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« Nous demandons que Luc Ferry révèle à la justice marocaine toutes les informations dont il dispose sur cette affaire. La France et le Maroc doivent absolument coopérer pour la manifestation de la vérité. M. Ferry a-t-il relayé une rumeur ? A-t-il, au contraire, livré un fait avéré ? Seule la justice pourra se prononcer et faire toute la lumière sur cette affaire. Aujourd’hui, l’opinion publique marocaine réclame la vérité, toute la vérité », a déclaré Me Yassine Kari à « Libération ».
Alors que l’avocat de « Touche pas à mes enfants » était en train de déposer une plaine devant la Cour d’appel de Marrakech, Luc Ferry était au même moment entendu par la brigade des mineurs de la police judiciaire de Paris comme témoin. Au cours de cette audition, l’ex-ministre philosophe devait être interrogé sur ses allégations. Le parquet de Paris avait annoncé dès le mercredi 1er juin, soit 48 heures après la sortie médiatique du célèbre philosophe, l’ouverture d’une enquête préliminaire.
Lundi 30 mai, le philosophe français avait lâché une bombe sur le plateau du Grand Journal de Canal +. Devant un Ali Baddou interloqué, il affirmait de manière presque anodine et avec une rare désinvolture qu’«un ancien ministre s’était fait poisser à Marrakech dans une partouze de petits garçons ». Rumeur parisienne ou acte de pédophilie avéré ? L’ancien responsable gouvernemental ne s’embarrasse d’aucun souci d’éthique. D’un plateau de télévision à l’autre, il enfonce le clou tout en déclarant qu’il ne dispose d’«aucune preuve dans cette affaire » et qu’il n’a jamais été témoin de quoi que ce soit. Il tient cette information, assure-t-il, des plus hautes autorités de l’Etat français.Si la classe politique française s’est amplement scandalisée de ces accusations graves portées, sans preuve, contre un ancien ministre –probablement appartenant au gouvernement Raffarin- personne, ou presque, ne s’est ému de la désinvolture de M. Ferry quand il parle très naturellement de « partouze avec des petits garçons à Marrakech ».
La désinvolture de M. Ferry devant des crimes contre l’enfance
Au Maroc, la pédophilie est considérée comme un crime grave. C’est la raison pour laquelle de telles affaires sont examinées par des juridictions supérieures, la Cour d’appel. Il y a quelques semaines à peine, la justice marocaine a condamné un ressortissant espagnol qui abusait de jeunes enfants à une peine exemplaire, 30 ans de prison.
M. Ferry affirme que les faits auxquels il fait allusion seraient « bien antérieurs aux années 2000 », histoire de mieux noyer le poisson dans l’océan de la prescription. Pas si sûr, rétorque l’avocat Yassine Kari. « Pour nous, les faits remontent au 30 mai 2011, date à laquelle M. Ferry a révélé ces actes de pédophilie qu’auraient commis un ancien ministre français », fait valoir l’avocat de « Touche pas à mes enfants », écartant toute prescription.
La plainte de l’association marocaine déposée devant le tribunal de la ville où ce crime contre l’enfance aurait été commis, Me Yassine Kari va rester en contact avec le parquet général. « Le parquet va en principe nous tenir informé de l’évolution de la procédure ».
Samedi 4 juin à Lille, deux associations « Les amis de l’Association marocaine des droits humains » et « Mémoire vie, agir pour la citoyenneté au Maroc » qui comptent elles aussi déposer une plainte contre X en France ont lancé un appel pour dire « non à l’impunité des actes de pédophilie dont sont victimes plusieurs mineurs au Maroc », appeler à ce que soit levé le voile « sur ces pratiques qui touchent l’intégrité physique de mineurs en profitant de la pauvreté de leurs familles » et « exiger toute la lumière sur cette affaire » soulevée par Luc Ferry. En ces temps de réforme, le pavé dans la mare parisienne de l’ex-ministre de Sarkozy peut avoir valeur de test pour le degré d’indépendance de la justice marocaine.