu'on va restituer en février et c'est la raison pour laquelle Emerging, malgré la crise sanitaire et les problèmes des frontières, a maintenu son activité. Tout le monde est là et croyez-moi, c'est bien le moment de l'année où c'était difficile techniquement, logistiquement de réunir du monde. Même si le Maroc a fermé ses frontières, des start-up marocaines ont répondu présent. Donc aujourd'hui Emerging Valley fédère et c'est une grande fierté pour Marseille qui attire sur son territoire ces start-ups.
Vous aimez déclarer que la rencontre est dépolitisée. Mais la politique impacte votre rencontre et les crises géopolitiques de la région aussi ?
Evidemment, la politique est présente. Nous avons dans notre panel des ministres, le ministre du Tchad de l'Innovation, la ministre de Mauritanie de l'Entrepreneuriat, le ministre délégué général à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes Papa Amadou Sarr.
Ils sont là et sont les bienvenus. Ce qu'on leur dit c'est : «Vous ne venez pas pour monopoliser le panel et prendre des photos». On leur dit aussi : « Venez écouter et on vous met dans les panels avec la start-up ». Cette alchimie fonctionne. Il y a certes de la concurrence entre les pays, mais à Emerging Valley, on se retrouve dans la bienveillance.
Je vis à Marseille et je revendique cette amitié entre Marseille et le continent africain. On n'est pas dans du positionnement géostratégique. On est dans une autre démarche.
Quel est le message que vous allez porter au prochain sommet Afrique-Europe ?
Le partenariat, l’écoute, la co-intelligence. Il faut inventer ensemble. Les politiques et les blocages sont là. Il faut respecter aussi la situation géopolitique. Mais les populations ont envie de bouger, de circuler. Plutôt que d'attendre que l'Etat fasse tout, est-ce qu'on ne peut pas prendre l'initiative et créer un mouvement ? Je pense que le mouvement des entrepreneurs africains et de la diaspora en France et en Europe peut forcer les gouvernements à trouver une solution. Je pense que l'innovation et l’entrepreneuriat permettent d'accélérer les agendas et de trouver des solutions concrètes à la jeunesse, malgré les décisions politiques.
Mais les décisions politiques, comme la réduction des visas par la France pour les Maghrébins, ne vous aident pas à développer l’échange et le partenariat entre les deux rives ?
C’est compliqué pour nous, parce qu’on a besoin de circuler, et puis pourquoi réduire les visas d'entrepreneurs ? Ils viennent investir et entreprendre. Ils créent de la valeur, veulent s'installer, déposer des statuts d’entreprise, créer des antennes.
Pour nous à Emerging Valley, l'entrepreneuriat est sans frontières et on ne peut pas bloquer un entrepreneur pour une histoire de tampon sur un passeport, ce n’est pas possible. L'entrepreneur fait partie de la solution, crée de la richesse. On ne peut pas conditionner l’expansion de l’entreprise à cela.
Soyons sérieux, je dis aux politiques qu’on est tous dans la même barque. Ne pénalisons pas l’entrepreneuriat sous prétexte de régler des problématiques souveraines, que je respecte, mais qui ne sont pas de notre ressort en tant qu’entrepreneurs. L’entrepreneur ne doit pas être «l’otage» de cette politique de visa. Il faut laisser l’investissement et l’entrepreneuriat s’accomplir, les encourager et ne pas les restreindre.